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La construction du concept de la décolonisation chez les femmes féministes autochtones : l’exemple de l’environnement — Une analyse de textes sur la décolonisation écrits par des femmes qui se définissent comme : autochtone et féministe

Brigitte Boudreau Cassidy
École de service social, Université d’Ottawa

Le Canada est une nation coloniale qui a une longue histoire d’oppressions des peuples autochtones vivant sur l’ensemble de son territoire. Les femmes autochtones ont été systématiquement ciblées par des politiques coloniales, racistes et sexistes qui ont cherché à les dévaloriser complètement. Les femmes autochtones tentent de reprendre le pouvoir et le respect qui leur est dû, entre autres, en partageant leurs perspectives et leurs expériences.

L’objectif de ce mémoire est de présenter le colonialisme et l’environnement dans un cadre conceptuel féministe autochtone. En regardant les nombreux textes écrits par des personnes s’identifiant doublement comme autochtones et féministes, il est possible d’acquérir une perception holistique de la construction de leurs perspectives. Puisque plusieurs perspectives existent, ce mémoire ne cherche aucunement à valoriser un discours féministe autochtone aux dépens d’un autre. Nous cherchons plutôt à reconnaître la valeur de ces perceptions, et ce, particulièrement en lien avec un environnement qui se fait constamment exploiter et polluer. Ces approches donnent des perspectives holistiques importantes et des modes de connaissances qui pourraient devenir des solutions de rechange aux nombreux problèmes environnementaux et sociaux causés par l’idéologie coloniale et occidentale.

Finalement, la profession du service social est examinée en relation avec cette recherche. Quoique cette profession ait comme mandat d’augmenter la justice sociale dans notre société, elle s’abstient systématiquement d’inclure l’environnement dans ses analyses. Notre projet de recherche postule que la justice sociale et la justice environnementale sont inséparables. Alors, nous revendiquons un plus grand engagement de la part des travailleuses et travailleurs sociaux en faveur d’une justice environnementale.

L’intégration des Africains francophones d’origine subsaharienne au Canada : le cas des pères de famille

Yolande Dweme Mbukuny Pita
École de service social, Université Laurentienne

Cette étude qualitative examine le processus migratoire et son impact sur la position des pères au sein de la famille. Elle porte sur les immigrants francophones africains de la région de Toronto. Nous avons analysé la transition culturelle qui pose la nécessité d’une réorganisation du rôle et de la place relative des hommes, des femmes et des enfants dans la famille au pays d’accueil et qui pose donc aussi directement la question de l’identité de ces hommes. Nous visions spécifiquement à comprendre les enjeux du maintien et de la transformation de l’identité d’homme et de père, lorsque l’immigrant est confronté à une nouvelle structure sociale. Pour cela, nous nous sommes posé une question générale à savoir : de quelle manière la place et le rôle de l’homme et du père en provenance d’une société à dominance traditionnelle changent-ils au contact de la société d’accueil à dominance moderne? Nous avons formulé deux hypothèses de la manière suivante : la place et le rôle du père de la société traditionnelle, à travers le processus d’immigration, devraient évoluer vers des rapports sociaux et familiaux égalitaires sous la pression de la société moderne, égalité qui se manifeste par la perte de la position de domination de l’homme dans la famille et dans la société; c’est ce mouvement vers l’égalité entre les hommes et les femmes qui sera la source des difficultés d’adaptation des hommes lorsque ceux-ci résistent à s’adapter au nouveau rôle et à la nouvelle place que l’on attend d’eux. Trois concepts clés ont été à la base de l’étude, à savoir, la société traditionnelle, la société moderne et l’ontologie. Et au terme de cette étude, il apparait que l’expérience migratoire a des effets profonds sur l’homme et le père immigrant et sur toute sa famille. Les résultats des entrevues ont mis en évidence que l’expérience migratoire est vécue comme bouleversement de l’identité d’homme et de l’identité de père de l’immigrant, car elle provoque un changement radical de la nature des rapports entre hommes, femmes et enfants, confirmant ainsi l’hypothèse de travail.

La judiciarisation des personnes en situation d’itinérance dans la région de Gatineau : porte d’entrée vers l’exclusion ou intervention de dernier recours? Point de vue des intervenants sociaux sur la question

Christina Fontaine
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire de maîtrise porte sur le phénomène de la judiciarisation des personnes en situation d’itinérance. Plus particulièrement, nous avons cherché à interroger les enjeux et modalités d’intervention déployées envers les personnes en situation d’itinérance, et plus particulièrement au rôle de l’intervention policière lors du processus de judiciarisation.

Pour répondre à nos questionnements, nous avons voulu interroger le point de vue des intervenants sociaux qui travaillent directement avec les personnes en situation d’itinérance dans la région de Hull-Gatineau. Nous avons effectué une recherche qualitative au travers d’entrevues réalisées auprès de quatre intervenants sociaux. Afin d’analyser nos données, nous nous sommes appuyée sur un cadre théorique interactionniste, en considérant la judiciarisation comme le résultat d’un processus interactif entre le corps policier et les personnes itinérantes à qui on attribue différents stigmates. L’analyse des données recueillies suite aux entrevues révèle que les personnes en situation d’itinérance sont dans leur quotidien confrontées à de multiples situations accentuant leur exclusion. Dans bien des cas, les interventions policières semblent basées sur un profilage social et donnent lieu à des formes d’interaction inappropriées provoquant des conséquences à considérer. Ces interactions peuvent donner lieu à des conséquences de long terme, qui auront une influence sur le devenir des personnes en situation d’itinérance. L’analyse établie nous amène aussi à reconnaitre le manque émanant de services et de ressources appropriées dans la région pour les personnes en situation d’itinérance, doublées de certaines lacunes institutionnelles sur le plan de la formation des intervenants policiers. Ces lacunes plus structurelles et systémiques tendent à faire en sorte que la judiciarisation devient dans bien des cas une forme d’intervention de « dernier recours ».

TDAH, diagnostic et médication : entre un modèle normalisé et une pression de normalité sociale, scolaire et familiale

Rosie Mutamba Tumba
École de service social, Université d’Ottawa

Cette étude sur le TDAH chez les jeunes dans la société québécoise vise à explorer les pratiques de dépistage et de prescription de médicaments par les professionnels. Elle a comme objectif de comprendre l’ampleur du phénomène et la normalisation de la médication dans son contexte socioculturel et politique. Pour atteindre cet objectif, une observation documentaire a été réalisée. Une analyse de discours s’appuyant sur le cadre conceptuel de la médicalisation a permis de dégager trois perspectives : le discours des experts, le discours populaire et le discours des parents, ainsi que quatre composantes transversales qui construisent le phénomène : le langage pour décrire le jeune; l’essoufflement des parents; le débordement des professionnels; la médication. L’étude fait ressortir un ensemble de pratiques, de prescriptions et de représentations où s’entrecroisent la performance sociale et scolaire, les priorités institutionnelles, la régulation de la parentalité. Tout cela participe de manière directe ou indirecte au processus de médicalisation du comportement des jeunes, du diagnostic et de la médication. Chez les enfants dont les comportements ne cadrent pas avec la norme, le médicament joue deux fonctions : celui de soulager la famille essoufflée et aussi l’environnement scolaire et social dans sa quête de conformité et d’adaptation. Ce mémoire se conclut sur des propositions pour l’intervention et la recherche en service social : écouter les jeunes mis à l’écart des débats; exiger la rigueur diagnostique de la part de tous les professionnels; mettre l’accent sur les alternatives à la médication.