Comptes rendus

Michel Sarra-Bournet (dir.) avec la coll. de Jocelyn Saint-Pierre, Les nationalismes au Québec du XIXe au XXIe siècle, Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 2001, 364 p. (Prisme.)[Record]

  • Linda Cardinal

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  • Linda Cardinal
    Département de science politique,
    Université d’Ottawa.

D’emblée, l’ouvrage de M. Sarra-Bournet et de J. Saint-Pierre impressionne. Ces derniers ont réussi à rassembler un nombre important de textes préparés par des auteurs de disciplines diverses : études féministes, histoire, philosophie, science politique, sociologie tout en leur donnant une certaine cohérence. Le livre contient vingt chapitres dont treize qui ont d’abord été présentés au colloque de l’Association québécoise d’histoire politique, Le nationalisme et les idéologies dans l’histoire du Québec en 1995, auxquels sept ont été ajoutés par la suite. L’ouvrage est divisé en cinq parties. Les trois premières portent sur des périodes : 1830 à 1920, 1920 à 1960, et 1960 à 1990. La quatrième traite des rapports entre nationalismes et histoire. En annexe, les directeurs de la publication ont ajouté le texte d’Ernest Renan, « Qu’est-ce qu’une nation ? », qu’ils invitent à lire afin de bien « prendre toute la mesure de l’évolution de l’idée de nation » au Québec et ailleurs. Presque tous les discours sur le nationalisme au Québec sont représentés dans cet ouvrage. Les thèmes abordés sont très variés ainsi que les approches. Certains privilégient le récit, d’autres l’analyse de textes, l’étude d’auteurs, l’histoire des idées ou encore la polémique et le débat. En simplifiant, dans la première partie, Louis-Georges Harvey ainsi que Gérald Bernier et Daniel Salée remettent en question le supposé nationalisme des Patriotes. Pour sa part, Joseph-Yvon Thériault examine la compréhension des rapports entre démocratie et nationalisme chez Étienne Parent et Gilles Janson montre l’importance du sport comme enjeu national chez les Canadiens français de 1890 à 1920. Dans la deuxième partie, Nelson Michaud remonte aux sources de l’alliance conservatrice-nationaliste sous Meighen, Jean-Claude Dupuis explique comment nationalisme, séparatisme et catholicisme ont été réconciliés dans l’entre-deux-guerres, Jean-François Nadeau présente le personnage de Robert Rumilly et Jacques Beauchemin démontre que le nationalisme « ethniciste » dans le Québec duplessiste est de nature politique. Dans la troisième partie, François Rocher compare les discours sur la nation de Daniel Johnson père et de Daniel Johnson fils, Chantal Maillé suggère quelques hypothèses afin d’étudier le rapport des groupes de femmes à la question nationale, Ralph P. Güntzel étudie les aspirations des travailleurs québécois et Jocelyne Couture examine la situation des minorités francophones canadiennes. Dans la quatrième partie, Max Nemmi étudie le discours de Fernand Dumont sur la nation pour conclure que le nationalisme québécois d’aujourd’hui est toujours identitaire alors que Louis Balthazar penche plutôt pour une interprétation autonomiste de celui-ci. Pierre Trudel suggère que les discours québécois et autochtones sont fondés sur des procédés semblables de négation de l’Autre et Kai Nielsen explique comment l’on peut être souverainiste sans être nationaliste. Dans la cinquième et dernière partie, Anne Griffin propose un essai sur la mémoire et le discours sur l’indépendance du Québec, Ronald Rudin fait le point sur l’historiographie au Québec et en Irlande, Gérard Bouchard pose des jalons d’une compréhension renouvelée de la nation en vue de donner une plus grande profondeur historique à la notion de culture publique commune et Michel Sarra-Bournet opère une distinction entre le nationalisme en tant qu’identité collective et en tant que projet politique. Force est de constater que les thèmes sont multiples et variés. Pour cette raison, l’organisation des textes n’est pas toujours facile à comprendre. Si les chapitres ont été regroupés par périodes, ces derniers ne portent pas directement sur l’histoire du nationalisme. De plus, seuls les chapitres de Janson sur le sport, Michaud sur l’époque de Meighen et Grüntzel sur les travailleurs présentent de nouvelles données empiriques. Ce sont l’histoire intellectuelle du nationalisme et le débat d’idées qui sont plutôt à l’honneur. Les auteurs s’interrogent …