RecensionsBook Reviews

Le temps de travail de ceux qui ne le comptent pas par Bernhard Brunhes Consultants, sous la direction de Danielle Kaisergruber, Paris : Éditions d’Organisation, 1999, 206 p., ISBN 2-7081-2265-7.[Record]

  • Hedva Sarfati

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  • Hedva Sarfati
    Organisation internationale du travail

Titre provocateur, comme le fut la législation française en imposant à toutes les entreprises la réduction de la durée du travail hebdomadaire à 35 heures, et dont l’entrée en vigueur pour les petites entreprises de moins de 20 salariés pouvait être retardée jusqu’en janvier 2002. Mais plusieurs questions restaient en suspens pour l’application de cette législation — notamment, peut-on mesurer le temps de travail des cadres, et faut-il le distinguer de celui des autres employés ? Et dans ce cas, comment convient-il de le mesurer, de le définir, puis de le réduire ? Pour aborder ces problèmes, peut-on raisonner en termes de mission ou de forfait, comme cela est fait pour les gestionnaires, les commerçants ou les professionnels ? Comment mesurer la durée du travail des chercheurs qui réfléchissent à un nouveau produit ou procédé ? Ou des personnes qui n’ont pas de lieu de travail fixe ou de bureau et qui se déplacent d’un client à un autre ? Quelles sont les spécificités des cadres — concept difficilement traduisible dans d’autres langues car il recouvre des réalités très diverses ? En effet, si le diplôme caractérise en grande partie cette catégorie professionnelle, tous n’exercent pas de fonctions hiérarchiques. Par contre, où faut-il classer les agents de maîtrise qui font partie du personnel d’encadrement ? Quelle est en fait la place des cadres dans les entreprises et dans la société ? Voilà une série de questions pertinentes que pose l’auteur de cet ouvrage, en essayant d’y apporter des éléments de réponse. D’abord, en montrant les difficultés qu’il y a à cerner la réalité de cette catégorie professionnelle et de ses fonctions, qui, en France, correspond à un statut social plus qu’à des fonctions. Ensuite, en examinant la situation des personnes qui occupent des fonctions d’encadrement, de gestion ou d’expertise dans cinq pays, notamment en Allemagne, aux États-Unis, aux Pays-Bas, en Espagne et en Grande-Bretagne. La question de la durée du travail en général, en particulier concernant les cadres, se pose très différemment dans ces pays. Dans un premier groupe de pays, en Espagne, aux États-Unis et en Grande-Bretagne, la question ne se pose même pas. Dans ce dernier pays, qui a récemment intégré la directive européenne sur le temps de travail, le seul objectif en la matière est de limiter la semaine de travail à 48 heures, mais les contrats individuels peuvent toujours déroger à cette durée. Dans les cinq pays étudiés, les règles en matière d’organisation et de durée de travail sont établies par voie contractuelle, soit par les conventions collectives soit par contrat individuel. Il n’y donc pas de législation sur le temps de travail des cadres et la durée varie en fonction des secteurs d’activité, des entreprises ou des contrats individuels. Un constat : dans les entreprises qui ont fait l’objet de l’enquête, la majorité des « cadres » travaillent beaucoup, souvent au-delà de 45 heures hebdomadaires, mais avec des modalités de récupération (par exemple en Allemagne et aux Pays-Bas). L’auteur constate la diversité des modèles et des règles selon les pays et les entreprises en matière de congés annuels, d’amplitude de travail dans la journée (en Espagne, par exemple, une pause longue de déjeuner et des durées différentes en été et en hiver), d’horaire variable (flexitime), très répandu en Allemagne. Une nouvelle pratique s’est instaurée aux Pays-Bas avec un système « à la carte » qui permet aux cadres de moduler leur durée de travail en optant, en contrepartie, pour une compensation pécuniaire sous forme de compte épargne-temps dans un fonds de pension (formule qui intéresse beaucoup la Belgique actuellement), pour du temps libre, de la …