Comptes rendus

Raphaëlle de Groot et Elizabeth OuelletPlus que parfaites. Les aides familiales à Montréal 1850-2000. Montréal, Les éditions du remue-ménage, 2001, 177 p.[Record]

  • Joëlle Paquet

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  • Joëlle Paquet
    Département d’anthropologie
    Université Laval

L’ouvrage Plus que parfaites. Les aides familiales à Montréal 1850-2000 s’inscrit dans la continuité d’une exposition, présentée au Centre d’histoire de Montréal, célébrant le 25e anniversaire de l’Association des aides familiales du Québec. Ce projet avait pour objet de sensibiliser la population aux réalités du métier de travailleuse domestique, profession qui est toujours demeurée cachée dans l’intimité de la sphère privée. Pendant longtemps le travail domestique a été l’un des seuls métiers accessibles aux femmes. L’Association des aides familiales du Québec se consacre depuis de nombreuses années maintenant à faire reconnaître l’importance de la contribution socioéconomique des travailleuses en maison privée. Les femmes formant 90 % de cette main-d’oeuvre depuis 1850, on ne parle ici que de la portion féminine de ce métier. La présentation de l’histoire de ces femmes est une action sociale en vue de l’amélioration des conditions de travail et des mesures de protection sociale de ces travailleuses par la sensibilisation. Il est alors apparu aux organisatrices de l’exposition, Elizabeth Ouellet, Raphaëlle de Groot et Denise Caron, directrice de l’Association à l’époque, qu’il était nécessaire que la contribution historique de ces femmes soit préservée par l’entremise d’un élément matériel. Il s’agit donc d’un ouvrage tout à fait original, unique en son genre. La majeure partie est construite dans un style muséographique, c’est-à-dire qu’elle intègre des coupures de journaux, des annonces publicitaires, des encadrés qui approfondissent certains sujets, donnent des repères historiques ou présentent des anecdotes, des photographies, des documents d’archives, etc. La recherche a été menée principalement à partir d’entrevues effectuées auprès de 31 personnes, aides familiales ou personnes ayant été élevées par une nanny, des archives de l’Association des aides familiales du Québec et de l’Institut Notre-Dame-du-Bon-Conseil et de petites annonces dans les journaux. C’est évidemment une recherche documentaire très fragmentaire, car il existe fort peu de documents relatifs au travail en maison privée. L’ensemble de l’ouvrage est divisé en trois grands chapitres : l’histoire du travail en maison privée depuis 1850, la présentation de quinze entrevues et l’histoire des mouvements associatifs liés à la profession d’aide familiale. Le premier chapitre, rédigé par Elizabeth Ouellet, retrace l’évolution du travail en maison privée à Montréal depuis 1850, mais également les changements dans l’économie, la société, la famille et la condition féminine au Québec. On voit bien ici que la perception du métier d’aide familiale varie au gré des bouleversements qui touchent la société. D’ailleurs, la variation des appellations données à ces travailleuses dans le temps démontre les différentes façons de concevoir ce métier : « servante », « bonne », « employée de maison », « domestique », « aide ménagère », « aide familiale ». On aborde également les technologies ménagères de l’époque et les conditions de travail. La période qui s’étend de 1850 à 2000 permet de retracer en quatre étapes « le long parcours qui a mené à la défense des droits des domestiques au cours du « xxe siècle » (p. 21). La première étape (1850-1920) se caractérise par l’accroissement de la population de Montréal et de la richesse des capitalistes. Ces gens aisés, subissant l’influence des nouvelles découvertes en matière d’hygiène, recherchent de plus en plus des personnes spécialisées pour le travail domestique. Des Montréalaises des milieux aisés créent des comités afin de fournir la formation, d’offrir un service de placement, de recruter à l’étranger, etc. À l’époque, les possibilités de travail pour les femmes sont très limitées et plusieurs jeunes filles et femmes de la campagne, des milieux ouvriers ou de l’étranger choisissent de travailler en maison privée à Montréal, en particulier dans le Mille carré doré (Golden Square …