Comptes rendus

Annick Germain et Damaris Rose, Montréal. The Quest for a Metropolis, Chichester, R.-U., Wiley, 2000, 306 p.[Record]

  • Louis Guay

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  • Louis Guay
    Département de sociologie,
    Université Laval.

Ce livre écrit par deux chercheures de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) fait partie d’une collection sur les villes mondiales. Montréal y côtoie Paris, Londres, Rome, Beijing, Mexico, Buenos Aires et quelques autres grandes villes d’aujourd’hui. Toutes ou presque sont, ou ont la prétention d’être, des villes d’envergure mondiale. S’il ne fait aucun doute que Londres, Paris, Los Angeles et Beijing sont, pour des raisons différentes, des villes mondiales, d’autres n’ont pas ce qu’il faut pour être un acteur mondial. Qu’en est-il de Montréal : de cette métropole du Québec, qui fut longtemps la métropole du Canada, mais qui a perdu ce statut au cours du XXe siècle ? Montréal, métropole ? Montréal, ville internationale ? Ou Montréal, ville mondiale ? Montréal n’est plus la métropole du Canada, mais est-ce si important ? N’y a-t-il pas moyen de court-circuiter, dans un contexte de mondialisation, le statut de métropole nationale et devenir une ville mondiale ? Dans la mesure où on peut distinguer ville mondiale et ville internationale, Germain et Rose croient que Montréal a comme défi actuel de se redonner un statut international, de jouer sur la scène internationale, celle des Amériques en particulier, un rôle qu’elle devra toutefois elle-même se composer. Mais comment ? Et le peut-elle ? La question de savoir comment une ville peut acquérir le statut de ville mondiale, ou internationale, sans être une métropole nationale n’est pas sans intérêt. L’histoire montre que des villes secondaires dans l’espace national ont joué un rôle de premier plan à une échelle internationale dans des domaines qu’elles avaient admirablement bien développés. Florence à la Renaissance a certes été une ville « mondiale », sans avoir le statut de métropole italienne. Manchester a plus ou moins inventé la révolution industrielle fondée sur la mécanisation des textiles, et a exporté ses produits à travers le monde, sans être la métropole britannique. Que dire de Détroit, de Chicago, qui sont loin d’être des métropoles nationales et qui sont devenues des lieux d’innovation dans des secteurs industriels et agricoles clés ? Los Angeles, centre culturel mondial en cinéma et tout ce qui vient avec, n’a pas délogé la métropole new-yorkaise. Se pourrait-il que certains pays, en vertu de leur réseau urbain plus diversifié et d’une culture politique plus décentralisée, possèdent des villes de réputation et d’influence mondiales qui n’occupent pas le sommet de leur hiérarchie urbaine nationale ? Si on répond oui à cette question, il faut alors se demander par quoi une ville peut atteindre ce niveau d’influence et d’attrait. Germain et Rose se proposent de montrer que Montréal veut renouveler sa présence internationale (p. 3). Les choses ont bien changé depuis le moment où la ville était intégrée à l’Empire britannique et reliée directement à ses centres de décision. La formation d’un état fédéral, l’industrialisation et l’intégration économique continentale, qui se sont mises en place dès la fin du XIXe siècle, ont lié le sort de Montréal à une dynamique plus continentale qu’internationale et, du même coup, lui ont fait perdre son rôle de métropole canadienne : un déclin qui a duré des décennies, comme le montrent les auteures, pour qui le statut de métropole commence à s’effriter dès le début du XXe siècle et est définitivement perdu dans les années 1970. Les enjeux sont maintenant différents et les auteures se demandent si la région urbaine de Montréal peut les relever. Cet ouvrage est admirable sur plusieurs plans. Il est, d’abord, une remarquable synthèse des recherches effectuées sur Montréal et sa région depuis une bonne quarantaine d’années. Beaucoup de ces recherches ont été produites par l’INRS-Urbanisation, …