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Structuration des comités de résidents : le cas du Comité de résidents de la Basse-Ville Est d’Ottawa[Record]

  • Xavier Pierre

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  • Xavier Pierre
    Membre du Comité de résidents de la Basse-Ville Est de 2009 à 2011
    Docteur en gestion, Socio-économiste

Les comités de résidents sont perçus comme des outils de démocratie participative et de mise en oeuvre de politiques publiques. Réunissant des citoyens et faisant le lien avec les partenaires institutionnels, ils permettent de prendre des décisions au plus près des intérêts de la communauté et d’impliquer les résidents dans leur mise en oeuvre. Cependant, dans les faits, ces comités s’inscrivent parfois davantage dans une dynamique descendante — des résidents soumis à la volonté des partenaires institutionnels — et souffrent souvent d’un manque de passage à l’action. Pour ces raisons, les résidents ne restent pas longtemps au sein des comités. Ils viennent voir et, souvent déçus, ils s’en vont. Conséquemment au fort roulement des participants, les comités en viennent parfois à être dissolus. En m’appuyant sur mon expérience au sein du Comité de résidents de la Basse-Ville Est d’Ottawa, je cherche dans cet article à montrer comment il est possible de structurer les échanges, de développer la coordination et d’intégrer des plans d’action, tout cela dans le but d’améliorer l’efficacité et la durabilité des comités de résidents. Le texte se divise en trois parties. D’abord y sont présentés des éléments de contexte sur le quartier est de la Basse-Ville, la création de son Comité de résidents et le rôle que j’y ai joué personnellement. Puis, y sont évoqués le cadre institutionnel dans lequel a émergé le Comité et les problèmes qu’il a rencontrés au départ. Enfin, y est décrite la manière dont le Comité de résidents de la Basse-Ville Est s’est structuré pour gagner en efficacité. Le quartier de la Basse-Ville Est d’Ottawa reflète une diversité socioéconomique et culturelle importante. Fortement francophone jusque dans les années 1970, des expropriations massives, l’implantation de logements sociaux et la construction d’un axe routier important l’a transformé. La Basse-Ville traîne une réputation de quartier dangereux. Mais nombreux sont les résidents qui reconnaissent que des améliorations s’y sont produites et qu’il est agréable d’y vivre avec ses nombreuses commodités : des parcs et équipements sportifs, le marché By, des commerces de qualité, des restaurants, des supermarchés et un centre commercial. Cependant, sa mauvaise renommée subsiste et s’explique, notamment, par une forte concentration de pauvreté et par les problèmes qui en découlent. De plus, le quartier n’étant pas très passant, il attire peu de personnes et demeure méconnu, tout comme ses transformations positives, entre autres, le recul des incivilités et des actes de délinquance. Le Comité de résidents de la Basse-Ville Est d’Ottawa a été mis sur pied par le Centre de ressources communautaires de la Basse-Ville, notamment sous l’impulsion de la responsable et des partenaires du programme Basse-Ville, notre chez nous (BVNCN). Celui-ci a pour objectif premier de réduire l’insécurité ressentie par certains habitants. Il se concentre sur les problèmes liés à la drogue, au nombre élevé d’itinérants et sur les programmes pour les jeunes du quartier. Pour le piloter, un Comité de partenaires est animé par le Centre de ressources communautaires. Les partenaires représentés sont, entre autres, le bureau du conseiller municipal, les organismes de logements sociaux, la police d’Ottawa, le centre de loisirs, la maison communautaire, les refuges d’itinérants et Prévention du crime Ottawa. Dans le passé, les nombreuses tentatives de mettre sur pied un comité de résidents ont toutes connu une fin abrupte : le comité se limitant à des réunions où les personnes répétaient souvent les mêmes plaintes et se disputaient autour des solutions à mettre en oeuvre sans que rien n’émerge de concret. De plus, les participants étaient presque uniquement des personnes vivant dans les logements communautaires, des gens souvent à la retraite. Ils ne reflétaient pas la population …

Appendices