Éditorial

L’engagement militant en service social[Record]

  • Isabelle Côté,
  • David Buetti,
  • Simon Lapierre and
  • Patrick Ladouceur

…more information

  • Isabelle Côté, Ph. D.
    Professeure adjointe, École de service social, Université Laurentienne

  • David Buetti, MSS
    Candidat au doctorat, École interdisciplinaire des sciences de la santé, Université d’Ottawa

  • Simon Lapierre, Ph. D.
    Professeur agrégé, École de service social, Université d’Ottawa

  • Patrick Ladouceur, MSS
    Candidat au doctorat, École de service social, Université d’Ottawa

Si plusieurs écrits ont permis de mieux rendre compte des motifs qui poussent des individus et des groupes à se joindre à différents mouvements sociaux (voir Mathieu, 2004), l’apport des travailleuses et travailleurs sociaux au sein de ces mouvements est souvent passé sous silence. Pourtant, le service social structurel est né par le biais du militantisme (voir l’éditorial du premier numéro du présent volume : Lapierre, et collab., 2017). Comme il est mentionné dans le numéro précédent, l’histoire montre que les travailleuses et travailleurs sociaux ont contribué activement aux luttes pour le changement social, tant par leurs pratiques sociales novatrices que par leurs réflexions intellectuelles visant une société plus juste et inclusive (Bent-Goodley, 2015). Cette tradition militante en service social peut être liée au désir des intervenantes et intervenants de mettre en place des moyens concrets visant la justice sociale en société (Bent-Goodley, 2015). Dans cette optique, nous avançons que le service social constitue un terreau fertile pour l’action sociale et militante, en raison, entre autres, des valeurs portées par la profession. En effet, au sein d’une discipline qui favorise une réflexion continue permettant de lier les situations vécues individuellement aux structures sociales sous-jacentes (Deslauriers et Turcotte, 2015; Molgat, 2015), l’importance du changement social se veut indéniable. Le militantisme se veut pluraliste et fait référence à une gamme d’actions et de stratégies de nature politique permettant de lutter collectivement et solidairement contre les injustices créées par les groupes dominants (Fillieule, Agrikoliansky et Sommier, 2010). Une panoplie de causes sociales sont défendues par les militantes et militants, par différents moyens tels que des mobilisations citoyennes, des regroupements politiques, des manifestations et des pétitions en ligne, des réseaux sociaux et des blogues, et des recherches militantes et critiques (Russell, 2015). Pensons également aux intervenantes et intervenants qui oeuvrent au sein de milieux qui favorisent les principes de l’action communautaire dans le cadre de leurs actions et de leurs pratiques (Lavoie et Panet-Raymond, 2014). Dépassant une logique de services, les actions et les pratiques qui se fondent sur les principes de l’action communautaire tendent non seulement à répondre aux besoins d’une population précise, mais aussi à favoriser le changement social à long terme en ciblant les causes structurelles des injustices qu’ont vécues les individus et groupes avec qui les intervenantes et intervenants s’associent (Hanley, Kruzynski et Shragge, 2013). Par ailleurs, si des intervenantes et intervenants sociaux militent activement auprès de milieux alternatifs, d’autres peuvent user de tactiques moins radicales qui peuvent néanmoins favoriser le changement social. Tel est le cas des travailleuses et travailleurs sociaux qui privilégient l’approche structurelle, et ce, même en milieux institutionnels. Malgré les obstacles pouvant se dresser sur le plan organisationnel, comme la lourdeur administrative et la surcharge de travail, ces derniers peuvent tout de même militer pour le changement social, tant à l’intérieur des murs de leur institution que dans la société (voir Mullaly, 2007, pour une discussion à cet égard). Or, le militantisme doit actuellement être « revigoré » dans le domaine de l’intervention sociale afin d’en élargir la portée (Bent-Goodley, 2015). En effet, les intervenantes et intervenants peuvent s’en éloigner devant l’urgence des situations quotidiennes ou l’impuissance ressentie face à la complexité des problèmes sociaux. Dans ces circonstances, nous croyons nécessaire de contribuer à cette réflexion sur l’importance du militantisme dans le champ de l’intervention sociale et communautaire. Nous souhaitons ainsi que le présent numéro puisse continuer d’alimenter le dialogue sur l’apport du militantisme pour le changement social, notamment par des réflexions théoriques et pratiques de chercheures et chercheurs et d’intervenantes et intervenants dans le domaine du service social et de disciplines connexes. Dans le premier …

Appendices