Comptes rendus

Marie-Blanche Tahon (dir.) Actes du 4e Congrès international des recherches féministes dans la francophonie plurielle, t. I : « Des frontalières ». Montréal, Les éditions du remue-ménage, 2007, 184 p.[Record]

  • Chantal Maillé

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  • Chantal Maillé
    Université Concordia

En juillet 2005 se tenait à l’Université d’Ottawa le 4e Congrès international des recherches féministes dans la francophonie plurielle. Le tome I, « Des frontalières », est l’un des trois qui forment les actes de cette importante rencontre. Il regroupe les textes des douze conférences plénières prononcées lors de ce congrès. Le titre donné à ce recueil annonce un projet, soit celui de prendre le pouls des travaux réalisés par les féministes qui emploient le français comme langue de communication et de diffusion de leurs travaux sur le thème de la frontière. Dans son introduction, la responsable de l’organisation de ce congrès, Marie-Blanche Tahon, écrit que « cette métaphore des « frontalières » est aussi utile pour dire la fragmentation du statut des femmes » (p. 14). Parce que les femmes – et les féministes aussi – sont à la croisée des divers territoires sur lesquels elles restent minorisées, leur position de frontalières est susceptible d’enrichir leur perspective sur le quotidien et les questions qu’il suscite, peut-on lire dans le communiqué de presse qui annonce l’ouvrage. Dans l’allocution d’ouverture, Tahon propose un état des lieux du féminisme où elle fait valoir que des luttes pour la libération des femmes ont émergé des conséquences qu’elles n’avaient pas prévues. Si la prostitution devient le travail du sexe, énonce-t-elle, « comment ne pas admettre qu’être mère porteuse constitue un travail comme un autre? D’autant que des gays, au nom de l’égalité des droits, pourraient revendiquer la reconnaissance de leur droit à y avoir recours » (p. 23). La table est mise pour confiner le féminisme d’expression française dans un programme principal qui n’est pas sans rappeler celui d’une droite morale et religieuse, et ce, alors que le titre de l’ouvrage suggère une autre direction, celle de l’ouverture. Dans la même veine, la question de la prostitution est abordée à partir de l’a priori suivant (p. 17-18) : Les frontières qui organisent les territoires féministes sont ici posées sans que soit évoquée la multiplicité des positions de pouvoir et de privilège qu’occupent les femmes et les féministes le long de ces frontières bien réelles. La dimension francophone, qui constitue l’élément liant de toute cette entreprise, est trop brièvement mentionnée (p. 23-24) : Deux textes sur les technologies de reproduction ouvrent la marche. Hélène Rouch discute, entre autres, des implications du clonage, processus qui, dit-elle, génère une charge anxiogène liée à un sentiment de perte d’humanité déjà développée avec les nouvelles technologies de la reproduction (NTR), comme le possible accès à ces techniques pour les homosexuels (p. 31). Rouch semble ici rejoindre les positions de Tahon et l’on commence à sourciller en se demandant qui sont les femmes au centre du projet de libération de ce féminisme aussi ouvertement homophobe. Isabelle Lasvergnas signe le second texte sur le thème des NTR, dans lequel elle tente de circonscrire les répercussions éthiques qui sont ouvertes par la procréation médicalement assistée, en utilisant notamment la psychanalyse comme discours critique pour en mesurer les conséquences. Dans la partie qui suit, deux textes abordent les changements juridiques de la famille, l’un au Canada, l’autre au Maroc. Le texte de Claire L’Heureux-Dubé sur la famille à venir et en devenir porte sur l’évolution du droit de la famille au Canada et sur deux facteurs qui ont joué un rôle important dans ce processus, soit la Déclaration universelle des droits de l’homme, en 1948, de même que le droit constitutionnel. De son côté, Leïla Rhiwi relate l’historique de la réforme du Code de la famille au Maroc en faisant ressortir le rôle du mouvement des femmes dans ce processus. L’ouvrage …