Comptes rendus

Michèle Charpentier et Anne Quéniart (dir.), Vieilles, et après! Femmes, vieillissement et société. Montréal, Les éditions du remue-ménage, 2009, 295 p.[Record]

  • Hélène David

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  • Hélène David
    Université de Montréal

Dans leur introduction, Michèle Charpentier et Anne Quéniart soulignent que la majorité de la population âgée actuelle est de sexe féminin, fait rarement pris en compte. Elles visent, par cet ouvrage collectif, à joindre une analyse féministe, centrée sur les inégalités de genre dans des sociétés patriarcales, à une approche qui privilégie l’analyse de différents types d’exclusion et d’inclusion sociales. Associer le genre à d’autres facteurs personnels et sociaux permet non seulement de combler les lacunes discriminatoires à l’égard des femmes âgées, mais également, à leur avis, de souligner la diversité et la singularité tant de leurs identités que de leurs expériences et de leurs parcours de vie. Cinq chapitres qui traitent du rapport au corps (soi, santé, intimité) constituent la première partie. À la lecture de ceux-ci, fort disparates, les liens avec la problématique d’ensemble présentée en introduction ne sont pas toujours évidents. Les deux premiers chapitres, d’auteures du Québec, ont en commun d’analyser le rapport des femmes à certains médicaments dont l’usage renvoie à la construction sociale du genre féminin. Soit au moment de la ménopause, qui signale la fin de la période de fertilité des femmes, ou lors du grand âge, alors que la fragilité physique renvoie à la dépendance. Dans le chapitre sur l’hormonothérapie substitutive, Dufort et Martin-Pellerin relatent et analysent le développement historique d’actions de contestation féministes à l’égard du bien-fondé de cette thérapie, tandis que l’étude de cas portant sur 14 femmes de plus de 50 ans qui consomment des benzodiazépines, par Pérodeau, Gourd et Grenon, est centrée sur la dynamique entre des consommatrices individuelles de cette classe de médicaments et des médecins prescripteurs. Les deux chapitres qui suivent relèvent de l’esthétique. Dans l’un, Vannienwenhove explore au Québec les stratégies sexuées d’occultation (ou non) de la couleur de la chevelure de personnes vieillissantes, le blanc s’avérant un indicateur puissant de l’âge. Un sujet de réflexion en apparence superficiel qui renvoie en fait à de nombreuses normes sexuées qu’impose la construction sociale des sujets âgés. Dans l’autre chapitre, Navarro et Swain traitent de l’esthétique de soi sur un mode plutôt polémique. Leurs propos se déploient à partir d’une perspective foucaldienne et analysent des textes normatifs à l’égard des femmes. Dans le dernier chapitre de cette partie, Chamberland et Petit mettent en relief des enjeux au Québec concernant les lesbiennes vieillissantes, enjeux qui sont davantage centrés sur les rapports aux autres. Parmi les multiples interrogations qu’elles soulèvent, il y a, notamment, celles qui concernent des aspects contradictoires de certaines stratégies de lesbiennes vieillissantes qui balancent entre la différenciation (par le repli identitaire) et la non-différenciation (par leur invisibilité sociale acceptée ou recherchée). La seconde partie de l’ouvrage porte sur le rapport aux autres, à la société et aux institutions. Ses sept chapitres traitent tant de l’engagement et de solidarités que de résistances aux pratiques institutionnelles. Il y est également question de travail salarié et d’égalité économique. Cette section aurait aussi gagné à débuter par une présentation mettant en relief les liens entre ces problématiques spécifiques, notamment celle de la construction sociale qui est très présente, aux problématiques qui sont exposées dans l’introduction, ce qui aurait ainsi permis d’intégrer davantage les différents chapitres aux problématiques annoncées. Pennec fait une analyse secondaire de plusieurs résultats d’enquêtes réalisées en France qui lui permet de mettre en rapport les types et les modalités d’engagement de femmes avec leurs parcours de vie (bien qu’elle compare des sujets dont l’âge diffère et non pas les mêmes sujets à des âges différents). Elle réussit ainsi à rendre visibles la pluralité et la complexité de leurs engagements. Quéniart et Charpentier traitent aussi de l’engagement, …