Comptes rendus

Françoise Picq, Libération des femmes, quarante ans de mouvement. Brest, Éditions-dialogues.fr, 2011, 532 p.[Record]

  • Chantal Maillé

…more information

  • Chantal Maillé
    Université Concordia

L’année 2010 a marqué les 40 ans du mouvement de libération des femmes (MLF) en France. Nombre de colloques, d’événements et de publications ont permis de souligner cet anniversaire. La réédition revue et augmentée de l’ouvrage de Françoise Picq, Libération des femmes, les années mouvement, paru en 1993, s’inscrit dans cette célébration des 40 ans du MLF et veut témoigner de l’histoire récente du féminisme français. Elle illustre cette volonté de transmettre, de poursuivre le dialogue, de passer un témoin et d’ouvrir des pistes pour l’avenir (p. 10). Cette nouvelle édition est enrichie de trois chapitres qui abordent les combats, les débats et les actions du féminisme français de 1970 à 2010. Signe que nous sommes bien au XXIe siècle, l’ouvrage est également publié en version numérique, et l’achat de la version papier y donne accès. On regrettera l’absence d’index, outil fort pertinent dans ce genre de publication. À sa première parution, le livre avait fait l’objet d’un compte rendu signé par Huguettte Dagenais dans la revue Recherches féministes. Cette dernière écrivait alors que Françoise Picq avait vraiment su resituer l’ambiance, le climat, les problématiques de l’époque du MLF parisien (Dagenais 1995 : 176). Près de vingt ans donc après la première publication, cette réédition permet d’inscrire l’exercice original dans l’histoire récente. Les 25 chapitres de l’édition de 1993 décrivent et analysent les moments forts du MLF en prenant l’année 1970 comme point de départ. Le travail de consignation minutieuse opéré par Françoise Picq permet de retourner dans le temps pour comprendre ce qui a animé le MLF durant ces années. La première partie, intitulée « Le temps des découvertes », regroupe une série de textes qui resituent les grands combats qui ont fait émerger le MLF en tant que mouvement social autonome. Le premier chapitre, « Libération des femmes : années zéro », retrace les noms des groupes et des militantes qui ont, dans le contexte de l’après Mai 68, fait émerger le nouveau féminisme français. D’autres textes de la première partie portent sur les luttes les plus marquantes, dont la lutte pour l’avortement libre et gratuit. Dans le sixième chapitre, « Notre ventre nous appartient », l’auteure rappelle les événements autour de la revendication pour l’avortement libre et gratuit : la publication du Manifeste des 343, en 1971, et, la même année, la manifestation « Les femmes dans la rue, pas dans les cuisines ». Le chapitre intitulé « Révolution dans la révolution » examine les dynamiques qui ont opéré entre le MLF naissant et la gauche de l’après Mai 68, rappelant comment tout un pan de cette gauche a décrété le non-statut de la question des femmes pour ne donner priorité qu’à la lutte des classes. Le mouvement des femmes qui prend forme autour de ces débats refuse tout compromis (p. 125) : La deuxième partie, « Le temps des contradictions », témoigne des débats et des tensions qui ont animé le féminisme français des années 70 aux années 90. Picq s’intéresse ici à l’histoire de trois mouvances qui s’identifient au MLF et qui s’opposent par les idées qu’elles mettent en avant : les féministes révolutionnaires; la psychanalyse et la politique; et la tendance vers la lutte des classes (p. 239). L’époque est au débat permanent sur la place de la lutte des femmes dans la lutte des classes (p. 279). Par ailleurs, les débats autour de la question du viol permettent au mouvement de s’unir malgré les divisions (p. 291). Les trois derniers chapitres de la deuxième partie abordent le MLF à travers le changement qui s’opère au sein de la société française …

Appendices