RecensionsBook Reviews

Skill-Biased Technological Change : Evidence from a Firm-Level Survey par Donald S. Siegel, Kalamazoo, Mich. : W.E. Upjohn Institute for Employment Research, 1999, 139 p., ISBN 0-88099-197-6.[Record]

  • Annette Dubé

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  • Annette Dubé
    Ministère de la Solidarité sociale, Québec

Depuis longtemps, les économistes se sont intéressés aux effets des changements technologiques sur la composition de la main-d’oeuvre et sur les salaires. L’ouvrage que le professeur Siegel vient de faire paraître s’inscrit dans ce courant. Il s’agit d’une monographie qui apporte des éléments d’explication à propos de deux tendances observées récemment, à savoir l’apparition sur une large échelle de programmes de réduction de la taille des entreprises et l’augmentation des inégalités salariales. Parce que ces tendances ont coïncidé avec un accroissement important des investissements en informatique, plusieurs auteurs ont cherché à les relier au phénomène appelé skill-biased technological change, c’est-à-dire un changement orienté par le fait que les travailleurs avec des niveaux élevés de formation sont favorisés aux dépens des travailleurs de plus bas niveaux. C’est aussi cette question qui intéresse Siegel. À cette fin, il examine d’abord les conséquences de l’introduction de technologies avancées de production — soit des technologies utilisant des ordinateurs pour coordonner les travailleurs et les machines sur l’ensemble des activités fonctionnelles — sur la composition de la main-d’oeuvre et sur la rémunération. Il s’intéresse ensuite aux stratégies de gestion de ressources humaines qui accroissent subséquemment le pouvoir ou la responsabilité de l’employé (empowerment). Pour mener à bien son étude, Siegel s’appuie sur une méthodologie diversifiée. En premier lieu, il fonde son analyse empirique sur une enquête détaillée conduite par un groupe de professeurs du State University of New York auprès d’entreprises manufacturières de Long Island et utilisatrices d’une technologie de ce type. En second lieu, il réalise quatre études de cas parmi ces entreprises. Exception faite pour l’introduction qui compose le premier chapitre, l’ouvrage comprend six autres chapitres. Un chapitre est réservé à une revue de la littérature, les trois suivants exposent le modèle économétrique ainsi que les résultats tirés des données de l’enquête, un cinquième résume les études de cas et, enfin, un sixième présente une synthèse des résultats de même que certaines répercussions politiques et quelques recommandations. Le chapitre deux passe en revue la littérature économique récente sur les changements technologiques qui favorisent, sur le plan salarial, les travailleurs avec un haut degré de scolarisation et de qualification. L’hypothèse de la non neutralité de ces changements paraît confirmée par un large corpus d’études empiriques, lesquelles ont employé des méthodologies et des mesures différentes, des niveaux d’agrégation variés — individus, usines, entreprises ou industries — ou, encore, ont été menées dans divers pays. Siegel regroupe ces études en deux types principaux : celles réalisées au niveau de l’industrie et celles effectuées au niveau de l’entreprise. Il souligne l’importance du développement de l’analyse empirique vers un croisement de bases de données portant sur les travailleurs et leur lieu d’emploi, c’est-à-dire les entreprises. Il signale quelques études réalisées à partir de tels fichiers mixtes qui ont produit des résultats plus nuancés, sinon différents, de l’interprétation courante qui veut que les nouvelles technologies entraînent des salaires plus élevés, principalement pour les plus hauts niveaux d’instruction ou de qualification. Alors que toutes les études relevées ont pris pour acquis l’homogénéité de la technologie, Siegel postule au contraire son hétérogénéité. Les chapitres trois, quatre et cinq décrivent le modèle économétrique et les résultats obtenus. La base de données utilisée provient d’une enquête réalisée à l’automne 1990 ; les observations de l’auteur couvrent la dernière moitié de la décennie 1980, soit la période de quatre ans qui s’étend de 1987 à 1990. Le modèle proposé porte sur six catégories de travailleurs ainsi que sur douze types de technologies avancées de fabrication, lesquelles sont regroupées en deux grandes classes, les technologies liées et les technologies intégrées. Les effets …