TY - JOUR ID - 037918ar T1 - Non-Standard Employment after Age 50: How Precarious Is It? A1 - D’Amours, Martine JO - Relations industrielles / Industrial Relations VL - 64 IS - 2 SP - 209 EP - 229 SN - 0034-379X Y1 - 2009 Y2 - 03/29/2024 5:09 a.m. PB - Département des relations industrielles de l'Université Laval LA - EN AB - Based on a qualitative study of the trajectories of 22 workers aged 50 or older who lost or left a standard job and then undertook some form of non-standard employment, this article wants to shed light on the quality of non-standard jobs often held by seniors. Can these jobs be categorized as precarious, and if so, what are the dimensions of this precariousness? Our analysis enabled us to identify three main profiles: early retirees, “competitive” non-standard workers, and vulnerable non-standard workers. This diversity is mainly related to the characteristics of the previous occupational trajectory but also to the characteristics of the repositioning job, the type of skills the worker has, gender, age, and the fact of living or not with a spouse. AB - Les taux d’emploi des travailleurs de 55 ans et plus sont en voie d’augmentation dans bon nombre de pays de l’OCDE, un renversement de la tendance à la sortie anticipée de l’activité qui avait caractérisé la période 1975-1995. Toutefois, près de la moitié des emplois détenus par les travailleurs de 55 ans et plus au Canada sont des emplois atypiques, c’est-à-dire différents de l’emploi permanent, à temps complet et pour un seul employeur qui avait constitué la norme durant la période d’après-guerre. S’appuyant sur une étude qualitative de la trajectoire de 22 travailleurs de 50 ans et plus qui, durant la turbulente décennie 1990, ont perdu ou quitté un emploi salarié typique et se sont ensuite repositionnés dans un emploi atypique, le présent article s’interroge sur la qualité de ces emplois : s’agit-il d’emplois précaires, piètre alternative à l’exclusion complète du marché du travail ou alors d’une manifestation de la transformation des itinéraires de fin de carrière, dans lesquels la retraite est moins un événement précis qu’une phase de transition pouvant s’étendre sur plusieurs années ?La notion de précarité est ici définie selon deux dimensions : la précarité de l’emploi, caractérisée par l’insécurité du lien d’emploi, une faible rémunération et l’absence de protection contre les risques (Marchand, 1998; Vosko, 2006) et la précarité du travail, soit un travail offrant peu d’intérêt, peu de valorisation ou peu de reconnaissance, source d’insatisfaction et de souffrance (Paugam, 2000, 2002). Ces deux dimensions de la précarité sont l’envers des dimensions extrinsèques (niveau de rémunération, avantages sociaux, sécurité d’emploi) et intrinsèques (intérêt au travail, sentiment d’utilité, créativité, initiative) de la qualité d’un emploi chez Lowe et Schellenberg (2001). Par ailleurs, il faut prendre en compte la spécificité du groupe d’âge, soit la possibilité de cumuler revenus de travail et revenus de régimes privés ou publics de retraite. En d’autres termes, compte tenu de l’apport possible d’autres sources de revenus, il est possible que l’emploi soit précaire, mais que le revenu ne le soit pas.Nos résultats révèlent que le repositionnement dans un emploi atypique après 50 ans revêt une diversité de conditions et de significations, répartissant les répondants en trois grands profils: les préretraités, les travailleurs atypiques « compétitifs » et les travailleurs atypiques « vulnérables ». Pour tous les répondants, l’emploi atypique est un emploi instable, au sens où il n’assure pas la sécurité à long terme, mais les autres dimensions de la précarité d’emploi (faible revenu, faible protection) sont loin d’être présentes dans tous les profils. De la même manière, les attributs de la précarité du travail (absence d’autonomie, de satisfaction, de valorisation) sont inégalement distribués. Chez les préretraités, le faible revenu et l’absence de protection procurés par un emploi atypique exercé le plus souvent à temps partiel sont contrebalancés, parfois totalement, parfois très partiellement, par des revenus de retraite; les premiers ne peuvent être qualifiés de précaires, alors que les seconds le sont sans doute sous l’angle du revenu et de la protection, mais pas sous l’angle du travail, qui les satisfait parfois davantage que l’emploi ou les emplois salariés occupés antérieurement. Les travailleurs atypiques « compétitifs » ne sont pas précaires sous l’angle du revenu, mais ils le sont sous l’angle de l’insécurité d’emploi et surtout de l’absence quasi-généralisée de protection sociale; leur nouveau statut leur apporte la valorisation dans l’incertitude. Les travailleurs atypiques « vulnérables » cumulent quant à eux les trois caractéristiques de la précarité d’emploi; pour plusieurs, l’emploi de repositionnement n’apporte pas une grande satisfaction, et il est parfois carrément dévalorisant, alors que d’autres tentent de « compenser » la précarité d’emploi par la satisfaction et la valorisation procurées par l’emploi de repositionnement.Cette diversité est construite principalement par les caractéristiques de la trajectoire professionnelle antérieure (continuité, type d’entreprise, syndicalisation, statut professionnel), mais également par les caractéristiques de l’emploi de repositionnement, le type de compétences détenues par le travailleur, le sexe, l’âge et le fait de vivre ou non en couple. Puisque la trajectoire professionnelle constitue un élément explicatif important, un regard sur les trajectoires actuelles permet d’anticiper ce que vivront les futurs travailleurs âgés, dont tout indique qu’ils seront plus scolarisés, mais avec des trajectoires plus précaires que celles des générations d’après-guerre. Le développement des formes atypiques aura pour effet de faire diminuer le nombre de travailleurs ayant accès à des régimes de pension privés et à une pleine rente par les régimes publics (en raison de la plus faible durée et du plus faible niveau de contribution), et, compte tenu de la faible rémunération, à la capacité de se constituer une épargne personnelle en vue de la retraite. Devant la fragilité associée aux repositionnements atypiques, nos résultats invitent à la prudence face aux politiques qui promeuvent le travail indépendant ou l’entrepreneuriat comme alternative à l’exclusion de la main-d’oeuvre âgée du marché du travail, ainsi que face aux discours qui affirment que les chômeurs ou les travailleurs précaires peuvent s’en sortir uniquement par l’acquisition de nouvelles compétences. La tendance à accroître les possibilités de cumuler revenus d’emploi et revenus de retraite est certes un pas dans la bonne direction, mais ses impacts concerneront surtout les travailleurs du secteur privé disposant de régimes de retraite d’entreprises, donc les moins vulnérables. Si l’objectif est d’améliorer les conditions des travailleurs âgés les plus vulnérables, divers scénarios (non exclusifs) peuvent être envisagés, d’une part, ceux qui consistent à « déprécariser » l’emploi atypique en l’assortissant de mesures de protection sociale, y compris de la possibilité de se constituer un revenu en vue de la retraite, d’autre part, ceux qui suggèrent de renforcer les dispositifs publics de retraite. AB - Este artículo se basa en un estudio cualitativo de trayectorias de 22 trabajadores de 50 años de edad o más que han dejado o perdido un empleo estándar y que ocupan algún tipo de empleo atípico. Se busca esclarecer a propósito de la calidad de los empleos atípicos frecuentemente ocupados por las personas de edad. ¿Pueden ser considerados como empleos precarios? Y si es así, ¿cuáles son las dimensiones de esta precariedad? Nuestro análisis nos permite identificar tres perfiles principales : jubilados recientes, trabajadores atípicos competitivos y trabajadores atípicos vulnerables. Esta diversidad está relacionada principalmente a las características de la trayectoria ocupacional anterior pero también de las características del reposicionamiento ocupacional, el tipo de calificaciones del trabajador, su género, edad y el hecho que viva o no con su esposo – esposa. DO - https://doi.org/10.7202/037918ar UR - https://id.erudit.org/iderudit/037918ar L1 - https://www.erudit.org/en/journals/ri/2009-v64-n2-ri3404/037918ar.pdf DP - Érudit: www.erudit.org DB - Érudit ER -