RECENSIONS DE LIVRES

Tattersall, I. et DeSalle, R. (2019). The accidental Homo sapiens. Genetics, behavior and free will. New York, NY : Pegasus[Record]

  • Léandre Bouffard

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  • Léandre Bouffard
    Université de Sherbrooke

« Notre principal objectif est d’examiner l’interface entre notre héritage biologique et nos comportements et découvrir comment nous sommes devenus les créatures à la fois merveilleuses et défectueuses que nous sommes » (p. XVIII). Il apparaît donc que les auteurs rejoignent les intérêts des psychologues malgré leur formation différente en anthropologie (Tattersall) et en génétique (DeSalle). Je me limiterai à l’énumération de leurs principales idées à la suite de quoi, je présenterai l’émergence du style cognitif humain au cours de l’évolution, le coeur du volume. Dans cette section élaborée et dense, les auteurs s’efforcent de tracer l’évolution du cerveau et de la façon de penser de nos ancêtres lointains jusqu’à nous. Ils se basent principalement sur les fossiles et les objets trouvés (os, pierres aiguisées, traces d’habitations, outils) à différents endroits de façon à bien documenter leur propos. Nos ancêtres hominidés d’il y a sept millions d’années étaient forcément fort différents de nous aux plans physique et psychologique. Des bouleversements géologiques et climatiques les ont forcés à passer de la forêt à la savane. On a trouvé un crâne datant de cette époque attestant la marche debout, mais les auteurs insistent sur la diversité puisqu’on a trouvé des fossiles témoignant de différences marquées entre espèces. Il y a 400 000 ans apparaît l’Homme de Néandertal. Il s’agit d’hominidés très sophistiqués aux plans culturel et technologique. Il porte des vêtements puisqu’il vit dans des régions plus froides; il utilise des aiguilles faites d’os; il vit en petits groupes et il a développé des stratégies sociales flexibles; il chasse le mammouth; il a des relations sexuelles avec Homo sapiens, quoique le mélange génétique est limité. On n’a pas la preuve qu’il ait atteint la pensée symbolique, même s’il est habile et intelligent. Pour expliquer sa disparition (il y a 35 000 ans), on évoque le climat rigoureux, des querelles intestines et l’arrivée d’Homo sapiens. L’origine d’Homo sapiens se situe en Éthiopie, il y a environ 200 000 ans. Plusieurs éléments (bijoux, dessins, expressions artistiques, décoration du corps) attestent de la présence de la pensée symbolique chez lui. Les auteurs parlent ici d’un « saut qualitatif », d’une « révolution ». Il y eut indéniablement « innovation génétique », mais, selon les auteurs, il n’y a pas moyen de le démontrer. D’où vient ce trait unique de la pensée symbolique? Après avoir éliminé quelques hypothèses, les auteurs optent (avec d’autres) pour l’explication selon laquelle cette caractéristique unique à Homo sapiens proviendrait du langage qui, d’ailleurs, est inséparable de la pensée (même si logiquement on peut les distinguer). Son cerveau n’est que de 1 330 ml, plus petit que celui de Néandertal, mais plus facile à nourrir et plus efficace. Notre cerveau se présente comme « un organe généraliste » qui est là pour favoriser la survie de notre espèce et aider les membres de cette espèce très sociable à interagir les uns avec les autres. Il doit gérer continuellement des informations conflictuelles de sorte que notre comportement est constamment construit et reconstruit dans notre esprit. Il ne convient pas de blâmer notre héritage génétique pour tous les désagréments qui nous arrivent. Cet héritage n’est pas une destinée. Nous pouvons faire des choix responsables. Après examen, les auteurs ne s’attendent pas à des changements génétiques significatifs naturels dans l’avenir. Cependant, des changements pourraient survenir pour deux raisons : premièrement, un changement démographique drastique soudain (guerre nucléaire, virus robuste, astéroïde). De ce point de vue, la « fragilisation » d’Homo sapiens est peu probable. Deuxièmement, la manipulation génétique artificielle (ingénierie génétique) qui peut provoquer des changements rapides, spécifiques, intentionnels …

Appendices