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Depuis les années 90, la violence exercée par les femmes suscite de nombreux débats (Tutty, Babbins-Wagner et Rothery 2017 : 1). Pour certaines personnes, cette violence s’inscrirait dans un rapport symétrique et analogue à celui des hommes (Dutton, Hamel et Aoronson 2010 : 13). D’autres, se situant dans une perspective féministe, s’opposent à cette vision qui ne tient pas compte des facteurs structurels associés à la violence (Damant et Guay 2005 : 128; Dragiewicz et Dekeseredy 2012 : 1011; Johnson 2011 : 290). En effet, bien que l’approche féministe critique l’approche symétrique, ses adeptes ne nient pas le fait que les femmes peuvent aussi exercer de la violence (Tutty, Babbins-Wagner et Rothery 2017 : 2). On soutient toutefois la nécessité de placer le genre au coeur de l’analyse pour ne pas invisibiliser le fait que les femmes occupent socialement et historiquement des positions inégalitaires. En outre, la question de la fréquence des comportements violents, des motifs invoqués et de leurs conséquences est centrale dans l’analyse féministe (Tutty, Babbins-Wagner et Rothery 2017 : 2). Ainsi, des études soutiennent que la violence des femmes s’exerce davantage dans un contexte de légitime défense (Johnson 2011 : 290; Tutty, Babbins-Wagner et Rothery 2017 : 2), alors que la violence, définie comme du contrôle coercitif, serait plus souvent le fait des hommes (Tutty, Babbins-Wagner et Rothery 2017 : 2). Enfin, des études suggèrent aussi que le profil des femmes qui exercent de la violence présente plusieurs similitudes avec celui de femmes qui en sont victimes (Tutty, Babbins-Wagner et Rothery 2017 : 3), notamment divers symptômes élevés associés à des problèmes de santé mentale (Tutty, Babbins-Wagner et Rothery 2017 : 3).

Cela dit, dépassant l’idée de la violence qui se produit dans un contexte de légitime défense, plusieurs études reconnaissent que des femmes exercent de la violence, mais soulignent que peu de programmes de réhabilitation leur sont offerts (Tutty, Babbins-Wagner et Rothery 2017 : 1). Damant et autres (2014) ont recensé 19 programmes pour des femmes qui ont des comportements violents, dans leur couple ou dans d’autres relations. Bien que la majorité des programmes aient initialement été élaborés pour des hommes, quelques-uns l’ont été précisément pour les femmes. Ces derniers mettent l’accent sur le changement social, soit l’idée d’agir non seulement sur les changements individuels, mais aussi sur la socialisation des femmes. Cette visée du changement social contribuerait favorablement à la diminution des comportements de violence; cependant, peu de ces programmes ont fait l’objet d’une évaluation (Damant et autres 2014 : 201). C’est dans ce contexte que le programme d’intervention Violente, moi? Explorer, décider, agir autrement – Mieux intervenir auprès des femmes qui exercent de la violence a été mis au point en 2010 par une équipe composée de travailleuses des organismes Relais-femmes et L’R des Centres de femmes du Québec[1] et de deux des auteures du présent article (Damant, Roy et Relais-femmes 2011 : 4).

Ce programme d’intervention s’inspire du féminisme intersectionnel qui analyse l’imbrication des axes de différenciation sociale (ex. : classe, genre, ethnicité). Selon les contextes, l’imbrication peut donc amener des situations de privilèges ou de subordination (Bilge 2009 : 16; Collins et Bilge 2016 : 10). Le programme comporte trois modules : violence, socialisation et conditions de vie. Le premier module a pour objet d’aider les participantes à comprendre la violence et de les amener à trouver des solutions de rechange à la violence pour ainsi assurer leur sécurité. Le deuxième module est axé sur la socialisation : il traite des valeurs et des stéréotypes en rapport avec les rôles féminins et masculins propres aux différentes cultures et tente d’amorcer une réflexion critique à cet égard. Cette dernière, qui se veut aussi féministe, accompagne les femmes vers une compréhension plus large de leur violence dépassant les analyses individuelles. Le troisième et dernier module veut favoriser une prise de conscience de l’impact de ce qui, dans les conditions de vie de ces femmes, se révèle propice à l’utilisation de la violence ainsi que le développement d’un réseau d’entraide et de solidarité (Damant, Roy et Relais-femmes 2011 : 4). En acquérant des connaissances sur la violence, en leur permettant de faire des liens entre la violence et la socialisation de même qu’entre la violence et les conditions de vie, ce programme soutient les femmes au fil de leur démarche de modification de leurs comportements dans une perspective de changement social.

Nous nous intéressons, dans le présent article, aux résultats concernant le module sur la socialisation. Nous ne voulons donc pas rendre compte des changements liés aux comportements violents des femmes, mais plutôt soulever leurs apprentissages et leurs réflexions par rapport aux attentes de genre. Après avoir présenté notre démarche méthodologique, nous mettrons en perspective les discours des participantes quant aux attentes de genre au début et à la fin du programme.

Démarche méthodologique

Notre recherche a été réalisée dans le contexte d’une recherche-action participative féministe. Le devis évaluatif a été conçu en collaboration avec des intervenantes qui avaient animé le programme et avec des femmes qui l’avaient suivi (Damant et autres 2014 : 202). Un comité, composé des représentantes de chaque partie engagée dans le processus d’évaluation (chercheuses, étudiantes, représentantes des milieux d’intervention, intervenantes et participantes au programme), a été formé dans le but d’évaluer le processus de la recherche. Bien que les méthodes positivistes soient généralement recommandées pour mesurer l’efficacité des programmes d’intervention, elles se révèlent limitées pour prendre en considération la perception et la signification accordée à l’expérience des participantes, ainsi qu’au contexte social et culturel dans lequel elles évoluent (McDermott 2009 : 104). Un devis principalement qualitatif [2] a donc été conçu pour répondre aux objectifs de l’évaluation. Les participantes ont été rencontrées au début et à la fin du programme afin de mettre en évidence les changements tels qu’elles les percevaient. Les résultats présentés dans notre article s’appuient sur les discours de 30 participantes ayant terminé le programme[3] relativement aux normes de genre.

Profil des participantes

Au moment des entrevues, l’âge des 30 informatrices variait de 20 à 71 ans (moyenne de 39 ans). Elles exerçaient majoritairement de la violence verbale et psychologique envers différentes cibles (enfants, conjoint, membres de la famille, amis ou amies, personne inconnue, animaux, elle-même). Plus de la moitié exerçait de la violence physique, mais aucune ne considérait que leur violence était d’ordre économique ou sexuel. Elles ont toutes subi de la violence dans divers contextes (ex. : famille, union, travail, école) et 21 d’entre elles ont été victimes de violence sexuelle.

Au total, 29 informatrices étaient citoyennes canadiennes et se désignaient comme « Québécoise » ou « Canadienne », alors qu’une était résidente permanente; deux femmes étaient racisées. Concernant l’orientation sexuelle, 24 femmes se disaient hétérosexuelles et 6 autres, bisexuelles. Pour ce qui est de l’état civil, 3 étaient divorcées, 14 étaient célibataires et 2 étaient veuves. Parmi les répondantes, 24 avaient des enfants (moyenne de 2 enfants) et 9 d’entre elles en avaient déjà perdu la garde à un moment particulier dans leur vie. En ce qui a trait aux études, 3 femmes avaient terminé un programme menant à l’obtention d’un baccalauréat; 10 avaient obtenu un diplôme d’études collégiales (DEC); 5, un diplôme d’études secondaires (DES); et 15 avaient amorcé leurs études secondaires, mais ne les avaient pas achevées. Du point de vue du travail, 17 femmes étaient sans emploi, 2 étaient retraitées, une se trouvait en arrêt de travail et 10 occupaient un poste, principalement dans le secteur tertiaire. Le salaire annuel moyen des répondantes était de 15 000 $, montant nettement sous le seuil de pauvreté[4].

Méthode de collecte et d’analyse des données

Chaque femme a été rencontrée à deux reprises par une des auteures de l’article dans le contexte d’une entrevue semi-dirigée. Avant le début du programme, les entrevues portaient sur la violence, et leur compréhension des attentes de genre liées à la ou à leur féminité et maternité, ainsi que sur leurs conditions de vie. À la fin du programme, les entrevues étaient axées sur leur perception des changements vécus en rapport avec les objectifs du programme et leur compréhension des éléments les favorisant.

Toutes les entrevues ont été enregistrées, retranscrites intégralement et anonymisées. Les données ont été analysées à l’aide du logiciel NVivo selon la méthode de codification thématique (Paillé et Mucchielli 2012 : 231). Cette méthode permet d’identifier et de classer le contenu des entretiens selon des thèmes en vue d’opérations ultérieures de comparaison, de contextualisation et d’interprétation. À cet égard, une lecture flottante a d’abord permis de faire ressortir le sens général des discours et de prêter attention particulièrement au contenu lié aux objectifs de recherche. La codification a été réalisée par une des auteures. Des rencontres fréquentes avec deux des auteures ont eu lieu tout au long du processus et ont mené, entre autres, à des changements à l’arbre de codes pour s’assurer de la qualité des catégories. Les explications quant aux attentes de genre ont été regroupées en douze catégories qui mettaient en lumière les différentes façons dont les participantes se concevaient en tant que femmes (rapports aux enfants, au travail, au corps et à la sexualité, au conjoint, à la santé, conceptualisation naturelle ou sociale des comportements genrés, etc.). Comme les questions sur les rôles de genre étaient larges, les participantes les ont abordées de diverses façons. Trois sous-groupes ont été constitués en fonction des objectifs du module sur la socialisation. Finalement, l’analyse au temps 2, lors d’une deuxième entrevue qui avait lieu après la complétion du programme, a été produite avec la même logique, en mettant l’accent sur les changements dans les propos des femmes.

Résultats

Trois sous-groupes (A, B et C) ont été constitués à partir des positions plus ou moins critiques des participantes par rapport aux attentes de genre.

Groupe A : Reproduire les modèles dominants ou y adhérer sans les reconnaître ni les remettre en question

Parmi les répondantes, 4 femmes ne reconnaissent pas et ne remettent pas en question l’existence des attentes liées au genre (groupe A). Elles conçoivent les hommes et les femmes comme biologiquement différents ayant des responsabilités propres à leur sexe.

Pour ces répondantes, femmes et hommes répondent à des caractéristiques émotionnelles et physiques différentes, voire en opposition, sans pour autant être négatives. Les deux sexes sont situés à des pôles distincts, souvent perçus comme complémentaires. Sur le plan physique, les femmes paraissent moins fortes que les hommes, mais accordent une grande importance à leur apparence et sont vues comme naturellement coquettes :

Hommes et femmes, ben… il y a des affaires différentes. Oui, c’est sûr. Tu sais, les hommes aiment plus aller [au] gym. Les femmes aiment plus se maquiller, prendre soin d’elles […] [Les hommes] sont plus forts physiquement.

Janine, 20 ans

Pour ces répondantes, les hommes sont naturellement plus agressifs que les femmes : « C’est plus normal qu’un gars soit plus agressif qu’une femme » (Janine, 20 ans). Plusieurs caractéristiques de la féminité hégémonique (ex. : patience, douceur, tendresse) sont présentes dans leurs discours (Guyon 2008 : 14) :

C’est parce qu’on n’est pas pareils […] La femme est beaucoup plus douce que l’homme […] on est plus douces, on est plus patientes. Pas mal, ça […] on est plus amoureuses. Franches. Mais un homme,… c’est un homme.

Gisèle, 71 ans

Il y a aussi dans le discours de ces participantes un alignement entre la féminité et la maternité : être une femme, c’est d’abord et avant tout être une mère. Ce rôle se présente tel un devoir, même une obligation naturelle : « Une femme c’est quelqu’un qui est là pour ses enfants. Moi, j’ai été là pour mes enfants, et là je ne le suis pas. Fait que c’est pesant » (Camille, 25 ans).

Pour les femmes du groupe A, le genre est un donné immuable. Femmes et hommes sont fondamentalement différents et ont des rôles spécifiques et complémentaires; selon ces participantes, les différences ne sont pas des inégalités, mais sont considérées comme biologiques ou vues comme allant de soi.

Groupe B : Être conscientes des inégalités, mais contraintes de les reproduire

Une majorité de participantes ont relevé dès la première entrevue des attentes de différenciées de genre. Cependant, plus de la moitié (n = 14) se sentent contraintes de reproduire, du moins partiellement, les attentes de genre ou d’y adhérer (groupe B).

Comme celles du groupe A, la plupart des participantes du groupe B conçoivent les deux sexes comme fondamentalement différents. Cependant elles insistent davantage sur les inégalités qui en découlent et en soulignent les conséquences négatives, difficilement modifiables, pour les femmes. Ces attentes sont perceptibles dans diverses sphères de leur vie, et il leur est très difficile de ne pas y répondre.

La conciliation travail-famille semble souvent complexe et lourde à gérer. Certaines participantes considèrent qu’il est impossible à l’heure actuelle de trouver des solutions pour alléger leurs responsabilités :

Oui, ben je pense que la femme subit toujours des pressions. Tu as des enfants, tu as une maison, tu as un mari ou tu as un conjoint. Euh, faut que tout, tout marche... Il y a les devoirs des enfants, il y a les soupers, il y a les ménages. Les fins de semaine, ben c’est ça, c’est « cours ici », « fais les magasinages ». C’est des superwomen. On est des êtres humains, pis on ne devrait pas être superwomen.

Jacynthe, 61 ans

Qu’elles travaillent à l’extérieur du foyer ou non, plus de la moitié des participantes se sentent prisonnières des tâches domestiques. Bien que certaines d’entre elles aient tenté de les partager avec leur conjoint ou encore leurs enfants, elles se sentent obligées de les faire et en demeurent les principales responsables :

Le linge qui était bien lavé, qui était bien propre, on ne se le fait pas dire. Mais le linge qui a eu une tache d’eau de Javel dessus ou qu’il y a du minou dessus, ça [accent], tu te le fais dire. Ce sont toutes ces petites choses-là, mais tu vas te faire traiter de chialeuse si tu leur dis quelque chose.

Mireille, 42 ans

Pour certaines, il est impossible de remettre en question les normes liées à la maternité. Le fait de devoir souvent s’occuper des enfants seules, et ce, même en présence du conjoint, provoque une grande pression qui les empêche de prendre du temps pour elles. Toutes les participantes qui ont des enfants (n = 11) constatent que ce rôle occupe souvent toute la place dans leur vie : « Ça, c’est une bonne question, parce que je l’ai oubliée, la femme. J’ai... C’est plus “ Mes enfants, mes enfants, mes enfants... ” Pis moi, là-dedans, je m’oublie » (Nathalie, 33 ans).

Pour 4 participantes, les normes de genre liées à l’apparence physique se font lourdement ressentir. Les femmes sentent l’obligation de performer une féminité normative (être mince, se maquiller, être bien mise, coiffée, etc.), et il est difficile d’y échapper :

Moi, j’ai été élevée avec l’image de la femme parfaite taillée par la société comme on devrait toutes être des mannequins, pis je crois que ça aussi c’est une violence non dite. Moi, en tant que femme, je me suis battue, il me semble toute ma vie, pour être justement la femme parfaite qui était montrée à la télévision pis qu’il fallait qu’elle pèse 100 livres, 36, 24, 36, pis qu’elle soit toujours bien maquillée, toujours bien coiffée et… je trouve que c’est beaucoup demander aux femmes. On n’en demande pas tant, il me semble, aux hommes. Fait qu’être femme aujourd’hui, je trouve que c’est difficile.

Delphine, 48 ans

Pour une autre participante, les femmes vieillissent moins bien et doivent dissimuler leur âge (ex. : se teindre les cheveux), alors qu’il est plus admis qu’un homme montre les marques physiques de son âge qui, dans leur cas, est vu de façon positive.

Les participantes ont aussi discuté de l’obligation de satisfaire les hommes sexuellement. Selon 2 d’entre elles, les hommes auraient habituellement des besoins sexuels plus importants que les femmes, et ces dernières se sentiraient obligées d’y répondre. Une participante avance que cela est motivé par une peur de se faire tromper par son conjoint :

Je dirais disponible, malgré qu’on a passé une journée qui est très épuisante, si l’homme, il veut, il faut que tu le donnes parce que tu vas voir qu’il va aller ailleurs. Et ça, c’est une autre raison pourquoi je suis ici, tu en parles, depuis que je suis tombée malade, il n’y en a pas. Ça fait que je commence à sentir la pression, je commence à, à paniquer, à avoir de l’anxiété, de l’angoisse. Ça fait que là je sais que je retombe dans le pattern de quand il sort, est-ce qu’il a été…?

Denise, 45 ans

Selon les participantes de ce groupe, la société offre moins de possibilités et de modèles pour les femmes. En bref, il semble difficile pour les femmes de sortir des moules, notamment au niveau professionnel :

Il y a toujours un homme pour nous dire : « Oui, mais il ne faut pas oublier les… la nature », tu sais. Ah, la nature. La nature! Oui, c’est sûr que les femmes aiment ça, aiment peut-être plus faire le ménage que de faire… la plupart, plupart, que de faire de la construction. Bon, la nature est ainsi faite. Oui, mais s’il y en a une, qui veut en faire, elle, de la construction. Aimerait-elle ça que son chum lui dise : « Ah, mais non, ne touche pas à ça. Tu vas briser tes ongles. Ah, non, non. Tu ne seras pas capable »? Non, là. Tu sais, je veux dire, c’est tous ces préjugés-là.

Barbara, 31 ans

Groupe C : Critiquer et refuser les attentes de genre

Parmi les répondantes, 12 ont manifesté leur désaccord total ou partiel envers certaines normes de genre, et ce, en utilisant divers arguments et en relatant des expériences variées. Certaines suggèrent ou expérimentent des modèles alternatifs.

La majorité réagit aux normes traditionnelles et considère qu’il est inadmissible que les femmes soient les uniques responsables des tâches domestiques : « C’est de dire : “ Toi, tu es à la cuisine. ” Bon, pis il fallait élever les enfants, faire à manger, pis… c’est tout. Non, ça ne marche pas de même » (Christine, 53 ans).

Deux femmes reconnaissent les pressions liées à l’apparence physique et s’en détachent en négociant leur féminité selon leurs conditions et goûts personnels :

Non, ce n’est pas un facteur du tout, du tout, du tout. Si j’ai envie d’être « décrissée », je vais l’être […] Moi, le maquillage, les vêtements… Je m’arrange comme je le peux, et si vous n’êtes pas contents, ça me regarde.

Koralie, 37 ans

Résister à ces diktats ne se fait pas sans difficulté. Une participante, qui a longtemps ressenti l’obligation de performer cette féminité, a l’impression aujourd’hui d’avoir plus d’autodétermination en se détachant du regard masculin ou des attentes sociales :

Les pressions? Le regard des autres, la grosseur, le physique, la façon d’être. Pas mal ça […] J’ai déjà subi ça. Du fait que je me sentais tellement grosse, mais pourtant, je pesais juste 120 livres, mais dans le miroir, je me disais que j’étais plus grosse. Ça, c’est les pressions sociales. Ça, c’est une pression sociale qui finit par t’atteindre. Il y en a qui sont capables de “ on s’en fout ”, mais il y en a d’autres qui ont un petit plus de misère à accepter le fait que quelqu’un te regarde de travers. La pression sociale ne me dérange plus autant parce que je me suis dit que je vis pour moi et pas pour les autres. Si je m’aime moi, je m’en fous de ce que les autres me disent.

Aurélie, 29 ans

Quatre participantes ont parlé de leur souhait de s’affranchir de la domination masculine, vécue à travers le regard de leur conjoint ou à travers les pressions sociales qui renvoient aux femmes l’obligation d’être en couple avec un homme pour sceller et fortifier leur identité de femme (Rich 1982 : 20). Ces participantes ont discuté de leurs rapports complexes avec les hommes et de leurs stratégies pour modifier ces rapports oppressants. Une participante parle de pressions de son entourage pour se marier et avoir des enfants :

Oui, j’en subis pareil des pressions. La pression est de me placer les pieds et de ne pas rester vieille fille. Je ne veux pas rester vieille fille. Me marier, la pression… Mes cousines sont toutes mariées. Elles ont toutes des enfants. Ça, pour moi, c’est ma pression. Tu sais, moi, je n’ai pas de conjoint, je n’ai pas d’enfants. Ça me gosse […] maintenant, je suis une femme qui veut une carrière. Je suis une femme qui peut se bâtir toute seule.

Janick, 30 ans

Nos répondantes sont nombreuses dans ce groupe à soulever le caractère immature, irresponsable, sexiste et dominant des hommes et les aptitudes des femmes à faire preuve de patience, de tolérance, de sensibilité ou encore de persévérance. En bref, les femmes qui s’opposent aux normes de genre et tentent d’en modifier les contours entretiennent généralement une image plus positive des femmes et négative des hommes : « Un homme pour moi, c’est une preuve de dominance. Il veut le dessus sur une femme » (Aurélie, 29 ans).

Changements à la suite du programme

L’analyse des propos des participantes à la fin du programme met en évidence certains changements dans leur positionnement par rapport aux attentes de genre.

Groupe A

À la fin du programme, seulement une participante ne reconnaît pas les attentes de genre et adhère encore aux modèles dominants. Pour cette participante de 71 ans, les femmes demeurent naturellement plus douces et patientes et sont fondamentalement différentes des hommes. Elle reconnaît cependant le fait que certaines femmes qui travaillent à l’extérieur de la maison sont moins patientes : « Moi je dis qu’on est naturellement plus patiente. Il y en a qui ne le sont pas, remarque bien. Comme des femmes qui travaillent en dehors » (Gisèle, 71 ans).

Les 3 participantes qui se trouvaient dans le groupe A avant d’entamer le programme admettent désormais l’existence des normes de genre, mais elles ne se sentent pas menacées ni opprimées par celles-ci. Une reconnaît les stéréotypes genrés sans en être critique. Les 2 autres ont rendu plus explicite leur réflexion critique et constatent que les femmes subissent plusieurs pressions. Bien que ces participantes ne les ressentent pas personnellement, n’ayant pas vécu de sexisme ou n’ayant pas d’enfants, elles ne nient pas pour autant leur caractère potentiellement oppressant :

Je sais qu’à un moment donné je péterais une coche, pis à un moment donné tu dois faire tout toute seule. À un moment donné, c’est fatigant, mais c’est sûr que là pour le moment moi… Moi, je n’ai pas d’enfant, fait que… Tu sais, je ne le vis pas.

Janine, 20 ans

Ainsi, ces 3 participantes ont évolué différemment au cours du programme. Une participante se trouve maintenant dans le groupe B et atteint partiellement les objectifs du module sur la socialisation, alors que les deux dernières sont désormais dans le groupe C et ont atteint les deux objectifs liés à ce module.

Groupe B

Au début du programme, 14 participantes étaient conscientes des attentes de genre, mais se sentaient contraintes d’y adhérer. À la fin, 6 d’entre elles maintiennent un discours semblable, auquel s’ajoutent 2 des femmes initialement du groupe A : elles reconnaissent l’existence de ces stéréotypes et en ressentent encore les effets d’oppression dans leurs rapports avec leur partenaire, leurs enfants ou à leur propre égard.

Deux participantes initialement du groupe B avancent que les femmes et les hommes peuvent se séparer certaines tâches mais que, ultimement, les femmes demeurent celles qui sont le mieux habilitées à prendre soin des enfants et du domicile, et ce, pour des raisons naturelles. Leurs témoignages suggèrent qu’elles reconnaissent l’existence des rôles de genre, qu’elles les trouvent (partiellement) problématiques, mais qu’elles reproduisent ces attentes, car elles estiment ainsi répondre de manière plus appropriée aux tâches qui sont traditionnellement associées à leur sexe. En d’autres termes, ces participantes maintiennent un discours naturalisant sur les comportements liés au genre des individus et n’ont pas vraiment amorcé une réflexion critique quant aux normes de genre. Elles ont donc atteint partiellement les objectifs du module sur la socialisation :

Physiquement [les hommes] sont plus forts, mais mentalement ils le sont moins. Et c’est ce qui fait qu’on arrive à être un peu plus leader […] C’est nous qui fait qu’il y a une stabilité parce que, dans notre tête, on a une façon de penser qui est différente de l’homme qui fait que ça permet d’avoir une structure stable.

Julie, 22 ans

Les autres arguments soulevés par les participantes qui demeurent dans le groupe B sont liées à l’apparence physique, au mariage et à la maternité. Une participante précise que, même si le programme lui a permis de prendre conscience des attentes entretenues envers les femmes, elle a encore beaucoup de difficulté à se détacher de l’image de la « femme parfaite » qui performe une féminité normative :

Oui parce que, que ce soit dans une publicité ou quoi que ce soit, on voit toujours la femme parfaite, celle qui n’a pas de poils, des trucs de même. Moi j’aimerais ça être la femme parfaite, la femme mince et tout. Ça me joue [m’affecte négativement] beaucoup moi maintenant. Pis je pense aussi que ça nuit aussi aux petites filles qui commencent à développer des troubles. Je ne trouve pas ça correct.

Claudia, 26 ans

Une autre participante a souligné qu’elle est consciente des pressions exercées envers les femmes et qu’elle essaie de s’en détacher : elle reconnaît cependant qu’il est difficile de ne pas céder aux attentes liées à une forme de respectabilité incarnée dans la façon dont les femmes doivent se comporter. Cette figure de respectabilité qui est associée à la féminité a été plus largement théorisée par Gourarier (2016 : 600) qui rappelle les croisements souvent faits entre féminité et classe sociale. Ces intersections ne peuvent être mises de côté, la majorité des participantes venant de familles pauvres et vivant dans la pauvreté :

Moi, présentement je n’ai pas de famille encore […] et ma famille attend quelque chose. Je suis la plus vieille. Tu sais, je dois donner l’exemple... Une femme doit donner l’exemple. C’est plate, mais c’est de même…[et] ça m’affecte. Je trouve ça difficile donner l’exemple, mais il y a quand même certaines structures qu’il faut se tenir là parce que des fois ça fait dur. Comme une femme en état d’ébriété, ce n’est pas très beau… comme ça... Ce n’est pas beau non plus quand tu es trop vulgaire. Ça c’est des petits points que je n’avais pas remarqués. Je suis une chialeuse, pis je sacrais beaucoup. J’ai beaucoup diminué là. C’est un « sacrement » à chaque deux mots. Là, j’étais comme : « Wo, ce n’est pas beau. Ce n’est pas poli. Ce n’est pas propre. »

Janick, 30 ans

Finalement, 3 participantes font toujours partie du groupe B, car elles considèrent que les attentes liées à leur statut de mère sont trop importantes pour pouvoir faire autrement.

En somme, 8 femmes sont dans le groupe B après avoir terminé le programme. Elles ressentent encore beaucoup de pressions liées à leur statut de mère et de femme et elles ne se sentent pas toujours outillées pour résister au modèle dominant. Cependant, une majorité d’entre elles (n = 5) a développé une réflexion critique par rapport aux normes de genre et a, en ce sens, répondu aux objectifs liés au module sur la socialisation.

Groupe C

Initialement, 12 femmes se trouvaient dans ce groupe. Après avoir terminé le programme, 21 participantes y ont été classées. Elles reconnaissent l’existence des attentes de genre et tentent de s’en affranchir, du moins partiellement. Cette remise en question ou cet affranchissement des normes de genre se matérialise dans diverses sphères de leur vie et à différents degrés, passant de la reconnaissance à la militance.

Ainsi, 2 participantes considèrent que le programme a confirmé leurs discours sur les attentes de genre qu’elles avaient construits à partir de leur expérience personnelle liée à leur non-conformité en matière de sexualité, de métier non traditionnel ou encore d’apparence physique :

Ben, disons que... Le programme n’a pas changé mon idée là-dessus. Une femme, c’est un être humain qui a les mêmes droits que tous les autres. Pour moi, ça n’a pas changé, Moi, j’ai... Un être humain a le droit à tous les rêves qu’il veut réaliser. Il a le droit à tout. À condition que ça ne brime pas la liberté des autres.

Pauline, 55 ans

Pour 2 autres participantes, bien que les attentes de genre ne résonnent pas avec leurs réalités personnelles, elles considèrent que le programme a confirmé les difficultés vécues par la majorité des femmes et des mères, et leur a permis de développer une empathie envers les femmes, laquelle pourrait éventuellement se traduire par une forme de solidarité. Ces réflexions rejoignent d’ailleurs les objectifs généraux du programme qui portent sur les changements individuels dans une perspective de changement social :

Moi, je n’ai pas d’enfants, mais ce que je ressentais face aux autres femmes qui avaient des enfants, le poids semble très, très, très lourd sur leurs épaules ou sur leur carrière ou leur vie. Euh… elles prennent encore moins de temps que moi pour s’occuper d’elles… Moi, je trouve que la société, on dirait que les hommes ont encore une difficulté au partage des tâches, que ce soit avec ou pas d’enfant. Si on vit en couple aussi, mais moi, je n’ai rien de tout ça pour le moment.

Delphine, 48 ans

Pour d’autres participantes, les échanges avec les autres femmes et les activités consacrées à la socialisation leur ont permis de prendre pleinement conscience des attentes liées au genre. Plusieurs se sont autorisées à rejeter des pressions qu’elles avaient intériorisées, dans le désir de respecter leurs limites et de vivre davantage selon leurs capacités et non selon ce qui est attendu de leur part :

C’est drôle parce que, quand on a fait le tableau, on mettait plein d’affaires sur le tableau et, un moment donné, j’ai réalisé que c’est de la pression ça. Maintenant, j’ai le choix […] tu sais, avant, il y avait les attentes de la société, tout ça… Et là, ça fait comme : « OK, maintenant je peux choisir de ne pas répondre à ces attentes-là. » Je me respecte dans mes limitations et je dis : « OK, moi ça ne me satisfait pas cette pression-là. Je ne suis pas obligée de choisir ça. » Ça fait comme une tonne de briques qui est descendue par terre.

Chloé, 37 ans

Le respect des limites faisait parfois écho à un discours sur l’amour-propre. En effet, 3 participantes ont expliqué que le programme leur avait permis de développer une image plus positive de leur personne. À leur avis, il existe une multitude de modèles de féminité, et chacune est libre d’adhérer au modèle qui lui convient. Il s’agit d’apprendre à aimer ses différences malgré les attentes extérieures :

C’est surtout d’apprendre à m’aimer parce qu’il y a beaucoup de tabous dans la société d’être une femme, pis on a le droit de se faire respecter, pis ce n’est pas parce qu’on est une femme qu’on doit endurer n’importe quoi […] Moi… à cause de la maladie mentale, je remettais en question mon rôle de mère, mon rôle de femme, de conjointe, pis là ben ça m’a permis de réconcilier avec ces sphères-là, ces trois sphères-là de ma vie : la femme, la mère et la conjointe […] Je suis atteinte de maladie mentale. Je me dénigrais beaucoup à partir de ça. Là, je disais : « Ben regarde, tu n’es pas juste une maladie mentale. Tu t’appelles Sandra et c’est comme ça. » Ça, je le vis beaucoup mieux maintenant.

Sandra, 46 ans

Enfin, 3 participantes ont décrit la manière dont le programme, notamment le module sur la socialisation, les avait poussées à reconnaître qu’elles devaient prendre davantage soin d’elles-mêmes et parfois apprendre à se donner priorité, notamment par rapport à leurs enfants. Notons cependant que cet affranchissement (même partiel) de la maternité ne se fait pas sans difficulté :

Ça va être con à dire, mais cette fois, moi, d’être femme, c’est qu’il faut que je prenne soin de moi-même. Il faut que je lâche prise. Il faut que je lâche prise sur mes enfants, pas au complet, mais lâcher prise où il y a des choses que je ne peux pas changer, qu’eux il faut qu’ils le fassent eux autres mêmes. Qu’ils vont faire des erreurs eux autres mêmes […] C’est quelque chose que je ne faisais pas avant.

Denise, 45 ans

Discussion

L’objet de notre article est de rendre compte de l’atteinte des objectifs ciblant spécifiquement le module sur la socialisation d’un programme d’intervention pour des femmes qui exercent de la violence. Il s’agissait de voir si les participantes reconnaissaient les stéréotypes et les attentes de genre, et si elles avaient amorcé une réflexion critique sur ces dernières à la fin du programme. Une seule femme n’a pas atteint les objectifs liés au module sur la socialisation, cette participante ne rendant pas explicite dans son discours l’existence de normes de genre. Par ailleurs, 3 participantes, du groupe B, ont atteint partiellement les objectifs car, bien qu’elles reconnaissent l’existence des attentes de genre, elles ne les critiquent pas de façon explicite dans leur discours. En effet, elles conservent des discours naturalisant sur le genre et considèrent que les femmes sont mieux habilitées à entretenir certains rôles. Les 26 autres participantes ont atteint les objectifs, soit les 21 du groupe C et 5 du groupe B : bien que ces dernières se sentent encore contraintes d’adhérer à certains modèles qu’elles déplorent, elles ont amorcé un discours critique sur le sujet.

Plus des deux tiers des participantes étaient critiques par rapport aux rôles de genre avant de commencer le programme : 11 avaient fréquenté auparavant des centres de femmes, ce qui leur a peut-être permis de développer une réflexion critique. Elles avaient en effet déjà été exposées à des discours féministes soutenant une lecture critique du genre et des attentes qui y sont liées. Cette constatation nous amène à penser que les divers modules du programme pourraient être adaptés en fonction de la population cible y participant.

Quelques participantes se démarquent à la fin du programme par des discours plus assumés dans lesquels elles avancent avoir développé une meilleure acceptation de leur propre personne et plus d’empathie envers les autres femmes, ce qui pourrait éveiller un sentiment de solidarité. De plus, certaines ont approfondi leur réflexion critique en constatant la multitude de modèles de féminité et qu’elles pouvaient s’autoriser à choisir un modèle qui leur convenait personnellement. Ainsi, outre le fait de reconnaître les pressions et les attentes qui sont imposées aux femmes, ces participantes avancent qu’il y a différentes façons de vivre sa féminité et que l’amour-propre et le fait de prendre soin de soi-même sont des composantes fondamentales de l’épanouissement et du changement personnel.

À la lumière des résultats, il apparaît primordial de différencier la possibilité de développer un regard critique sur les normes de genre, d’une part, et d’apporter des changements concrets à la suite de cette réflexion critique, d’autre part. En effet, bien que la majorité des participantes aient atteint les objectifs du module sur la socialisation en reconnaissant les normes de genre et en amorçant une réflexion critique sur ceux-ci, il demeure difficile, à leurs yeux, de provoquer des changements concrets dans leur vie personnelle en rapport avec ces réflexions. Les contraintes de la vie quotidienne et les structures profondément sexistes des institutions rendent les changements ardus, voire parfois impossibles dans certains cas (Guyon 2008 : 14).

Comme nous n’avons recensé aucune étude évaluative sur un programme pour des femmes violentes qui ciblait précisément l’impact de la socialisation de genre sur la compréhension de la violence, nous ne sommes pas en mesure de comparer l’efficacité du programme que nous avons analysé à un autre qui aurait des visées similaires. En nous basant sur les récits des participantes, nous avançons cependant que le module sur la socialisation a contribué à développer leur réflexion critique sur les valeurs et les stéréotypes genrés. Nous reconnaissons également qu’il est difficile de saisir tous les changements en rapport avec ce module, car la plupart des participantes avaient déjà un regard critique avant même d’avoir commencé le programme.

En outre, une limite de notre étude est la taille restreinte de l’échantillon (n = 30) : nous n’avons pu rencontrer toutes les femmes qui ont participé au programme puisque leur inscription à ce dernier ne rendait pas obligatoire leur participation à l’étude évaluative.

La composition de l’échantillon est aussi une limite à prendre en considération. Afin de respecter la lentille intersectionnelle du programme, une attention particulière était initialement accordée, dans le module sur la socialisation, aux enjeux spécifiques vécus par les femmes racisées ou lesbiennes, ou les deux à la fois. Cependant, les discours des répondantes n’ont pas nécessairement été approfondis, notamment en raison de la nécessité pour les participantes de parler de réalités qui les touchaient plus personnellement, ces femmes étant majoritairement blanches et hétérosexuelles et n’étant pas concernées directement par des enjeux liés au racisme et à l’homophobie. Par ailleurs, des croisements entre les contraintes liées au genre et l’appartenance à une classe sociale défavorisée ont pu être mis en avant, compte tenu des situations de précarité dans lesquelles la majorité des participantes se trouvaient. Les intersections des axes de la sexualité, du handicap et de l’ethnicité n’ont toutefois pas été abordées en profondeur et mériteraient d’être explorées auprès de participantes qui partagent un vécu semblable en matière d’ethnicité, de sexualité ou encore de handicap afin de prendre en considération la pertinence de l’approche intersectionnelle par rapport à la compréhension du genre. Les résultats soulignent enfin les difficultés à apporter des changements individuels dans une société où les inégalités liées au genre sont encore omniprésentes.

Dans une optique d’intervention auprès de femmes qui exercent de la violence, ces réflexions entourant la socialisation sont nécessaires et novatrices, car elles contribuent à contextualiser la violence à l’intérieur d’un système plus large où les rapports entre les sexes se révèlent toujours inégalitaires. En sensibilisant les femmes aux attentes de genre, et plus largement aux oppressions systémiques auxquelles elles font face en raison de leur sexe, les participantes pourraient être en mesure de se positionner quant à ces attentes et d’adopter des conduites pour répondre davantage à leurs besoins. Cette prise de conscience pourrait les amener à faire des liens entre leur socialisation et leurs comportements violents et, ultimement, à instaurer des relations égalitaires.