Recensions

Christian Deblock et Joël Lebullenger, dir, Génération TAFTA. Les nouveaux partenariats de la mondialisation, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2018[Record]

  • Laurence Marquis

Avocate et boursière Gem-Stones Marie Sklowdowska Curie, l’auteure est candidate au doctorat en politique : histoire, théorie et science à l’Université LUISS, Rome, et en droit à l’Université Laval, Québec.

Guerre commerciale internationale. Faillite du multilatéralisme et de l’Organisation mondiale du Commerce. Renégociations de l’Accord de Libre-Échange d’Amérique de Nord. Face à face Chine – États-Unis. La parution en 2018 de Génération TAFTA – Les nouveaux partenariats de la mondialisation reflète l’époque de tourments commerciaux qui occupent chaque jour la une. Sous la direction de Christian Deblock et Joël Lebullenger, cet ouvrage se lit comme la suite attendue du précédent : Un Nouveau Pont sur l’Atlantique, paru en 2015. Alors que ce dernier ouvrage traitait exclusivement de l’Accord économique et commercial global Canada-Europe (AECG), c’est cette fois sous une loupe globale que sont examinés les changements propres à la nouvelle génération d’accords de libre-échange. L’ouvrage, qui fait office d’actes du colloque international ayant eu lieu à Montréal et Québec en octobre 2016, offre une vision interdisciplinaire des changements de la mondialisation des accords commerciaux, en présentant, dans une première partie, les reconfigurations géopolitiques, et dans une seconde, les interconnexions normatives. Dans un contexte de prolifération et d’enchevêtrements des accords récemment négociés, même les chercheurs les plus assidus risquent de faire l’impasse sur les derniers développements. Génération TAFTA pallie à ce risque en livrant un ouvrage précis et complet sur les récents accords de libre-échange. Les directeurs de l’ouvrage brossent, en guise d’introduction, le portrait des derniers développements en matière de négociations commerciales internationales. Illustrant ainsi les « Reconfigurations géopolitiques, coopération règlementaire et défis démocratiques » auxquels les acteurs de la mondialisation doivent actuellement faire face, les professeurs Deblock et Lebullenger remettent en contexte les évolutions récentes et les faits saillants liés aux négociations du TAFTA, de l’AECG, et du PTPGP. La première partie du livre présente les reconfigurations géopolitiques causées par la crise du multilatéralisme, l’essor du régionalisme, et la dynamique des régions et des différents blocs de négociations. Jean Baptiste-Velut offre une entrée en matière appropriée en présentant la « Naissance, déclin et rémanence du nouveau régionalisme », par le biais de l’analyse du transrégionalisme émanent de la panoplie de méga-accords régionaux signés dans les dernières années. Définissant le transrégionalisme par un poids économique et une envergure géographique des accords, une diversité sans précédent des domaines couverts ainsi que leur caractère évolutif (comme pour la coopération règlementaire), il pose les bases de ce nouvel aspect géopolitique dans le cadre actuel du retour vers le protectionnisme américain. La multiplication des interconnexions commerciales interrégionales et leurs implications politiques pour l’Union européenne sont abordées dans le chapitre suivant comme suite logique. Présenté par le professeur Mario Telò, les mutations de l’interrégionalisme post-libéral et les ambigüités du PTP, du RCEP et du PTCI sont mises en exergue. Retraçant les moments marquants depuis 2003 et l’enlisement des négociations à l’OMC dans le cadre de Doha, le professeur Telò démontre que l’interrégionalisme signale une nouvelle époque commerciale, qui permettra de mieux faire face tant aux poussées protectionnistes qu’aux controverses portant sur la légitimité des nouveaux accords. Enfin, il évoque quatre scénarios possibles pour la décennie à venir, tenant compte et évoquant (1) un déclin de la puissance américaine dans le cadre multilatéral, objectif avoué de Donald Trump, (2) d’un aboutissement d’un agenda commercial européen par un renforcement de la politique démocratique des relations commerciales, économiques et diplomatiques régionales et interrégionales, (3) un néo-mercantilisme commercial compétitif au « service de la politique de puissance de grands États », ou enfin (4) une évolution de l’interrégionalisme et de la gouvernance mondiale permettant de contrer « la fragmentation nationaliste ». En fin d’analyse, le professeur Telò plaide pour un nouveau cadre multilatéral et une gouvernance mondiale permettant d’inclure les alternatives évoquées ainsi que les points de divergences, …

Appendices