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Inspirée d’une exposition intitulée Partir pour la famille présentée au Centre d’interprétation historique de Sainte-Foy, Suzanne Marchand propose un ouvrage composé de neuf chapitres traitant des thèmes liés à la maternité tels que la fécondité, l’avortement, la stérilité, la mortalité maternelle et infantile chez les couples québécois entre 1900 et 1950. Des témoignages d’hommes et de femmes provenant des Archives de folklore et d’ethnologie de l’Université Laval ainsi que différentes études, notamment sur les pratiques et croyances des cultures française et anglo-saxonne susceptibles d’avoir influencé la culture québécoise, servent de matériaux de référence. Nul doute, diverses informations et anecdotes sur la vie privée des Québécois, particulièrement sur la maternité, sauront piquer la curiosité du grand public, mais rien de nouveau ici sur le plan scientifique.

On peut y lire, entre autres, qu’au Québec en matière de fécondité, la première moitié du 20e siècle est celle où régnait une idéologie nataliste ; les familles nombreuses sont recommandées par le curé tout comme elles sont une source de fierté pour le père. Pour la femme mariée, la capacité de procréation, de transmettre la vie est très valorisée, ainsi il n’est pas étonnant d’apprendre qu’en cas de stérilité soit l’entourage familial proposait de donner un enfant, soit on envisageait d’adopter. Pourtant, l’auteure souligne que ce ne sont pas tous les couples mariés qui souhaitent avoir plusieurs enfants ; certains commençaient prudemment à contrôler ou espacer les naissances à l’aide de diverses pratiques, parfois interdites, mais somme toute les familles nombreuses sont devenues de plus en plus rares au cours de la période étudiée (p. 77).

L’importance accordée par les Québécoises au fait de partir en famille, selon Suzanne Marchand, ne va pas sans inquiétudes, à commencer par l’accouchement lorsque la mort pour la mère et pour l’enfant plane comme une épée de Damoclès ou encore, la peur d’être l’objet de honte et de culpabilité pour la femme qui met au monde un enfant anormal, ou bien le comble de la malchance : donner naissance seulement à des filles, soulevant du coup un soupçon sur la virilité du père. Selon l’auteure, la beauté et le sexe masculin de l’enfant à naître sont les premières qualités prisées par les mères québécoises, mais qu’en est-il pour les pères ? Le mystère demeure puisque le livre conclut sur ce questionnement.