Entrevue

Francophones et Premières Nations : le regard politique d’un ancien travailleur socialEntrevue avec Bernard Richard[Record]

  • Hélène Albert and
  • François Boudreau

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  • Cette entrevue a été réalisée par
    Hélène Albert
    François Boudreau

Avocat et ancien travailleur social, Bernard Richard a été député à l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick et a été nommé ombudsman et premier Défenseur des enfants et de la jeunesse du Nouveau-Brunswick. Il est expert dans les domaines des droits de la personne, des droits de l’enfant, de la justice sociale et des inégalités qui existent dans la société canadienne. Depuis quatre ans, il s’intéresse surtout aux droits de l’enfant en ce qui concerne la santé mentale (Access Canada, Partners for Youth, Xchange NB), le développement international (Plan Canada) et les enfants autochtones (First Nations Children’s Futures Fund). Monsieur Richard appuie présentement le travail d’un regroupement de Chefs autochtones dans les domaines de la protection de l’enfance et la réforme de l’assistance sociale. Cette entrevue, réalisée en janvier 2016 par Hélène Albert et François Boudreau, présente une réflexion sur des enjeux liés aux réalités des francophones en contexte minoritaire et à celles des communautés autochtones au Canada. Si, pour ces groupes minoritaires, les défis sont nombreux et complexes — et les luttes toujours nécessaires — il semble qu’il faille demeurer optimistes, vigilants et engagés! Bernard Richard : Access : esprits ouverts, open minds est un projet national piloté par des chercheurs de l’Université McGill, qui a été mis en oeuvre dans douze sites à travers le Canada. Certains des sites fonctionnent en français, d’autres en anglais et, dans la province du Nouveau-Brunswick, le site fonctionne dans les deux langues. Il y a également des sites qui exercent leurs activités dans des communautés autochtones, par exemple à Eskasoni (Cap-Breton) et au Nunavik, une communauté inuite dans le Grand Nord du Québec. Donc, c’est un projet de recherche qui se déroule principalement en anglais. Il y a la traduction simultanée pour les rencontres générales, mais la majorité des participants sont anglophones. Sur les sites cependant, le travail se fait dans les deux langues, selon les besoins des requérants. Il y a deux sites à Montréal; là, c’est surtout en français que se déroulent les interventions. Les langues et les cultures sont une variable importante dans le projet. Cela est important parce que, selon mon expérience et selon le consensus social à ce propos, en plus d’être des éléments clés pour établir une relation de confiance, la langue et la culture sont des déterminants sociaux de santé. Permettre aux gens qui cherchent notre appui, nos services et notre aide de le faire dans leur langue et dans un climat culturel confortable et respectueux, aide ces requérants à nous faire confiance et contribue à les rendre également beaucoup plus participatifs. Et ça, c’est absolument essentiel. Si on n’arrive pas à faire cela dans nos communautés, bien on aura des gens qui vont hésiter avant d’aller chercher des services. Il y en a aussi qui ne vont pas participer aussi pleinement, aussi ouvertement. La langue et la culture sont des éléments centraux dans tout processus social et individuel d’appartenance et de rattachement au groupe. Bernard Richard : Il faut répondre oui. Sur la dimension sociale qui rejoint la dimension politique, je peux mentionner un exemple. Il y a un débat aujourd’hui au Nouveau-Brunswick à propos des services ambulanciers, soit de savoir s’ils doivent être bilingues, dans le sens de la nécessité d’avoir au minimum un ambulancier bilingue dans chaque ambulance. Car vous savez que le Nouveau-Brunswick est officiellement bilingue. Cette question a créé une importante controverse dans la section des commentaires sur le site Internet de la CBC qui rapportait la nouvelle et dans les lettres à l’éditeur des journaux anglophones du Nouveau-Brunswick. On pouvait lire de très nombreux commentaires selon lesquels une telle politique enlèverait …

Appendices