Comptes rendus

Rikke Schubart et Anne Gjelsvik (dir.) Femme Fatalities, Representations of Strong Women in the Media. Göteborg (Suède) Göteborg University, 2004, 232 p.[Record]

  • Mira Falardeau

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  • Mira Falardeau
    Cinéma et communication
    Cégep de Limoilou

Depuis les années 90, on a vu apparaître dans les jeux vidéo, les films et les émissions télévisées des personnages féminins occupant des rôles traditionnellement réservés aux garçons. Des femmes de pouvoir certes, mais également des femmes d’action et combattantes dans des jeux vidéo violents, des films d’aventures, des films de guerre, bref dans des bastions masculins. On ne sait plus trop que penser de l’apparition de ces héroïnes étonnantes ; faut-il se réjouir de voir enfin les modèles des femmes faibles, des pin-ups et des sages épouses remplacés par des personnalités plus dynamiques ou se scandaliser du fait que ces êtres ambigus ont été inventés avant tout pour des publics mâles en soif de fantasmes ? Ces représentations posent donc tout d’abord des problèmes quant aux contenus, des genres hybrides aux phénomènes d’identités et d’identifications, de plaisirs et de violence. Puis il faut se questionner sur la réception de ces films et émissions par un public féminin ou de très jeunes filles. Schubart et Gjelsvik font tout d’abord le tour de la littérature traitant de ce sujet délicat depuis les années 90. Ainsi, Clover (1992) met en garde contre la vision idéaliste qui voit dans ces femmes fortes des femmes libérées de leurs chaînes et qui ont désormais tous les pouvoirs dans l’inconscient collectif. Tasker (1998), par contre, ouvre de nouvelles perspectives en suggérant que les publics féminins se réapproprient de l’intérieur ces territoires traditionnellement mâles et se laissent pénétrer par la fascination qu’opèrent ces belles femmes aux superpouvoirs. Puis, plusieurs autres auteurs sont commentés à la lumière de ces deux positions. On voit que l’ambiguïté s’est transportée dans le champ d’études et que les deux visions vont s’affronter dans les exposés. Le recueil est divisé en trois sections. La première s’intitule « Les nouveaux médias et l’esthétique post-féministe » et explore les relations entre les nouveaux médias, les nouvelles visions de la recherche féministe et postféministe ainsi que les représentations archétypales des personnages féminins. Les documents analysés vont du film français Baise-moi (Fuck Me, Virginie Despentes/Coralie, 2000) au film allemand Cours Lola cours (Lola Rennt, Tom Tykwer, 1998), en passant par le film tiré du jeu vidéo Lara Croft, Tomb Raider (Simon West, 2001). Le dernier article de cette section apporte un éclairage particulièrement intéressant sur la course hypnotisante de la jeune Lola contre le temps (de CoursLola cours dont la photo de l’actrice Franka Potente fait d’ailleurs la page-titre du recueil) sous la plume de Kim Walden (Université d’Hertfordshire, Grande-Bretagne). Walden attire l’attention sur la structure narrative de ce film en trois volets, couplé d’extraits de dessins animés. Il évoque d’une manière quasi subliminale la structure des jeux vidéo où le joueur ou la joueuse peut sans cesse revenir en arrière et perdre « des vies » pour ensuite les récupérer. Walden montre comment le cinéma peut désormais subir l’influence des jeux vidéo, au point qu’ici le personnage féminin, actif et en mouvement du début à la fin du film, devient le pivot central qui va véritablement incarner le film. Le spectateur ou la spectatrice s’approprie le corps de Lola, s’insère dans sa respiration, dans le rythme de son coeur. La deuxième partie du recueil traite des « anciens » médias que sont les films et les émissions de télévision sous le vocable « La fiction ». Les films et séries aussi diverses que Courage under Fire (Edward Zwick, 1996), Buffy The Vampire Slayer (Joss Whedon) ainsi que Kay O’Brien, E.R. et Strong Medicine mettant en scène des femmes médecins sont analysés surtout sous l’angle des femmes pratiquant des métiers de pouvoir. L’article …

Appendices