Comptes rendus

Micheline Dumont, Le féminisme québécois raconté à Camille. Montréal, Les éditions du remue-ménage, 2008, 247 p.[Record]

  • Marie-Andrée Bergeron

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  • Marie-Andrée Bergeron
    Université Laval

L’architecture de l’ouvrage donne à penser qu’il a été construit spécialement pour répondre aux besoins pédagogiques de la démonstration. Les 5 parties et 34 chapitres sont organisés chronologiquement et de façon que la lectrice ou le lecteur comprenne bien les points charnières du féminisme au Québec selon les époques, certes, mais aussi, et peut-être surtout, au fil des luttes menées, des organisations créées ou des actions engendrées. L’histoire que raconte Dumont se trouve donc balisée non seulement par des enjeux historico-politiques souvent prédéterminés (comme la crise économique ou la Seconde Guerre mondiale, par exemple), mais également par des repères propres à l’histoire des femmes et à l’évolution du féminisme. Or, cette structure sert aussi le propos; il s’agit de démontrer que la révolution féministe s’est construite par et pour les femmes de manière autonome. Les luttes n’ont donc pas été menées parallèlement aux autres événements de l’actualité, mais y sont intégrées. Le chapitre onze, qui traite de l’époque où sévit la crise économique, est éloquent à cet effet (p. 71) : Le ton employé donne l’impression que l’auteure parle directement à sa lectrice ou à son lecteur; la narration personnelle, ponctuée d’exclamations et d’interrogations rend le récit vivant, dynamique et plus vrai, plus accessible (p. 22) : Ainsi, de fil en aiguille, d’une lutte à l’autre, l’histoire du féminisme québécois est racontée, dans une langue simple, à travers un texte où Dumont interpelle parfois directement son lectorat (p. 231) : Le tour de force que réussit Dumont est de faire constamment un aller-retour entre le passé et le présent pour que le lectorat visé, soit les jeunes du XXIe siècle, ait aussi des repères et puisse comparer, pour comprendre véritablement, l’histoire qui lui est racontée. Le prologue, l’interlude et l’épilogue sont très efficaces en ce sens, car l’auteure y décrit le mode de vie typique d’une jeune fille de 17 ans durant les années 1890, 1940 et 2000. Grâce à ces parties du texte, les jeunes peuvent constater plus concrètement les avancées qu’a engendrées la révolution féministe dans le quotidien des femmes. Ainsi, l’auteure rend plus légitime encore cette révolution aux yeux des jeunes filles, car elles peuvent jauger, par elles-mêmes, l’importance des progrès effectués. Cependant, Dumont donne aussi à comprendre la reconduction de certaines inégalités à travers les époques en montre que, malgré la rumeur actuelle qui tend à faire croire que tout est réglé, que le féminisme a fait le travail jadis et n’a plus vraiment sa place, certaines revendications sont encore nécessaires, essentielles (p. 222) : À la suite de cet extrait, Dumont donne des exemples de débats contemporains : la pornographie, les travailleuses du sexe, l’hyper-sexualisation des jeunes filles, le voile islamique. Puis elle ajoute avec aplomb, et citons-la pour terminer (p. 226) :