RecensionsBook Reviews

Managing Employment Change par Huw Beynon, Damian Grimshaw, Jill Rubery et Kevin Ward, Oxford : Oxford University Press, 2002, 342 p., ISBN 0-19-924869-9.[Record]

  • Sid Ahmed Soussi

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  • Sid Ahmed Soussi
    Université du Québec en Outaouais

Cet ouvrage est le produit d’un travail collectif résultant d’une collaboration entre chercheurs universitaires et institutionnels européens. Il s’agit d’une enquête basée sur sept études de cas couvrant, entre 1996 et 1999, vingt-trois espaces de travail, des secteurs public et privé, situés dans le nord du Royaume-Uni. Ce type de recherche reflète une tendance lourde en Europe en matière de design de recherche à la fois multidisciplinaire (économistes, géographes et sociologues) et interinstitutionnelle (centres de recherche nationaux et continentaux). L’ouvrage est divisé en trois sections thématiques, mais cette répartition est plutôt formelle car c’est à travers les neuf chapitres que sont véritablement répartis les résultats de la recherche. L’objectif est d’emblée précisé : il ne s’agit pas d’expliquer les principales transformations récentes du travail mais de déconstruire les mécanismes qui ont conduit à la restructuration du marché de l’emploi dans le contexte d’une économie dont l’essence même a changé de nature sous deux impacts. Celui de la transition d’un fort partenariat en matière de relations collective du travail vers un rapport salarial individualisé fragilisant l’employé face à l’employeur; ensuite celui de la fragmentation du travail industriel résultant des transformations des structures de production (délocalisation, externalisation). Les pertinences sociales et scientifiques invoquées sous-tendent l’ambition des auteurs pour qui il s’impose de dépasser ces poncifs trop globalisants en les repensant autrement et en s’appuyant sur des études empiriques fouillées permettant, seules, de documenter ces transformations et, surtout, les impacts de ces dernières sur les nouveaux modes d’organisation du travail humain et leurs incidences sur les cheminements de carrière et la conciliation travail-famille. La démarche inductive des auteurs repose sur quelques constats de base. Les impacts de ces changements montrent que les mécanismes de flexibilité du travail, loin de produire les « arrangements positifs » qui les justifient en termes de conciliation travail-famille, génèrent au contraire des effets pervers sur la structure de l’emploi à l’échelle régionale. La transversalité de ces effets est renforcée par la tendance marquée du management public à « importer » les pratiques de gestion du secteur privé, dans le cadre précisément de la politique dite de nouveau management public (NMP). Un autre constat inattendu montre que les entreprises de « l’économie nouvelle » n’ont fait que consolider cette tendance. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’on remarque que depuis les années 1997, le recours au NMP s’est accompagné de mécanismes de « flexibilité » en tous points comparables à ceux du secteur privé. Le premier chapitre présente les entreprises choisies pour couvrir tous les secteurs d’activité affectés par les transformations du travail et de l’emploi. Ces organisations sont à peine dissimulées sous les désignations de « Bankco », « Councilco », « Healthco », « Mediaco », « Pharmco », « Retailco » et « Telecomco ». Pour chacune d’elles, l’enquête a documenté les nouveaux rôles des fonctions organisationnelles déterminantes au regard de la problématique de recherche : GOP, finances, RH et relations du travail, et relations avec clients et fournisseurs. Une première série de résultats montre que, concernant les transformations du travail, même si Pharmaco se distingue des autres, les facteurs décisifs ne relèvent pas seulement du déterminisme technologique ou des pratiques de gestion, mais d’une logique plus complexe liée aux changements affectant l’environnement sociétal de la société britannique dans son ensemble. Quant aux dimensions internes (à l’entreprise) de ces transformations, les auteurs soulignent clairement l’opportunisme stratégique des décideurs (managériaux et exécutifs) mais en insistant sur sa conjugaison avec d’autres facteurs contingents comme les résistances individuelles et collectives liées aux contraintes de l’encadrement institutionnel des relations du travail. Le reste des résultats porte sur les …