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Un débat en analyse du travail : deux méthodes en synergie dans l’étude d’une situation d’enseignement, Par Daniel Faïta et Bruno Maggi, Toulouse : Octarès Éditions, 109 p., 2007, ISBN 978-2-915346-47-3.[Record]

  • Anabelle Viau-Guay

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  • Anabelle Viau-Guay
    Université Laval

L'objectif de cet ouvrage est de rendre compte d'un débat visant à confronter deux cadres théoriques et méthodologiques d'analyse du travail, à savoir la méthode d'auto-confrontation proposée par Daniel Faïta (Institut universitaire de formation des maîtres, Aix-en-Provence) et la méthode des congruences organisationnelles, développée par Bruno Maggi (Faculté d'économie, Université de Bologne). L'intention des auteurs est de mettre ces deux démarches en perspective, d'un point de vue méthodologique mais aussi du point de vue de leurs visées et de leurs fondements épistémologiques. De facture originale quant à sa forme, l'ouvrage reproduit textuellement les discussions s'étant engagées entre les deux équipes de recherche à l'occasion d'un séminaire d'une journée. Cette forme a été retenue pour son intérêt pédagogique, notamment pour les jeunes chercheurs, qui peuvent ainsi non seulement mieux connaître ces deux méthodes mais aussi être témoins, a posteriori, d'une démarche systématique de comparaison entre celles-ci. Afin de faciliter la comparaison entre les méthodes, l'ouvrage se centre sur l'analyse d'une activité d'enseignement-apprentissage. Cependant, ces deux méthodes peuvent être mobilisées pour l'étude de toute activité de travail. La première partie de l'ouvrage porte donc sur la méthode d'auto-confrontation proposée par Daniel Faïta et l'équipe de recherche Ergape. Cette méthode s'appuie sur une conception selon laquelle l'activité de travail est d'abord sociale, et que son analyse ne peut faire abstraction de ses dimensions subjectives. Cette explicitation de l'objet d'étude de la méthode d'auto-confrontation est suivie d'une description des étapes de la mise en oeuvre de la démarche. Ainsi, la méthode d'auto-confrontation se déroule en quatre phases. La première est celle où l'activité est filmée et où une séquence particulièrement problématique ou intéressante est sélectionnée par le participant. La deuxième est celle où, face à l'enregistrement vidéo de son activité lors de cette situation, le participant entre en dialogue avec le chercheur au sujet de cette activité (auto-confrontation simple). La troisième phase est celle où la séquence d'activité fait l'objet d'une discussion entre le chercheur, le participant et un de ses pairs (auto-confrontation croisée). Dans les deux cas (auto-confrontations simple et croisée), celles-ci font l'objet d'un enregistrement vidéo. Enfin, lors de la quatrième phase, l'équipe de chercheurs produit un montage de ces différentes auto-confrontations et le soumet au collectif de travail, qui en débat et se l'approprie. De la mise en oeuvre méthodologique, la discussion passe ensuite aux fondements théoriques : la méthode d'auto-confrontation s'appuie fondamentalement sur une théorie du langage, en particulier sur la théorie dialogique de Bakhtine, tout en s'inscrivant dans le courant de la psychologie historico-culturelle héritée de Vygotski. Pour remonter aux fondements épistémologiques de la démarche, la discussion s'élargit à la notion d'activité et à ses multiples déclinaisons, telles qu'elles sont proposées par l'ergonomie, la psychologie, la sociologie et par les sciences de l'éducation. Il ressort de la discussion que l'objet de la méthode d'auto-confrontation est la vision qu'ont les sujets agissants d'une situation de travail, qui émerge et se transforme par le dialogue entre pairs provoqué par le dispositif. Ainsi, contrairement à d'autres modalités d'auto-confrontation développées en ergonomie, qu'elles soient cognitivistes (Leplat) ou interactionnistes (Theureau), l'objectif n'est pas de documenter le couplage sujet/situation (ou sujet/tâche) mais d'offrir à l'activité l'occasion de se développer en faisant « parler le métier » (p. 38) et les collectifs de travail. Ainsi, un parallèle peut être fait avec la démarche de clinique de l'activité (Clot). La seconde partie de l'ouvrage aborde quant à elle la méthode des congruences organisationnelles. Cette démarche, qui s'appuie sur la théorie de l'agir organisationnel développée par Maggi, s'intéresse aux rapports de régulation qui se développent, en situation de travail, entre les choix organisationnels, les processus d'action de …