Abstracts
Abstract
This paper is primarily an attempt to isolate the determinants of trade union membership growth in Canada over the past six decades.
Résumé
Le taux de croissance du syndicalisme au Canada depuis le commencement du XX esiècle fut plutôt fluctuant. À des périodes d'expansion rapide, telles que celles de 1915 à 1916, de 1936 à 1937, de 1941 à 1944 et de 1946 à 1947 ont succédé des périodes de contraction marquée dans le nombre total des membres. Les deux dernières décennies ont été caractérisées par un taux de croissance relativement stable, quoique modéré. Le rythme de développement des syndicats au Canada n'est pas tellement différent de celui des États-Unis, mais on observe des variations significatives tant dans l'époque que dans l'ampleur des périodes d'expansion et des périodes de contraction.
Les plus importantes théories relatives au développement du syndicalisme sont celles qui furent mises de l'avant par Wolman et Bernstein. Les essais en vue de quantifier les déterminants de la croissance du syndicalisme mis au point par Hines au Royaume-Uni, ainsi que par Ashenfelter et Pencavel aux États-Unis n’ont obtenu qu'un succès relatif. Cet article a d'abord pour objet d'essayer d'individualiser les déterminants du taux de croissance du syndicalisme au Canada de 1911 à 1970 en retenant l'idée que les changements dans le nombre des effectifs syndicaux peuvent coïncider avec les modifications qui se produisent dans le degré de syndicalisation ou dans le nombre des unités syndicales. La variation des effectifs à l'intérieur des sections locales est déterminée par les fluctuations de l'emploi (ΔE) et par les variations du degré de dynamisme des dirigeants syndicaux dans le recrutement des membres (ΔS). L'accréditation de nouveaux groupes et, par conséquent, les changements dans les effectifs, dépendent du taux de chômage (U), du taux de l'inflation (AP), de la proportion de la main-d'oeuvre syndiquée (T) et des effets d'entraînement de la croissance des syndicats aux États-Unis (ΔMUSt ). On peut normalement s'attendre à ce que le mouvement syndical croisse en fonction de (ΔE, de ΔS, de ΔP et de ΔMUSet qu'il décroisse en fonction de U et de T.
Cet étalon fut vérifié au moyen d'analyses de régression à partir des statistiques annuelles au Canada pour les périodes 1911-70, 1911-39 et 1946-70. Étant donné qu'il n'était pas possible de quantifier le dynamisme de recrutement syndical (ΔS), on s'est servi à la place comme variable des fluctuations des statistiques en matière de grèves. Tous les coefficients obtenus confirment l'hypothèse dans l'analyse de régression pour la période 1911-1970 à l'exception des changements dans les taux d'emploi (ΔE) et des variations dans le taux de l'inflation qui ne sont pas significatifs. Pour la période 1911-1939, l'étalon laisse à désirer. Bien que tous les coefficients soient conformes à ce que l'on s'attendait, seuls le pourcentage de la main-d'oeuvre syndiquée (T) et l'effet d'entraînement du développement du syndicalisme aux États-Unis (ΔMUS) sont significatifs. En ce qui a trait à l'équation relative à la période 1946-1970, seuls les coefficients de la fluctuation de l'emploi (ΔE), du taux de chômage (U) et du pourcentage de la main-d'oeuvre syndiquée (T) sont significatifs, ce qui veut dire que, une fois le syndicalisme implanté, son développement repose principalement sur les conditions économiques et l'expansion de l'emploi. Le degré relatif de syndicalisation dans un secteur sembleexercer un effet modérateur sur le taux de croissance du syndicalisme. Bien qu'on ait soulevé l'hypothèse que la formation des syndicats soit dans une certaine mesure un moyen de protection contre la baisse du revenu réel, il n'y a guère d'indication concrète de cette tendance. Non seulement le coefficient du taux d'inflation (ΔP) est-il toujours sans signification, mais il est même négatif dans l'équation se rapportant à la période 1946-1970. L'impression générale qui se dégage de l'analyse, c'est que les déterminants du développement du syndicalisme dépendent d'un ensemble enchevêtré de facteurs juridique, politique, sociologique et économique.
La dernière partie de l'article traite du degré optimal de la syndicalisation. Si la syndicalisation réussit à accroître les salaires réels des travailleurs syndiqués, elle concourt d'une certaine façon à réduire les salaires réels de ceux qui ne le sont pas ou de réduire la part de la production revenant au facteur capital. Si la première proposition est vraie, l'expansion du syndicalisme peut mener à une certaine dévalorisation des avantages véritables. Ainsi, les travailleurs syndiqués peuvent-ils se sentir incités à freiner le mouvement de syndicalisation ou, du moins, à ne pas en favoriser la croissance. Si les syndicats, au contraire, font des gains aux dépens du capital, une plus grande expansion du syndicalisme peut favoriser jusqu'à un certain point le transfert du revenu national du facteur capital au facteur travail.