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Le placement dans la parenté : une perspective écologique

Raquel Beauvais-Godard
École de service social, Université Laurentienne

Ce mémoire examine les effets des multiples systèmes impliqués directement et indirectement dans la vie des jeunes pris en charge par la Société de l’aide à l’enfance de Stormont-Dundas-Glengarry et qui sont placés dans la parenté, et ce à partir de la perspective écologique. L’approche qualitative utilisée a pour but d’offrir une voix aux jeunes et à leur famille afin qu’ils puissent influencer la qualité et la direction des services de protection qu’ils reçoivent au sein du programme Kinship, soit le programme de placements dans la parenté. L’accent est mis sur les perceptions de leur expérience concernant la stabilité de leur placement dans la parenté et du sens d’appartenance qu’ils ressentent à la suite de celui-ci.

L’échantillonnage comprend neuf jeunes (âgés de 8 à 16 ans) pris en charge par la Société de l’aide à l’enfance et placés dans la parenté, ainsi que sept aidants apparentés, quatre intervenants, un superviseur du programme Kinship et deux représentants du secteur gouvernemental (offrant une perspective historique et actuelle concernant les placements dans la parenté en Ontario). Dans le but de mieux comprendre ce que vivent les jeunes placés dans la parenté, les deux premiers groupes de participants ont complété des cartes écologiques (écocartes) lors d’entrevues. Ces cartes offrent une représentation visuelle de leurs perceptions des relations entre les multiples environnements sociaux impliqués dans leur vie. Les professionnels et des représentants de la sphère politique ont aussi participé à des entrevues semi-dirigées. Les résultats de cette recherche pourraient être utiles pour informer les politiques et les pratiques dans le domaine des placements dans la parenté en Ontario, selon les souhaits exprimés et les recommandations des enfants et des aidants apparentés impliqués.

L’expérience des parents ayant vécu le décès de leur enfant dans un établissement de soins de la grande région d’Ottawa-Gatineau

Amélie Béland
École de service social, Université d’Ottawa

Le décès d’un enfant est une expérience unique et des plus traumatisantes pour le parent. Dans une perspective interactionniste, cette recherche vise à comprendre de l’intérieur l’expérience des parents endeuillés, dans toute sa complexité et en tant que processus multidimensionnel et changeant. En examinant leurs besoins, les obstacles qu’ils ont rencontrés et les changements qui s’effectuent pendant leur processus de deuil, nous interrogeons non seulement le sens que donnent les parents à cette expérience, mais aussi le sens des actions qu’ils posent. Six parents francophones de la région d’Ottawa-Gatineau ayant vécu le décès de leur enfant, recrutés auprès d’organismes pour personnes endeuillées, ont participé à des entrevues semi-dirigées. Dans ce contexte local et microsocial, certaines dimensions de leur expérience ont émergé de leurs récits. Les résultats de notre analyse mettent en lumière que le deuil comme processus est négocié avec autrui (professionnels, famille, autres membres de la société) et avec soi-même dans différents contextes sociaux (la province, le type de services hospitaliers et d’accompagnement, le milieu de travail, le réseau social, etc.) et qu’il ne peut se réduire à une succession d’étapes, ni à sa dimension psychologique. Les résultats de cette étude exploratoire nous conduisent à suggérer des pistes d’intervention afin de contribuer à remédier au manque de services et de réduire les limites de temps s’appliquant à divers programmes d’assurance-emploi et de soutien. Les services doivent être spécialisés au deuil parental et non limités dans le temps tandis que les pratiques d’accompagnement doivent chercher à faire face au deuil dans toute sa complexité.

La délinquance des jeunes Québécois d’origine haïtienne : une affaire de famille

Béatrice Benjamin
École de service social, Université d’Ottawa

À partir de sept entretiens qualitatifs semi-directifs, cette étude évoque les différentes répercussions de la délinquance de jeunes Québécois d’origine haïtienne sur leur entourage familial. À travers le témoignage de quatre parents dont l’enfant manifeste des problèmes de comportement, de deux femmes dont les neveux ont vécu l’expérience de judiciarisation et de détention et d’une jeune fille dont le frère fait partie d’un gang de rue, nous voyons comment ces familles haïtiennes ont traversé des moments bouleversants en lien avec la délinquance de leur proche, moments qui les ont affectées tant sur le plan personnel que familial et social. Nous voyons également que ces familles haïtiennes intériorisent la délinquance de leur proche de manière beaucoup plus intense, en raison des principes liés à leur culture d’origine. Qui plus est, malgré leur grande souffrance et leur détresse psychologique, ces familles vont difficilement recourir à une aide extérieure pour les aider à surmonter leurs problèmes, de peur d’être jugées. C’est donc avec le cadre conceptuel de la théorie du conflit de culture en avant-plan et de l’approche écosystémique comme trame de fond que nous analysons les discours de ces personnes, tout en explorant les rouages de la culture haïtienne.

Le centre William E. Hay : « Tout le monde tourne autour de tout le monde ». Une perspective de l’intérieur

Anabelle Brunet
École de service social, Université d’Ottawa

Le Centre William E. Hay, un centre de détention pour garçons adolescents, a un fonctionnement qui lui est propre, une culture distincte, originale et unique. Cette culture est influencée par des politiques sociales actuellement en vigueur, dont la Loi sur le système de justice pénale pour adolescents, ainsi que par un historique de tensions et de débats politiques entre une droite conservatrice et une gauche socialisante. Rétroactivement, les représentations sociales que nous avons des adolescents, de la déviance et de la société se greffent à ces tensions politiques. L’étude ethnographique du Centre William E. Hay a permis de comprendre le centre et son fonctionnement en lien avec ces tensions politiques et ces représentations sociales. La perspective de « l’intérieur », par l’entremise de l’expérience des acteurs du centre, soit les adolescents qui y résident, les intervenants et les gestionnaires, permet de mettre en lumière les diverses composantes qui articulent son fonctionnement. Ce dernier se modélise en deux axes interalliés et met au coeur du centre tout ce qui facilite la création de relations humaines. En toile de fond de l’approche, le Relational Custody, les représentations sociales des adolescents, de leur provenance et de leur milieu orientent des interventions béhavioristes en vue d’habiliter les résidents à vivre une vie normale en société. Paradoxalement, les limites que soulèvent les adolescents par rapport à leur vie dans le centre sont en lien avec sa dimension relationnelle.

Le rôle de la marchandise dans la construction identitaire des adolescents : lorsque la forme remplace le contenu

France Anik Campeau
École de service social, Université Laurentienne

De tout temps, l’homme a tenté d’améliorer ses conditions de vie. Mais depuis une centaine d’années, le développement de la quantité de marchandises atteint des sommets encore inégalés, transformant les comportements et les modalités mêmes d’appartenance au monde, et ce, à toutes les périodes de la vie.

Ce mémoire théorique, sous forme de synthèse de l’évolution ontologique sociétale et familiale, nous permet d’articuler une réflexion sur les nouveaux marqueurs identitaires à la période de l’adolescence. Cette analyse des liens entre la construction identitaire et l’accélération indéfinie de développement de biens matériels, combinée à la capacité de vivre dans l’immédiateté, normalise la consommation de marchandises comme mode d’être de l’appartenance de l’individu au monde.

À l’heure où le mot d’ordre est « instantanéité », la théorie de la société de Michel Freitag nous permet de dépasser l’apparente nouveauté que l’analyse de la consommation de marchandises par les adolescents illustre de manière exemplaire. La théorie de Freitag permet en effet la compréhension d’une situation conceptuellement nouvelle, qui s’inscrit cependant en continuité avec les pratiques capitalistes de production et de consommation de marchandises. L’exacerbation de la continuité des pratiques matérielles a débouché sur un rapport au monde qualitativement différent, qui s’appréhende par un corpus conceptuel différent.

Les impacts des comportements et des attitudes des éductraîneurs de l’organisme DesÉquilibres chez les adolescents participant au programme alter-action

Martin Chartrand
École de service social, Université d’Ottawa

Au Québec, différentes interventions ont été mises en place pour « aider » les adolescents vivant certaines difficultés d’ordre familial, scolaire ou social à cette étape de la vie. Ces interventions sont réalisées, pour la majorité, en contexte d’autorité. De plus, elles visent la réintégration du jeune, que ce soit dans le domaine scolaire ou de l’emploi. Cependant, ces interventions obtiennent des résultats mitigés.

Face à cette absence de succès des interventions « classiques », il importe de considérer des alternatives répondant aux besoins psychosociaux des jeunes. De nombreux types d’intervention de ce genre existent, mais ils sont utilisés de façon marginale. Pour notre part, nous nous sommes intéressés à l’utilisation du sport comme outil de développement psychosocial. Ce dernier se veut particulièrement intéressant sur le plan de l’acquisition d’habiletés sociales adéquates. Les études indiquent que ces dernières sont favorables à la réinsertion et à la prévention de troubles comportementaux, tout en étant un facteur de protection contre les problèmes de santé mentale.

Notre recherche a été réalisée auprès de l’organisme montréalais DesÉquilibres. Plus spécifiquement, nous avons cherché à découvrir les impacts des comportements et des attitudes des éductraîneurs (appellation donnée aux intervenants chez DesÉquilibres). Les résultats de notre recherche ont permis de dresser une série de lignes directrices s’adressant aux personnes intéressées par cette méthode d’intervention.

« Il me bat, il m’envoie chier, il me traite comme de la marde… ça me tente tu d’en avoir un autre? » Un regard féministe sur l’avortement en contexte de violence conjugale

Isabelle Côté
École de service social, Université d’Ottawa

Même si la violence conjugale est un thème bien documenté dans la littérature, très peu de recherches se sont penchées sur l’expérience de la sexualité, de la grossesse et de l’avortement dans ce contexte. Le présent mémoire aborde précisément ces enjeux, en s’appuyant sur les résultats d’une étude qualitative exploratoire. Nous avons ainsi tenté de répondre aux questions suivantes : 1. De quelle façon la santé sexuelle des femmes et l’accès à la contraception sont-ils affectés par la présence de violence conjugale? 2. Quelles sont les difficultés engendrées par la présence de violence conjugale auxquelles les femmes sont confrontées pendant la grossesse? 3. Quels sont les principaux éléments du processus décisionnel permettant aux femmes victimes de violence conjugale d’interrompre une grossesse et quelle est l’influence du conjoint dans cette décision? 4. Comment les femmes évaluent-elles l’aide reçue des services sociaux et de santé en lien avec leur expérience de grossesse et d’avortement en contexte de violence conjugale? Les résultats s’appuient sur des données recueillies auprès de 4 femmes québécoises âgées de 23 à 36 ans au moment de l’entrevue. Dans l’ensemble, les résultats indiquent que ces femmes ont toutes vécu de la violence conjugale et que le contrôle du conjoint dans ces circonstances les restreint dans leurs choix contraceptifs, ainsi que dans leurs capacités à refuser des relations sexuelles. Toutes les participantes ont donc été confrontées à une ou à plusieurs grossesses non planifiées, qui ont été poursuivies ou interrompues. Dans les situations où les grossesses se sont terminées en avortement, le processus décisionnel ainsi que le contrôle de l’agresseur laissent entrevoir pour les femmes une faible marge de manoeuvre. Inspirées de leurs propos, des pistes d’interventions pour le champ du service social sont soulevées.

Recherche sur le vécu de femmes franco-ontariennes vivant la maternité en contexte de la dépression majeure

Nancy Darisse
École de service social, Université d’Ottawa

L’objectif de ce mémoire est d’explorer les connaissances et les expériences de trois Franco-ontariennes vivant la maternité en contexte de dépression majeure. Les questions de recherche étaient les suivantes :

  1. Quelle est l’expérience de la dépression majeure chez ces trois femmes?

  2. Quels liens perçoivent-elles entre leur état de dépression et leur exercice de la maternité?

  3. À quels services font-elles appel pour obtenir de l’aide et dans quelle mesure la maternité a-t-elle été prise en compte dans ces interventions?

Le cadre théorique de notre recherche est celui d’une perspective féministe intersectionnelle. L’avantage de cette approche pour le service social est qu’elle se pratique de deux façons : comme outil d’analyse et comme approche d’intervention. Ce cadre a permis de décortiquer les enjeux en relation avec l’oppression de genre et d’autres formes d’oppression et a jeté un éclairage sur les stratégies et connaissances des participantes face à la pluralité et à la complexité de leur identité sociale et de leur expérience. L’approche méthodologique utilisée est qualitative, s’appuyant sur la méthode de l’entrevue individuelle semi-structurée. Les résultats obtenus ont permis de répondre en grande partie à nos trois questions de recherche. Le silence que dévoilent les résultats en ce qui concerne les services spécifiques à l’exercice de la maternité, tant du domaine des professionnels en santé mentale que de tout autre domaine connexe, comme le service social, est extrêmement préoccupant. Il ressort de l’expérience des participantes à notre recherche qu’une concordance entre les services et les connaissances dominantes et émergentes s’impose. En effet, aucun service ou domaine n’est en mesure de répondre à lui seul à cette pluralité, d’où cette concertation entre domaines à laquelle il faut conclure. En somme, l’exercice de la maternité demeure une responsabilité sociale incombant aux femmes, sans toutefois qu’on leur offre l’appui et les moyens nécessaires à les amener, au besoin, à briser leur isolement. La santé mentale est source d’exclusion et, dans son contexte, l’exercice de la maternité fait aussi l’objet de préjugés sociaux.

On la vit ensemble : l’importance et le rôle de la fratrie pour les enfants exposés à la violence conjugale

Julie Gratton
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire a comme objectif d’explorer l’importance et le rôle des frères et soeurs pour les enfants exposés à la violence conjugale. Les questions de recherche étaient les suivantes : 1. Dans quelle mesure l’exposition à la violence conjugale est-elle une expérience partagée au sein de la fratrie? 2. Quels sont les impacts de l’exposition à la violence conjugale sur la relation que les enfants exposés entretiennent avec leurs frères et soeurs? 3. Quelles sont les formes de soutien fournies par la fratrie des enfants exposés à la violence conjugale? 4. Comment les enfants décrivent-ils la relation avec leurs frères et soeurs à la suite de l’arrêt de la violence? Une recherche qualitative, de nature exploratoire, a été réalisée auprès de quatorze enfants franco-ontariens âgés de 8 à 18 ans.

Les participants ont relaté plusieurs incidents de violence conjugale dont ils avaient été témoins avec leurs frères et soeurs, ce qui suggère que la violence conjugale est une expérience commune et partagée dans la fratrie d’enfants exposés. Plusieurs des enfants exposés à la violence conjugale perçoivent leurs relations fraternelles comme étant très positives et étroites et une grande majorité d’entre eux ont aussi accordé beaucoup d’importance à l’idée que leurs frères et soeurs avaient joué pour eux un rôle de gardien protecteur et de soutien émotionnel durant les épisodes violents. Finalement, la plupart des participants ont exprimé l’avis que leur relation s’était améliorée énormément à la suite de l’arrêt de la violence entre leurs parents.

L’entraîneur de football : un intervenant psychosocial? Analyse du rôle de l’entraîneur de football sur le développement des habiletés prosociales des adolescents présentant des difficultés scolaires

Jean-Sorphia Guillaume
École de service social, Université d’Ottawa

Les impacts de l’activité physique demeurent mitigés sur le plan psychosocial. Dans ce contexte, nous avons voulu comprendre le rôle du coach de football américain oeuvrant dans le circuit scolaire. Plus précisément, ce travail consiste à savoir si le coach peut jouer un rôle psychosocial auprès des adolescents considérés à risque sur les plans scolaire et comportemental. Pour ce faire, nous avons effectué une recherche qualitative dans laquelle nous avons réalisé une analyse du contenu thématique de quatre entrevues effectuées auprès de joueurs de football scolaire. Nos résultats ont montré que le sport peut être positif (sur les plans physique, psychologique, social ou scolaire) pour les participants, à condition que le coach réponde à un certain nombre de caractéristiques en ce qui a trait au savoir-faire et au savoir-être.

Le vécu des proches aidantes aînées francophones minoritaires : étude exploratoire des enjeux identitaires

Tiffany Hagley
École de service social, Université d’Ottawa

Cette recherche exploratoire de nature qualitative cherche à connaître les multiples dimensions de l’expérience « intérieure » des proches aidantes aînées francophones en examinant les facteurs qui influent sur la décision d’adopter ce rôle, l’influence du regard de l’autre sur l’exercice du rôle, les enjeux identitaires qui interviennent dans l’expérience du rôle, ainsi que la façon dont ces derniers facteurs sont pris en compte en intervention sociale. Les données ont été recueillies en collaboration avec le Centre de services Guigues d’Ottawa, à l’aide d’entrevues individuelles semi-structurées avec questions ouvertes. L’échantillon était composé de six femmes francophones âgées de 60 ans et plus se disant la proche aidante principale d’un être cher éprouvant des limitations fonctionnelles ou cognitives. L’analyse de leurs propos démontre que l’adoption et le maintien du rôle affectent non seulement la vie personnelle et sociale des participantes, mais également le regard qu’elles portent sur leur relation avec l’être cher, sur leur entourage et la façon dont elles s’identifient. Les implications de ces analyses pour l’intervention sociale sont discutées à l’aide du cadre conceptuel de la théorie de l’identité du proche aidant. Les retombées souhaitées pour cette étude s’articulent autour de la nécessité d’enrichir le corpus de données disponibles sur les francophones minoritaires, d’inciter les chercheurs en service social à s’intéresser aux questions gérontologiques et d’élargir les horizons de la pratique du service social auprès des proches aidantes aînées afin d’y inclure les dimensions plus abstraites et intimes de leur expérience qui demeurent souvent inaperçues.

Des victimes oubliées : l’expérience des parents d’enfants victimes d’intimidation

Jacqueline Hertner
École de service social, Université d’Ottawa

Plusieurs études traitent de l’intimidation, mais très peu portent sur l’expérience et le point de vue des parents. Cette étude vise donc à donner la parole aux parents afin de mieux comprendre les effets que peut avoir sur eux l’intimidation. Celle-ci y est abordée comme un phénomène de groupe, puisque ce ne sont pas uniquement l’intimidateur et la victime qui prennent part à la dynamique qui lui est sous-jacente. Afin d’inclure la perspective parentale, des entrevues ont été menées auprès de cinq parents dont l’enfant a été victime d’intimidation au cours de la dernière année scolaire. Les parents ont été invités à partager l’histoire de leur enfant, leur expérience en tant que parents, ainsi que leur opinion sur l’intimidation.

Les résultats de cette étude sont présentés en cinq sections : la définition de l’intimidation; la situation de leur enfant; les effets sur l’enfant selon le parent; la situation du point de vue parental; l’opinion du parent par rapport à l’intimidation et à la situation de leur enfant. Il ressort de notre étude que les parents sont en effet touchés par ce que vit leur enfant et ressentent beaucoup de tristesse, de colère et parfois de culpabilité. De plus, leur perception de la sévérité de la situation d’intimidation, de l’efficacité de la communication avec leur enfant ainsi que l’efficacité de la communication entre eux et le personnel responsable de leur enfant sont des éléments qui peuvent avoir un impact sur les effets que l’intimidation peut avoir sur eux. Les parents de notre étude ont aussi partagé certaines suggestions qui pourraient, selon eux, améliorer les interventions en situation d’intimidation.

« C’est parce qu’il ou elle m’aime… » La violence dans les relations amoureuses chez les adolescentes et les adolescents : une analyse d’un programme de prévention

Dania Khachan
École de service social, Université d’Ottawa

La violence entre partenaires peut paraître pour plusieurs individus une affaire qui concerne les adultes. Par contre, quelques études américaines, canadiennes et européennes révèlent que la violence peut être exercée entre adolescentes et adolescents à l’intérieur de relations amoureuses. Malheureusement, cette problématique sociale demeure peu documentée dans la littérature canadienne, tout comme l’est son ampleur dans la province de l’Ontario.

De ce fait, ce mémoire a pour but d’exposer les enjeux entourant ce phénomène social afin de mieux les saisir et d’analyser le programme de prévention de la violence et de promotion des relations saines Sortir ensemble et se respecter. Notre objectif est de répondre à trois questions de recherche qui ont été formulées à partir de deux cadres d’analyse, soit l’approche féministe et l’approche écologique. Cette étude pose un regard critique sur les bases théoriques et le contenu du programme, cherchant d’abord à comprendre s’ils répondent aux critères et aux fondements théoriques de l’approche féministe, et ensuite, s’ils prennent en considération les facteurs de risques de victimisation retrouvés dans la littérature scientifique.

Notre analyse de contenu du programme Sortir ensemble et se respecter démontre que seulement trois des sept principes et théories de l’approche féministe sont pris en considération dans sa base théorique principale. Notre analyse de contenu des neuf séances du programme relève également que celui-ci tient compte de douze des quatorze facteurs de risques importants identifiés dans la littérature scientifique. Ce mémoire signale l’importance d’implanter des programmes de prévention ou de promotion à l’intérieur du cadre scolaire en tenant compte des besoins des adolescentes et des adolescents et aussi d’être critique envers le contenu de tels programmes.

En conclusion, nous discutons de l’importance des programmes dans le milieu scolaire, des implications pour le travail social et nous proposons des pistes pour l’avenir afin de faire échec à cette problématique sociale.

L’expérience des familles franco-ontariennes et les services côtoyés lors de la première psychose d’un membre de la famille immédiate

Emily Lopez
École de service social, Université d’Ottawa

Cette recherche a pour objectif principal d’explorer l’expérience des familles franco-ontariennes de la région d’Ottawa et les services côtoyés lors de la première psychose d’un membre de la famille immédiate. Il s’agit d’une recherche de type qualitatif, composée de trois entrevues semi-dirigées. Huit catégories principales sont ressorties de l’analyse des entrevues et six d’entre elles comportent des sous-catégories. Trois catégories secondaires ont aussi été identifiées. Voici les catégories principales, avec, entre parenthèses, leurs sous-catégories : l’accessibilité des services (prend du temps avant d’avoir un traitement et ne sait pas où aller chercher de l’aide); le changement de comportement (comportements inexplicables et difficultés interpersonnelles); l’implication de la famille (implication dans le traitement, soutien du réseau social et implication; le stress et l’inquiétude constante); les difficultés pour la famille (situation difficile et la maladie ruine la famille); le soutien de services variés (services hospitaliers et services divers); les préférences pour les services en français; la consultation initiale; et finalement la qualité des services (excellents ou inadéquats). L’expérience des familles variait beaucoup, car chaque psychose est différente et apporte ses défis uniques, tout en comportant des similarités. L’expérience des familles dépendait des professionnels côtoyés, si ceux-ci impliquaient ou non la famille dans le traitement, s’ils leur donnaient des informations et les informaient par rapport à la maladie.

Résilience chez les enfants : recension intégrative de la recherche et recommandations pour l’intervention

Robert Louis
École de service social, Université Laurentienne

La résilience est un concept théorique passionnant et très attrayant qui peut inciter à développer de nouvelles approches dans les interventions des travailleuses sociales et travailleurs sociaux auprès des enfants, des jeunes et des familles confiés à leurs soins. La particularité du concept réside dans le fait qu’il propose une perspective nouvelle de prise en charge des enfants dont la situation paraît désespérée, voire irrécupérable. En d’autres mots, il incite à mobiliser les capacités des jeunes et des familles par une approche positive qui met en évidence leurs aptitudes et leurs capacités. Pour cela, il est nécessaire d’acquérir une attitude professionnelle différente, mais aussi de s’enquérir des connaissances disponibles sur les facteurs qui favorisent la résilience.

À travers une recension intégrative de la littérature existante, cette recherche synthétise les connaissances accumulées par différents chercheurs afin de cerner de nouveaux développements substantifs pour le domaine du service social. Nous avons analysé des études empiriques et théoriques afin de produire une compréhension plus globale des facteurs qui favorisent la résilience chez les enfants confrontés à l’adversité, afin de déterminer ce que les recherches, dans leur ensemble, révèlent ou ne révèlent pas sur le sujet. Nous avons recensé les tendances théoriques et pratiques de 16 études portant sur la résilience, tirées des bases de données telles que Érudit, Cairn, Social Services Abstracts, Social Work Abstracts, PsycINFO. Finalement, afin de faire ressortir les caractéristiques spécifiques, nous avons traité les textes par la méthode d’analyse de contenu.

La recension intégrative de la littérature révèle que les facteurs de résilience peuvent être le résultat de spécificités reliées soit à la personne, soit à certaines caractéristiques associées à la famille aussi bien qu’aux milieux au sein desquels la personne accomplit ses rôles sociaux. En découlent des pistes d’intervention qui mettent l’accent sur l’encadrement, le soutien, l’aide et les ressources nécessaires, conditions sine qua non pour rendre possible la « merveille », même en présence du malheur.

« Apprendre à faire seule son chemin » : que devient la vie en période postrupture pour les femmes immigrantes francophones de minorités visibles, victimes de violence conjugale?

Arnise Louissaint
École de service social, Université d’Ottawa

Réalisé à partir d’un échantillon de cinq femmes immigrantes francophones de minorités visibles qui ont fui la violence conjugale, le présent mémoire se veut une étude visant à mieux comprendre les défis auxquels ces femmes font face sur les plans économique, social et familial en période postrupture. Il se base sur une analyse féministe intersectionnelle combinant l’apport du concept d’intersectionnalité à l’intervention féministe appliquée à des femmes survivantes de violence conjugale. Ce concept perçoit le phénomène de la violence conjugale non pas comme un fait divers et isolé, mais comme un véritable phénomène social dont les interventions visant à encadrer les femmes pour s’en libérer devraient aboutir à la reprise du pouvoir de celles-ci dans toutes les sphères de leur vie.

L’analyse a démontré qu’en période postrupture, les défis auxquels sont confrontées les femmes interviewées diffèrent de ceux qu’affrontent les autres femmes au Canada, et ce, pour plusieurs raisons. Outre les défis liés à la recherche de l’équilibre émotionnel et affectif, ces femmes immigrantes de langue française issues de minorités visibles doivent penser à leur insertion socio-économique et à leur relation avec leur famille et les membres de leurs communautés d’origine qui, bien souvent, n’approuvent pas le choix de la rupture.

Les politiques sociales et leurs impacts sur les adolescents atteints de cécité ou de surdité

Sebastien Pangallo
École de service social, Université d’Ottawa

Cette recension des écrits s’intéresse à l’impact des politiques sociales sur des adolescents atteints de cécité ou de surdité et sur leurs familles, ainsi qu’aux programmes destinés à leur venir en aide. Le but premier de ce mémoire est donc d’examiner de plus près cette problématique et de découvrir les appuis qui s’adressent aux familles concernées. Cette recension des écrits démontre clairement qu’à la période de crise identitaire souvent vécue par les adolescents, s’ajoute parfois un stress supplémentaire chez ceux qui vivent avec un handicap. La famille joue un rôle primordial pendant cette période, car souvent c’est elle qui soutient l’enfant. De plus, ces familles vivent souvent un certain stress financier et émotionnel qu’il importe de prendre en compte lorsque nous intervenons auprès d’elles. Malgré certaines limites de ce mémoire, du fait qu’il est basé sur des écrits et non sur du vécu, on peut quand même y reconnaître une réalité. De plus, cette réflexion nous a permis d’obtenir une meilleure compréhension du rôle qu’exerce le travailleur social auprès de ces familles et de mieux comprendre les obstacles qui surgissent quotidiennement. Le travail social auprès des adolescents atteints de cécité et de surdité peut s’avérer complexe et c’est à partir de ces complexités que nous pouvons exercer notre travail.

Impossibilité sociologique d’être soi-même : analyse des représentations sociales de la phobie sociale

Giulia Prud’homme
École de service social, Université d’Ottawa

Cette étude cherche à comprendre le vécu des personnes qui présentent des troubles anxieux, tout en contextualisant leur expérience personnelle dans une conjoncture sociale et culturelle contemporaine nord-américaine. Ainsi, il s’agit de poser un regard sociologique sur le trouble de l’anxiété sociale. Notre travail se veut donc une étude des problèmes sociaux, et ce, afin de mieux tenter de saisir l’individualité contemporaine. Nous avons choisi le cadre conceptuel des représentations sociales afin de connaitre les significations naïves qu’octroient les personnes anxieuses à leur trouble, et ce, en lien avec nos principaux intérêts de recherche : étiologie, symptomatologie, raisons pour lesquelles leur trouble pose problème et traitements privilégiés. Notre objectif de recherche se pose ainsi : quelles sont les représentations sociales du trouble de l’anxiété sociale? La méthodologie employée est d’ordre qualitatif, à savoir, une recherche sur document à partir des forums ouverts sur Internet (Social Anxiety Support). Nos résultats ont permis de faire des liens entre les impératifs sociaux et le vécu des personnes souffrantes et montrent que ces dernières éprouvent des difficultés en lien avec les éléments normatifs suivants : l’identité, la connexion orale et écrite, la mobilité physique et la nécessité de devoir se vendre. Les blogueurs ont aussi fait la promotion des techniques cognitivo-comportementales pour lutter contre leurs difficultés sociales, étant donné leur désir d’être des individus fonctionnels ou « normaux ». Enfin, l’analyse de nos résultats dévoile que les personnes souffrantes échouent à mettre en pratique les règles de conduite prônées par les exigences sociales.

Intervention et empowerment en santé mentale : perceptions des usagers et des intervenants

Marie-Pier Rivest
École de service social, Université d’Ottawa

L’empowerment est un concept qui prend de plus en plus d’ampleur dans le domaine du travail social. Dans le cadre de ce mémoire, nous avons voulu saisir les perceptions des interventions et de l’empowerment dans le domaine de la santé mentale. Ainsi, nous avons effectué des entrevues semi-dirigées auprès de deux usagers et de deux intervenants d’un organisme de santé mentale franco-ontarien afin de cerner les points de convergence et de divergence de ces acteurs quant aux rôles de l’intervenant et de l’usager, à l’importance de la relation d’aide, ainsi qu’à la définition et à la place accordée à l’empowerment dans les interventions. Nos résultats ont permis de constater l’importance accordée à la fois chez les usagers et les intervenants au cheminement de l’usager et à l’accomplissement d’objectifs. Nous avons aussi remarqué chez les intervenantes un lien étroit entre l’empowerment et les pratiques d’accompagnement.

« Ton père est un pédé! Non, mon père est une lesbienne transgenre ». Les recherches portant sur les enfants ayant au moins un parent gai ou lesbien.

Pamela Secci
École de service social, Université d’Ottawa

Cette recherche vise à analyser comment, dans une partie de la littérature scientifique, est construite la problématique du vécu des enfants de parents du même sexe par les chercheurs et les chercheuses, quels thèmes y sont abordés et dans quelles perspectives. Un total de 31 sources ont été utilisées, la majorité représentant des articles scientifiques provenant des États-Unis et ayant paru entre 2005 et 2011. Quatre thématiques ont été soulevées dans les recherches que nous avons analysées : le développement de l’enfant issu de parents du même sexe; les facteurs favorisant ou faisant obstacle à l’acceptation de la sexualité du ou des parents; les impacts de l’homophobie; et les stratégies de comportement face aux obstacles. Les résultats montrent qu’au sein de la littérature scientifique, les enfants d’au moins un parent gai ou lesbien sont encore parfois comparés aux enfants de parents hétérosexuels, renforçant l’idée que les minorités sexuelles sont déviantes et que les familles dites « hétérosexuelles » demeurent le type de famille modèle et de référence de notre société.

« Their voices are regarded as mere noise » : un regard sur le vécu des parents ayant reçu des services d’une agence de protection de l’enfance

Mylène Soucy
École de service social, Université d’Ottawa

La protection de l’enfance représente un défi considérable pour les travailleuses et les travailleurs sociaux. Alors que leur objectif principal est d’assurer que les enfants vivent dans un environnement sécuritaire, les intervenantes et intervenants en protection de l’enfance doivent non seulement intervenir auprès de l’enfant lui-même, mais aussi auprès des parents et de l’environnement social de l’enfant. Il semble cependant y avoir une perspective manquante dans ces interventions, soit celle de l’opinion qu’ont les parents envers les interventions effectuées par les agences de protection de l’enfance. Le présent mémoire détaille la problématique du vécu des parents ayant reçu des services de l’une de ces agences. Notre question de recherche est la suivante : quels impacts ont les services des agences de protection de l’enfance sur les parents qui les reçoivent et quels changements et améliorations devraient être apportés?

Afin de répondre à ce questionnement, l’approche structurelle est utilisée dans le but d’offrir une perspective nouvelle sur le sujet. Grâce à l’analyse de contenu, le présent mémoire permet de mettre en place une perspective différente sur le fonctionnement du système de protection de l’enfance en Occident et les diverses oppressions que peuvent vivre au sein de ce système certaines communautés marginalisées, telles que les femmes, les immigrants et les autochtones.

Dans le but d’analyser la problématique présentée, un regard est posé sur différents systèmes utilisés dans le monde, et ce, afin de mettre en lumière des alternatives au système de protection de l’enfance présentement implanté en Amérique du Nord. Diverses pistes d’intervention sont ainsi proposées afin d’offrir aux travailleuses et aux travailleurs oeuvrant dans le domaine un regard critique sur leur travail. De cette façon, peut-être arriveront-ils à être davantage informés des impacts réels de leur travail sur les familles et de mieux saisir les oppressions sociales que provoquent leurs interventions.

Les facteurs de protection face à la récidive, l’identité prosociale et l’agir délictuel

Virginie Touchette-Giroux
École de service social, Université d’Ottawa

Au Canada, l’incarcération et la réinsertion sociale des personnes dites « délinquantes » amènent plusieurs débats au sein desquels sont lancées différentes opinions et propositions; certains réclament davantage de répression alors que d’autres suggèrent des avenues s’apparentant à l’abolitionnisme. Ce mémoire, sous forme d’une analyse documentaire, aborde la question des facteurs qui protègent les personnes judiciarisées contre une récidive, tout en ayant comme toile de fond les concepts de déviance sociale, de stigmatisation et d’exclusion. Nous avons choisi de circonscrire l’analyse autour de trois principaux facteurs : la parentalité, l’employabilité ainsi que le réseau social et les ressources d’aide.

À la suite de cet exercice, nous constatons que les interventions dictées par les institutions correctionnelles viennent appuyer une vision stigmatisante des personnes judiciarisées et contribuent ainsi à leur « désinsertion » sociale. En privilégiant notamment l’utilisation d’outils d’évaluation actuarielle qui se concentrent sur la notion de risque, on identifie la personne judiciarisée comme « porteuse » d’un certain degré de risque, on contribue à mettre en évidence les éléments qui la distinguent des individus dits « respectueux des lois » et on fait abstraction des facteurs de protection.

Nous avons pu relever des éléments qui influencent positivement la trajectoire des personnes judiciarisées dans leur choix d’adopter des conduites prosociales, et ce, de façons distinctes pour les hommes et pour les femmes. Le fait de pouvoir exercer certains rôles sociaux (être parent, être travailleur, etc.) favorise l’adhésion aux valeurs conformistes et tend à éloigner des comportements déviants. Dans cette perspective, le service social peut sans conteste apporter une contribution appréciable, notamment en promouvant davantage les interventions axées sur les facteurs de protection.

Des personnes adoptées racontent leur construction identitaire à l’adolescence

Marie-Patricia Tremblay
École de service social, Université Laurentienne

Cette recherche qualitative porte sur l’expérience de dix personnes qui ont été adoptées dans le cadre d’une adoption domestique au Canada. Nous avons exploré comment elles ont vécu leur adolescence en les questionnant sur leur histoire d’adoption, leurs relations familiales, leurs relations avec leur entourage ainsi que sur le développement de leur identité. La littérature souligne que le développement de l’identité à l’adolescence est une tâche particulièrement complexe pour les personnes ayant été adoptées. Nous voulions donc obtenir une meilleure compréhension des difficultés qu’elles ont rencontrées, des facteurs qui leur ont nui ainsi que de ceux qui les ont aidées. La démarche est inscrite dans la perspective écologique.

Les résultats montrent que la majorité des participants sont satisfaits de leur expérience d’adoption. Parmi les facteurs identifiés comme ayant contribué à la création de leur identité, mentionnons tout d’abord qu’au niveau de la famille, l’ouverture de la communication sur le sujet de l’adoption ainsi que le sentiment d’appartenance sont très importants. Quant à l’entourage, il en ressort que le fait d’avoir un cercle d’amis où ils ont des interactions positives aide au développement de leur estime de soi. La présence de difficultés peut causer un sentiment d’isolement, une identité incomplète ainsi qu’une image négative de soi, et cela peut se poursuivre jusqu’à l’âge adulte.