Comptes rendus

Entretiens de Bernard Roy avec Louise Gareau, avec la collaboration de Judith Petitpas Louise Gareau, infirmière de combats.Collection « Infirmières, communautés, sociétés » Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2008, 138 p.[Record]

  • Johanne Daigle

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  • Johanne Daigle
    Université Laval

Il est bien rare qu’un ouvrage sorti de presses universitaires honore une personne de mérite. L’ouvrage intitulé Louise Gareau, infirmière de combats traite d’une infirmière inspirante, dans le sens où « sa trajectoire d’infirmière a sans aucun doute eu une incidence sur le devenir infirmier » (p. 138). Ce premier titre de la collection « Infirmières, communautés, sociétés » publié aux Presses de l’Université Laval ouvre un tout nouveau créneau dans le milieu franco-québécois. Si l’étude de la construction de la mémoire collective est dans l’air du temps, celle d’une mémoire infirmière faite de débats et de réflexions critiques sur les savoirs infirmiers au sein même des pratiques sociales, communautaires ou cliniques constitue un tournant salutaire. Dans cette optique, la collection dirigée par Bernard Roy se veut ouverte à divers genres littéraires (essais, recherches, récits, biographies) susceptibles de favoriser l’innovation. Cet infirmier, également anthropologue, soignant et chercheur engagé, professeur à la Faculté des sciences infirmières de l’Université Laval, s’est penché sur l’accessibilité aux soins de santé des populations marginalisées. On lui doit notamment Paroles et pouvoir de femmes des Premières Nations (Les Presses de l’Université Laval, 2005). Il signe ici des « Entretiens de Bernard Roy avec Louise Gareau », laissant pour l’essentiel la parole à une infirmière exceptionnelle. Pourquoi faire un ouvrage sur Louise Gareau? « Parce que son parcours d’infirmière est porteur d’enseignements et qu’il serait irresponsable de les laisser disparaître. Parce qu’on n’enseigne pas dans les livres des parcours infirmiers de la stature et de la nature du sien », souligne-t-il dans la conclusion (p. 135). Inspirant, ce petit bouquin de 138 pages étonne par sa facture, puis émeut par sa portée universelle. La table des matières laisse d’abord perplexe. L’amalgame des genres fait en sorte que l’on découvre le fil conducteur et le sens du propos au terme d’une lecture attentive. La crainte au premier abord qu’il s’agisse d’un récit héroïque sur cette profession qui en compte déjà plusieurs aurait mérité précision. S’il n’en est rien, la facture de l’ouvrage aurait gagné à être explicitée, en particulier quant aux choix méthodologiques. Dans ce mélange de propos de provenances diverses, au demeurant fort judicieux lorsqu’on se donne la peine d’observer la démarche empruntée, on retrouve un état de la question référencé et actualisé, ainsi qu’une esquisse de contexte historique rappelant plutôt naïvement quelques grands repères de l’histoire du Québec. Pour l’essentiel, l’ouvrage tient au récit de la trajectoire personnelle et professionnelle de l’infirmière (p. 9-111), bien que son récit conjugué au « je » soit entrecoupé de quelques chapitres d’autres provenances. Ceux-ci paraissent être associés au « contexte », lorsque le terme est mentionné en rubrique, bien que le contexte ne soit pas absent des propos de l’infirmière. On en saura un peu plus sur la manière dont le récit a été recueilli dans la conclusion de l’ouvrage. On devine quelques-uns des points abordés par la structure même du récit, centrée sur la pratique de l’infirmière au fil des ans. Le récit est suivi de sept témoignages (p. 113-135), solides et éclairants, et d’une brève conclusion, heureuse elle aussi, qui rappelle l’essentiel du propos. Une fois que l’on a apprivoisé cette structure qui paraît bricolée, le récit interpelle par sa force, sa franchise et son authenticité. Dès les premiers mots : « Je suis née à La Corne, un tout petit village de l’Abitibi » (p. 9), toute l’attention est retenue par la puissance évocatrice de la trajectoire personnelle de Louise Gareau, faite d’efforts et de convictions, d’indépendance d’esprit et de liberté de conduite. La capacité d’indignation de cette femme devant l’injustice est saisissante, en particulier devant …

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