Lu pour vous

SMEDSLUND, Katja, et David RISSE (dirs.) (2014). Responsabilités et violences envers les femmes, Presses de l’Université du Québec, Québec, 354 p.[Record]

  • Véronique Savard

L’ouvrage Responsabilités et violences envers les femmes rassemble les écrits de vingt-cinq auteures et auteurs en provenance du Québec et d’ailleurs dans le monde. Il porte sur diverses thématiques en matière des violences faites aux femmes (VFF). Grâce aux analyses théoriques et pratiques qui y sont proposées, nous prenons connaissance des pratiques d’ici et d’ailleurs se rapportant aux VFF. L’ouvrage compte trois parties, divisées elles-mêmes en sections et chapitres. La première partie présente des théories et des pratiques visant à contrer les VFF. La deuxième partie met en lumière des pistes d’intervention individuelles et collectives tandis que la troisième se centre sur différentes formes de violences sexuelles et contextuelles. Le chapitre 1 de l’ouvrage aborde la question de la responsabilisation dans le cas des VFF. D’après son auteur, les relations que les individus et collectivités entretiennent avec les codes sociaux et moraux déterminent la responsabilisation des VFF. Plusieurs organismes internationaux, comme les Nations Unies et Amnistie internationale, demandent d’accorder plus d’importance au fait que les VFF représentent une forme de violation des droits fondamentaux. À titre d’exemple, une étude produite par les Nations Unies en 2006 révèle l’importance de la responsabilisation à appliquer à différents niveaux de l’État et des communautés locales envers les VFF. Or, l’universalisation du phénomène des VFF peut engendrer des conséquences, puisque les stratégies actuelles ne sont pas adaptées aux différents contextes, tels que le manque de moyens pour former les corps professionnels, et différentes contraintes politiques et culturelles faisant en sorte que la VFF ne figure pas dans les priorités de certains pays en voie de développement. Le chapitre se termine sur la responsabilité face aux VFF à l’échelle internationale. À l’aide de l’exemple des relations hommes et femmes au Pérou, il y est démontré l’importance de soutenir les changements des normes socioculturelles par de nouvelles lois axées sur l’éradication des VFF, un renouvellement des lois pouvant mener à un renouvellement des mentalités dans la communauté. Les notions de « revictimisation des femmes » et de « victimisation secondaire » sont exposées au chapitre 2. Il est question de revictimisation lorsque les femmes ont subi plus d’une agression par différents agresseurs. La victimisation secondaire provient pour sa part des réactions négatives reçues à la suite de l’agression, qu’elles viennent de leur famille, de leur communauté ou du personnel des ressources consultées. Puisque la formation sur l’intervention en situation de VFF n’est pas requise pour plusieurs professionnelles ou professionnels de la santé, certains facteurs favorisent la victimisation secondaire, comme les préjugés et les méconnaissances par rapport aux VFF, et la responsabilisation ou le blâme de la victime. Ces deux formes de victimisation apportent de graves répercussions non seulement pour les victimes, mais aussi pour la société. La mise en contexte de divers aspects du système judiciaire en matière de violence conjugale au Québec fait l’objet du chapitre 3 de l’ouvrage. La judiciarisation de la violence conjugale en 1970 a contribué à un changement de perception des gens, et les dénonciations de la violence conjugale ont augmenté. Quelques politiques concernant la violence faite aux femmes, particulièrement la violence conjugale, ont été mises en place par le gouvernement du Québec. Elles avaient un triple objectif : démontrer l’appui de l’État dans la non-tolérance en la matière; mettre l’accent sur la prévention; offrir une protection aux femmes victimes de violence conjugale. Des modèles d’intervention sont proposés, tels que la politique d’arrestation obligatoire; mais ces interventions sont mitigées. Le recours au système judiciaire peut également soulever certains enjeux et il est important d’évaluer ses avantages (comme le fait d’aider les victimes à prendre connaissance de leurs droits) et ses limites …