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Working for McDonald’s in Europe: The Unequal Struggle? par Tony Royle, London : Routledge, 2000, 248 p., ISBN 0-415-20787-8.[Record]

  • Gilles Marcoux

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  • Gilles Marcoux
    Université Laval

Eu égard aux structures de régulation nationale ou supranationale des régions où elles exercent leurs activités, les multinationales adaptent-elles ou imposent-elles leurs politiques de gestion en matière de relations du travail ? Les droits des travailleurs sont-ils ou non protégés par ces mesures de régulation ? Voilà les questions majeures qui guident cet ouvrage de Tony Royle dont la réflexion s’inspire des politiques de gestion en matière d’emploi qu’applique en Europe la multinationale McDonald’s. À partir de ces interrogations, l’auteur en arrive au constat suivant : le type de conflit émanant des divers systèmes nationaux de régulation entre le mouvement syndical et l’entreprise constitue le résultat inéluctable d’une lutte entre deux groupes d’acteurs d’inégales forces, compte tenu de la faveur dont bénéficie actuellement l’idéologie néolibérale dans le contexte de mondialisation économique. En ce sens, une société aussi puissante que McDonald’s parvient bien souvent à escamoter ces droits des travailleurs et à garder intact ses principes de gestion étroitement liés au libéralisme économique (comme son anti-syndicalisme), et ce, même sur le continent européen souvent perçu comme le dernier bastion occidental de la protection collective des droits démocratiques des travailleurs. D’une durée totale d’environ six ans, le travail de recherche de Royle débuta par un examen des pratiques en matière d’emploi de McDonald’s en Allemagne et au Royaume-Uni pour ensuite s’étendre à onze autres pays européens. Le travail empirique de cette étude s’inspira de diverses techniques de cueillettes de données telles que le dépouillement de statistiques officielles, des périodes d’observation participante et des entrevues réalisées avec la haute direction de la firme, les gérants de restaurants, les représentants syndicaux et les travailleurs. Outre les parties d’introduction et de conclusion, l’ouvrage de Royle se divise en sept chapitres principaux desquels émanent cinq thématiques : les grandes lignes de l’historique de McDonald’s, son expansion au-delà des frontières ainsi que sa structure et son organisation sur le marché européen (chap. 2) ; une description de son système de franchisés, de son organisation du travail et de sa culture d’entreprise (chap. 3 et 4) ; un examen des problèmes liés à la syndicalisation et à l’application de conventions collectives dans ses restaurants européens (chap. 5) ; une description des divers modèles législatifs nationaux européens concernant les droits de représentation et de participation des travailleurs sur leurs lieux de travail ainsi qu’une analyse des impacts de ces mécanismes légaux sur les conditions de travail des employés chez McDonald’s (chap. 6 et 7) ; une analyse d’une portion de la législation supranationale de l’Union européenne touchant les multinationales, soit celle portant sur les comités d’entreprise européens (chap. 8). De ces thématiques se dégagent trois idées centrales. D’abord, l’analyse portant sur le système de franchisés, l’organisation du travail et la culture d’entreprise de McDonald’s apprend au lecteur que les franchises constituent des entités indépendantes de la maison-mère légalement mais dépendantes économiquement. Cette double réalité confère à la firme des possibilités accrues de surveillance et de contrôle à distance tout en la déresponsabilisant si certaines pratiques des franchisés heurtent les droits des travailleurs. De plus, en vertu du caractère spécifique du bassin de main-d’oeuvre à l’intérieur duquel la firme recrute plusieurs de ses employés, McDonald’s parvient efficacement à camper ses pratiques de gestion sur des principes tels que le recruited acquiescence (p. 82-84) et le management of subjectivity (p. 63-67), deux concepts facilitant le maintien uniforme de son système de gestion en matière de relations d’emploi. Ensuite, l’examen des problèmes liés à la syndicalisation et à l’application des modèles législatifs nationaux de régulation révèle que les droits de participation et de représentation syndicale des travailleurs dans les restaurants McDonald’s européens …