Recensions

John Kierulf, Disarmament Under International Law, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 2017[Record]

  • Julien Simard

Étudiant au baccalauréat en relations internationales et droit international (BRIDI) à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Lors de sa campagne pour l’investiture républicaine, le président Trump arguait sur les ondes de CNN en faveur de l’acquisition de la force nucléaire par la Corée du Sud et le Japon. Une fois élu, l’un de ses tout premiers mémorandums présidentiels annonce le renforcement de la puissance nucléaire étatsunienne. Face à ces allégations, plusieurs experts et expertes du droit international du désarmement s’inquiètent quant au respect des obligations des États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) engageant les États non nucléarisés à ne pas se prévaloir de l’arme nucléaire et les États nucléarisés à cesser la course aux armements nucléaires. C’est au croisement de cet ébranlement du droit international du désarmement que l’ouvrage monographique Disarmement Under International Law (ci-après Disarmament) résonne en importance. L’auteur John Kierulf procède à un examen méthodique du cadre légal du désarmement international tout en plaidant pour de plus fortes contraintes juridiques régulant l’arme la plus inhumaine et meurtrière qui soit. John Kierulf est un ancien diplomate danois fort de quarante ans d’expérience au sein des instances de négociations internationales pour le désarmement. Il rédige Disarmament inquiété par l’annexion de la Crimée et le développement des tensions russo-étatsuniennes, le couple de puissances dépositaires de 93 % de la force nucléaire mondiale. La nouvelle publication de Disarmament chez McGill-Queen’s University Press traduite du danois par l’auteur lui-même est une version bonifiée de l’ouvrage publié antérieurement chez Djøf Publishing. L’ensemble de l’oeuvre se veut une introduction limpide du thème pourtant complexe que représente le contrôle des armes en droit international. Grâce à un vocabulaire accessible, l’ouvrage interpelle les chercheurs et chercheuses académiques, les fonctionnaires gouvernementaux ou toute personne préoccupée par le désarmement international. Dismarmement s’articule en trois parties : d’abord se présente une contextualisation historique et juridique, ensuite le corps de l’ouvrage analyse les traités internationaux encadrant les armes de destruction massive (ADM) ainsi que les armes conventionnelles et finalement, l’auteur émet une série de recommandations personnelles dans le but d’un processus de désarmement international plus efficace La première partie expose le développement historique du cadre légal du désarmement international ainsi que les enjeux juridiques qui sous-tendent la stagnation de son processus. Le droit du désarmement est un phénomène remontant aux premiers conflits armés de l’humanité. Au XXe siècle, la course aux armements menée sous le théâtre de la guerre froide motive les États à désamorcer leur dilemme de sécurité par le biais d’instances multilatérales chapeautées par les Nations unies telles que l’Assemblé générale, la Commission du désarmement des Nations unies (établie en 1952) et la Conférence du Comité sur le désarmement (établie en 1959). À partir des années soixante-dix, les conventions multilatérales sont apparues pour les États en tant qu’outils de prédilection de normalisation juridique du désarmement international. Or, la rédaction de ces conventions souvent par des non experts en la matière a fait montre de plusieurs lacunes importantes quant à leur précision. La « constructive ambiguity » des traités internationaux, c’est-à-dire le caractère élusif de ces derniers, témoigne de la détermination des États à sauvegarder leur souveraineté, première barrière à l’implantation d’un système de désarmement contraignant. Kierulf met l’accent sur l’implantation de mécanismes de vérification du respect des obligations des États membres de traités sur le contrôle des armes. Le manque de volonté politique envers un renforcement des traités sur le contrôle des armes par des mécanismes de vérification s’inscrit dans le paradigme volontariste des États. Le principe de pacta sunt servanda se doit d’être consolidé par des mécanismes de régulation effectifs afin de forger une confiance internationale et d’éviter l’éclatement de conflits. La deuxième partie de Disarmament …

Appendices