Comptes rendus

Pierre Aïach et autres (dir.)Femmes et hommes dans le champ de la santé, Approches sociologiques. Paris, Éditions ENSP, 2001, 330 p.[Record]

  • Maria De Koninck

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  • Maria De Koninck
    Médecine sociale et préventive
    Université Laval

L’ouvrage Femmes et hommes dans le champ de la santé représente une contribution indiscutable à l’étude des rapports sociaux de sexe dans le domaine de la santé, notamment à titre de publication de langue française. Cet ouvrage a pour objet de favoriser la rencontre de travaux portant sur les rapports sociaux de sexe avec d’autres concernant la santé et la médecine, et, pour ce qui est de cet aspect, il s’agit d’une réussite. À l’origine de cette publication, se trouve un séminaire organisé par Erasme en 1996-1997, d’où sont issus certains des textes présentés dans l’ouvrage. D’autres écrits s’y sont ajoutés, ces derniers ayant été sollicités explicitement pour la publication. Le livre s’articule autour de trois axes : la construction sociale des problèmes de santé, les professions de santé ainsi que les savoirs et les pratiques dans la sphère privée. L’histoire de sa préparation explique certaines faiblesses. En effet, le choix des textes et leur regroupement ayant été faits à partir de travaux disponibles que l’on voulait rassembler et non à partir d’un cadre construit au préalable, le résultat donne un peu l’impression d’un assemblage de textes portant sur certaines problématiques plutôt que d’un ensemble bien articulé. À cet égard, il est regrettable que l’équipe de rédaction n’ait pas choisi de rédiger une conclusion pour faciliter l’intégration des différents textes. Les trois sections (axes du livre) ne présentent pas le même intérêt, surtout dans une perspective d’avancement des connaissances. La première, sur la construction sociale de la santé au féminin et au masculin, est celle qui apporte le plus sur le plan de la réflexion et de l’analyse. La seconde, consacrée aux professions de la santé, n’ajoute pas beaucoup de connaissances nouvelles à cette problématique par ailleurs assez documentée. Quant à la troisième, elle est plutôt inégale, mais elle comporte le mérite d’ouvrir la réflexion sur d’autres cultures. Les textes reposent sur des recherches réalisées pour la plupart (et parfois il y a déjà un bon moment) par les auteures et auteurs mêmes. Il faut noter ici dans plusieurs cas l’absence, parfois totale, du souci de bien situer ces travaux de référence et de fournir au lectorat des éléments d’information lui permettant d’apprécier les recherches sur lesquelles reposent les analyses proposées. Ainsi, il arrive que l’on suggère des interprétations élaborées à partir d’enquêtes et d’entretiens sur lesquels on ne fournit que peu ou pas d’indications. C’est là un manque de rigueur qui entache la validité ou la crédibilité de certaines interprétations. Dans l’introduction, on relève que, au moment de choisir les textes à publier, la question s’est posée de savoir si la violence faite aux femmes était une question de santé et devait donc faire l’objet d’un chapitre. Fort heureusement, la réponse a été affirmative, car le texte de Patricia Romito sur les violences conjugales est l’un des plus intéressants et des plus complets de l’ouvrage. Ce chapitre répond avec éloquence à la question de savoir si la violence est une question de santé. En effet, comme Romito le fait bien ressortir, la violence conjugale demeure un mode de domination masculine fort répandu, même dans les sociétés où les femmes ont fait des gains substantiels en matière de droits (notamment en Europe et en Amérique du Nord). La violence exercée contre les femmes dans l’espace privé, au-delà de son impact sur la santé physique et mentale de celles qui la subissent, est une des raisons qui les amènent à consulter les services de santé ; à ce titre, elle s’inscrit d’emblée dans le champ de la santé. Après avoir situé sa démarche sur le plan théorique, Romito présente la recherche …

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