Abstracts
Résumé
Si la Renaissance n’explore pas à fond ni souvent la théorie de l’intelligence animale, l’essai L’apologie de Raymond Sebond de Michel de Montaigne est une exception qui surprend le lecteur de jadis et d’aujourd’hui par l’analyse originale de ce sujet capital. En démantelant la croyance – déjà bien établie au XVIe siècle – que l’être humain détient la raison et la vérité absolue, l’auteur démontre que l’humain n’est pas aussi sage que sa présomption le mène à croire et que l’animal n’est pas aussi sot et insensé que nous aimons croire. Ainsi réussit-il à relativiser la hiérarchie établie entre les deux catégories de créatures qui se trouveraient plutôt dans une continuité que dans une division ou une séparation intransigeante.
Mots-clés :
- Montaigne,
- Animal/Humain,
- Raison
Abstract
Although Renaissance thought did not explore the question of animal intelligence either thoroughly or often, Michel de Montaigne’s essay, The Apology of Raymond Sebond, with its original analysis of this topic, represents an exception as surprising today as it was for readers of the time. In dismantling the belief—already well established in the sixteenth century—that human beings possess reason and absolute truth, Montaigne demonstrates that they are not as wise as they presume to be and that animals are not as dumb and senseless as we like to think. He thus succeeds in relativizing the established hierarchy between the two categories of creatures, which appear situated on a continuum rather than divided by a strict separation.
Appendices
Bibliographie
- Agamben, Giorgio. L’ouvert. De l’homme à l’animal. Traduit par Joël Gayraud. Paris : Rivages, 2006.
- Arbel, Benjamin. « The Renaissance Transformation of Animal Meaning: From Petrarch to Montaigne ». Dans A Cultural History of Animals, dirigé par Linda Kalof et Georgina M. Montgomery, 59–80. Oxford : Berg Publishers, 2011.
- Badescu, Sanda. « Des “anthropophages” ou comment lire Montaigne ». Dans Agapes francophones 2022. Sur l’expression (non) conforme de la pensée politiquement in.correcte, édité par Georgiana I. Badea et Andreea Gheorghiu, 107–120. Timisoara : Editura Universitatii de Vest, 2023.
- Basset, Bérengère. « L’anecdote plutarquienne dans le débat sur l’homme et l’animal au XVIe siècle (Boaistuau, Paré, Montaigne) ». Littératures, no 67 (2013) : 51–68. https://doi.org/10.4000/litteratures.239.
- Boudou, Bénédicte. Montaigne et les animaux. Paris : Éditions Léo Scheer, 2016.
- Christodoulou, Kyriaki, dir. Montaigne et la Grèce : Actes du colloque de Calamata et de Messène, 23–26 septembre 1988. Paris : Aux Amateurs de Livres, 1990.
- Couturas, Claire. « Les exemples animaliers dans l’Apologie de Raymond Sebond ». Bulletin de la Société des amis de Montaigne, nos 39–40 (1995) : 54–57.
- Derrida, Jacques. L’animal que donc je suis. Paris : Galilée, 2006.
- Descartes, René. Œuvres et lettres. Introduction d’André Bridoux. Paris : Gallimard, 1953.
- Donaldson, Sue, et Will Kymlicka. Zoopolis. Une théorie politique des droits des animaux. Paris : Alma, 2016.
- Fontenay, Élisabeth de. « La raison du plus fort ». Dans Plutarque, Trois traités pour les animaux. Paris : P.O.L., 1992.
- Fontenay, Élisabeth de. Le silence des bêtes. La philosophie à l’épreuve de l’animalité. Paris : Fayard, 1998.
- Frampton, Saul. When I Am Playing with My Cat, How Do I Know She Is Not Playing with Me? Montaigne and Being in Touch with Life. New York : Pantheon Books, 2011.
- Gontier, Thierry, dir. Animal et animalité dans la philosophie de la Renaissance et de l’âge classique. Louvain : Peeters, 2005.
- Homère. L’Odyssée. Suivi de Des lieux et des hommes par François Hartog. Traduction, notes et postface de Philippe Jaccottet. Paris : La Découverte, 1982.
- Lazard, Madeleine. Michel de Montaigne. Paris : Fayard, 2002.
- Magnien, Catherine, dir. « Montaigne et les Anciens ». Montaigne Studies. An Interdisciplinary Forum 17, no 1–2 (2005).
- Melehy, Hassan. « Silencing the Animals. Montaigne, Descartes, and the Hyperbole of Reason ». symplokē 13, nos 1–2 (2005) : 263–282.
- Montaigne, Michel de. Œuvres complètes. Édité par Albert Thibaudet et Maurice Rat. Paris : Gallimard, 1962.
- Plutarque. Manger la chair ? Traité sur les animaux. Traduit par Jacques Amyot. Paris : Rivages, 2002.
- Randall, Catharine. Wisdom of Animals. Creatureliness in Early Modern French Spirituality. Notre Dame : University of Notre Dame Press, 2014.
- Schopenhauer, Arthur. Le monde comme volonté et comme représentation. Traduit par A. Burdeau. Édité et corrigé par Richard Roos. Paris : PUF, 1966.
- Sénèque. La tranquillité de l’âme. Dans Entretiens. Lettres à Lucilius. Édité par Paul Veyne. Paris : Robert Laffont, 1993.
- Uexküll, Jakob von. Mondes animaux et monde humain. Traduit par Philippe Muller. Paris : Denoël, 1965.
- Vilmer, Jean-Baptiste Jeangène. L’éthique animale. Paris : PUF, 2018.
- Vintenon, Alice. « L’animal comme figure du “sage ignorant”. Des paradoxes contre les Lettres à l’“Apologie de Raymond Sebond” ». Bulletin de la Société internationale des amis de Montaigne 1, no 71 (2020) : 133–152. https://doi.org/10.15122/isbn.978-2-406-10647-0.p.0133.