Comptes rendus

Chantal MailléCherchez la femme : trente ans de débats constitutionnels au Québec. Montréal, Les Éditions du remue-ménage, 2002, 205 p.[Record]

  • Ève Lamoureux

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  • Ève Lamoureux
    Département de science politique
    Université Laval

Dans son ouvrage intitulé Cherchez la femme : trente ans de débats constitutionnels au Québec, Chantal Maillé analyse la question des femmes et des débats constitutionnels au Québec à l’aune des thèmes de l’identité et de l’appartenance. Elle poursuit trois objectifs : démontrer la participation des femmes à ces débats, documenter la vision actuelle des femmes eu égard aux enjeux constitutionnels et remettre en question les raisons de la sous-représentation féminine dans les instances politiques officielles. Pour ce faire, l’auteure combine une discussion théorique des pistes analytiques offertes par la théorie féministe, une analyse des documents permettant de retracer les interventions des groupes de femmes dans les débats constitutionnels de 1968 à 1995 et plusieurs entrevues (sept avec des représentantes du mouvement des femmes, dix avec des leaders d’opinion et vingt avec des citoyennes engagées). Maillé souhaite donc démontrer à la fois l’apport historique et actuel des femmes aux débats constitutionnels ainsi que la richesse de la perspective féministe postmoderne pour rendre compte de cette problématique et l’analyser. À cet égard, elle retient, entre autres, l’attention accordée à la complexité du processus identitaire, à la multiplicité des pôles d’appartenance et aux problèmes posés par la représentation, notamment concernant la diversité des femmes et le poids des groupes minoritaires. L’auteure considère qu’une nouvelle analyse doit émerger, libérée des modèles théoriques traditionnels, ce qu’elle appelle le « mode de pensée déjà encodé » (p. 25), cette analyse puisant à la source, soit dans la multiplicité des discours féminins sur la question. Dans un premier temps, Maillé démontre qu’au Québec la majorité des interventions des femmes dans les débats constitutionnels s’est réalisée non pas dans les arènes constitutionnelles officielles, mais par l’entremise des organisations féminines. Ces dernières ont donc joué, et jouent encore, un rôle fort important de représentation politique et elles ont été très engagées lors des moments clés des débats constitutionnels, que ce soit le rapatriement de la Constitution, l’Accord du Lac Meech, l’Entente de Charlottetown ou le deuxième référendum sur la souveraineté du Québec. L’auteure retrace ainsi les diverses prises de position des femmes et dégage certains points de convergence : les groupes s’investissent dans les débats afin de promouvoir des améliorations concrètes des conditions de vie des femmes, dans l’espoir de modifier leur quotidien. Par ailleurs, les femmes s’insèrent dans le débat à partir de leur propre expertise. De plus, leurs prises de position se situent souvent à l’extérieur du débat partisan, soit de la polarisation quasi obligée entre les adeptes de l’une ou l’autre des options constitutionnelles. Pour les femmes, tout nouveau projet de société passe nécessairement par des principes d’égalité réelle entre les hommes et les femmes. Finalement, le mouvement des femmes a démontré une réelle volonté de représentation de la diversité des femmes et des groupes minoritaires, même si cette volonté reste bien souvent imparfaite. Dans un deuxième temps, l’analyse des entrevues réalisées auprès de 30 femmes permet à Maillé de confirmer ses deux hypothèses (p. 39) : Par exemple, certaines femmes définissent leur identité en fonction de concepts plus classiques comme le genre ou le territoire, tandis que, plusieurs insistent aussi sur leur profession, leur communauté d’idées et que d’autres encore refusent toute catégorisation. Il devient donc clair que les catégories normatives utilisées pour réfléchir à l’identité, notamment le groupe ethnoculturel et son niveau « d’enracinement », ne conviennent plus. Enfin, Maillé se questionne sur les raisons expliquant la sous-représentation des femmes dans la politique institutionnelle. Selon elle, le faible pourcentage de femmes présentes découle d’une forme de discrimination systémique au sein des institutions : De plus, les maigres résultats obtenus par les mesures …

Appendices