Comptes rendus

Monique Frize, A Woman in Engineering – Memoirs of a Trailblazer. An Autobiography by Monique (Aubry) Frize, Ottawa, University of Ottawa Press, 2019, 308 p.[Record]

  • Michel Pigeon

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  • Michel Pigeon
    Université Laval

Les mémoires de Monique (Aubry) Frize se présentent en bonne partie sous la forme d’un journal. Suivant le fil de sa carrière, tant comme ingénieure spécialisée en génie biomédical (clinical engineering) que comme professeure d’université, elle nous présente sa contribution scientifique et l’accomplissement de sa mission personnelle pour favoriser la participation des femmes au domaine des sciences et génie ainsi que leur rétention. Frize raconte sa vie de pionnière (trailblazer) qui a voulu faire la promotion, non seulement au Canada mais aussi à l’international, d’un monde plus juste et égalitaire pour les femmes en génie, afin qu’elles puissent investir ce monde d’hommes, s’y sentir à l’aise, ne pas subir sans arrêt toutes sortes de formes de vexations et pour qu’elles soient en mesure d’y apporter leur pleine contribution. C’est principalement en s’engageant à fond, autant comme mentore auprès des jeunes femmes qu’au plus haut niveau des organisations, ou encore en créant les regroupements de femmes en sciences et génie, qu’elle devient une force vive de changement et la source de tout un réseau de soutien. Frize relate au passage ses nombreux voyages à l’étranger pour assister à des congrès, à des séminaires, à des rencontres professionnelles et scientifiques de même qu’à des réunions de comité, y donner des présentations ou animer, souvent en tant que présidente, les réunions d’organismes nationaux et internationaux. Son récit est parsemé d’anecdotes, et elle décrit même les voyages touristiques qu’elle faisait après les réunions avec son époux, Peter, qui l’accompagnait de temps à autre. Trois mots résument la vie professionnelle de Frize : énergie, talent, détermination. La somme de travail qu’elle a abattu est colossale, ses talents de chercheuse et surtout d’organisatrice et de communicatrice apparaissent exceptionnels, et sa grande détermination s’avère sans doute l’élément clé de sa carrière tout à fait hors normes. L’ouvrage de Frize comporte 30 brefs chapitres que l’on peut regrouper comme suit : Aînée de sept enfants, Frize naît à Montréal en 1942, mais la famille déménage à Ottawa quand elle a 6 ans, et c’est donc dans cette ville qu’elle fait ses études primaires et secondaires. À l’école, elle se passionne très tôt pour l’algèbre, la géométrie et la physique, même si elle lit les romans de la comtesse de Ségur et d’autres livres recommandés par ses parents littéraires (sa mère, Paule St-Onge, a tenu une chronique littéraire dans la revue Châtelaine pendant plusieurs années) qui, de toute évidence, l’ont beaucoup encouragée à étudier et à s’affirmer. Déjà, à cette époque, son énergie, sa détermination, sa curiosité ainsi que son amour des mathématiques et de la science sont manifestes. Frize a commencé ses études universitaires en chimie, mais sa rencontre avec Philippe Arvisais, qu’elle a épousé en août 1963, l’a incitée à se tourner plutôt vers le génie électrique. Celui-ci est malheureusement décédé dans un accident de voiture très peu de temps après leur mariage, et c’est donc comme veuve qu’elle a étudié, à l’Université d’Ottawa, dans un groupe où elle était la seule femme. Malgré l’atmosphère de misogynie et de sexisme latent qui régnait à ce moment-là dans les facultés de génie, elle a été plutôt bien acceptée par ses confrères et ses professeurs. Son refus d’un emploi d’été en 1962, parce qu’on lui offrait un salaire moindre que celui des garçons, est une bonne illustration de son caractère fort et déterminé. Par ailleurs, son voyage de fin d’études à l’été 1966 l’a menée, entre autres, à Barcelone où elle a pu « goûter » à la culture machiste, ce qui n’a fait que renforcer sa détermination de réussir dans un monde d’hommes. Le …

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