Des pratiques à notre image

Les services en santé mentale pour les jeunes francophones de la région d’Ottawa[Record]

  • Marie-Pier Audet and
  • Marie Drolet

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  • Marie-Pier Audet
    Travailleuse sociale en milieu scolaire au Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario

  • Marie Drolet
    T.S., Ph. D., Professeure titulaire, École de service social, Université d’Ottawa

La recherche en santé mentale chez les jeunes a pris de l’ampleur au cours des dernières décennies (Aïach, 2009; Centre d’excellence provincial au CHEO en santé mentale des enfants et des adolescents (CEPSM), 2010). Bien que les champs de la psychologie et de la psychiatrie étudient depuis plus d’un siècle les troubles de santé mentale qui touchent les adultes (Barlow et Durand, 2007), des recherches plus récentes démontrent que la plupart des problèmes et des troubles de santé mentale vécus par cette population débutent durant l’enfance ou l’adolescence (Kutcher, et collab., 2010). Le présent article porte sur les problèmes de santé mentale chez les jeunes, et plus particulièrement sur les services en santé mentale, leur accès, et l’usage qu’en font les jeunes francophones vivant en situation minoritaire dans la région d’Ottawa. Il découle du mémoire de maîtrise en service social de la première auteure, Comprendre l’histoire des jeunes pour pouvoir mieux les aider : exploration des trajectoires et usages de services en santé mentale d’adolescentes et de préadolescents-es francophones en situation minoritaire dans la région d’Ottawa. Ce mémoire résulte d’entrevues menées auprès de sept parents de neuf jeunes francophones qui ont des problèmes de santé mentale. Nous présentons brièvement la problématique de santé mentale chez les enfants et les adolescentes ou adolescents canadiens de même qu’un état de leur accès à des services en santé mentale. Certains des résultats obtenus dans le cadre du mémoire complètent cet article. Alors que la vision médicale ou psychiatrique existe depuis longtemps, plusieurs chercheurs adoptent depuis peu une vision plutôt « sociale » ou « systémique » pour étudier la problématique de la santé mentale et pour agir sur celle-ci (Landry, 2008; Aïach, 2009). C’est qu’il existe tout un processus chez une personne réagissant à l’environnement et aux événements qu’elle rencontre au cours de sa vie. Ces difficultés émotives et psychiques se traduisent par différents symptômes ou réactions qu’on qualifie de « problèmes de santé mentale » et éventuellement, de « troubles de santé mentale » (Landry, 2008; Aïach, 2009; Suissa, 2009). Comme la médicalisation exerce un grand pouvoir dans la société occidentale, certaines personnes bénéficieront de services spécifiques en santé mentale seulement si elles ont un diagnostic posé par un médecin. Cependant, certains services se dissocient des diagnostics de santé mentale en s’adressant à toute personne vivant des difficultés sur le plan émotionnel ou psychique (qu’on caractériserait ici de « problèmes de santé mentale »). Cette distinction aide à clarifier comment ces deux termes sont utilisés dans cet article, et pourquoi ni l’un ni l’autre n’a été exclu dans l’échantillon de jeunes faisant partie de notre étude. Un individu peut présenter des « problèmes de santé mentale » et obtenir un diagnostic de trouble mental (TM) de la part d’un médecin, alors qu’un autre peut présenter des « problèmes de santé mentale » sans recevoir de diagnostic. Selon la vision médicale, une « maladie mentale » ou un « trouble mental » est défini comme étant « un problème qui répond aux critères de diagnostic du DSM-IV en matière de TM ou d’abus de substance, incluant la présence de niveaux significatifs de symptomatologie et un déficit du fonctionnement » (CEPSM, 2010, p.12). La schizophrénie, la dépression majeure, l’anxiété généralisée et la bipolarité sont quelques exemples de maladies mentales. Les problèmes de santé mentale sont définis comme « des difficultés qui pourraient signifier des signes ou symptômes précoces de troubles mentaux (ou comportementaux ou émotionnels), mais ne sont pas fréquents ni assez graves pour correspondre aux critères de diagnostic » (CEPSM, 2010, p.12). Un problème de cette nature pourrait se manifester notamment par …

Appendices