Comptes rendus

Vincent Lemieux, À quoi servent les réseaux sociaux ?, Sainte-Foy, Les Éditions de l’IQRC, 2000, 109 p. (Diagnostic, 27.)[Record]

  • Maurice Lévesque

Cet ouvrage est le troisième livre que l’auteur consacre aux réseaux sociaux. Le premier, Réseaux et appareils, paru au début des années 1980, introduisait une distinction entre ces deux structures que l’on retrouve en filigrane de ce troisième ouvrage. Le second, Les réseaux d’acteurs sociaux publié plus récemment en 1999, vise à construire progressivement une théorie des réseaux en examinant tour à tour certains types de réseaux. Ce troisième livre scrute aussi différents types de réseaux en mettant l’accent toutefois, comme son titre l’indique, sur leur utilité. Le livre part du constat d’une utilisation de plus en plus grande de l’expression réseaux qui entraîne divers usages plus ou moins précis. En se basant sur cette observation, l’auteur poursuit un double objectif : d’abord, préciser ce que sont les réseaux sociaux et les distinguer d’autres structures sociales, ensuite, montrer en quoi ils peuvent être utiles aux acteurs qui y participent. Ce deuxième objectif exige de distinguer divers types de réseaux dont le fonctionnement et surtout « l’utilité » diffèrent. L’ouvrage comporte huit chapitres dont le premier s’attarde à la précision de la notion de réseau social, répondant ainsi au premier objectif de l’ouvrage. Les autres chapitres présentent l’utilité associée à différents types de réseaux sociaux, tels que la famille, la parenté dans son ensemble, des réseaux « construits » comme des réseaux de chercheurs, etc. On observe aussi l’utilité des réseaux dans le cadre de certaines modalités d’échanges réticulaires telles que l’aide ou le soutien social, la transmission d’informations ou la régulation des relations sociales ou politiques. Enfin, un dernier chapitre intitulé les Limites des réseaux sociaux, malgré son titre, fait davantage une synthèse des autres chapitres qu’une présentation systématique des limites inhérentes aux divers types de réseaux présentés. Le premier chapitre propose une définition générale des réseaux : « les réseaux sociaux sont faits de liens, généralement positifs, forts ou faibles, tels qu’il y a une connexion directe ou indirecte de chacun des participants à chacun des autres, permettant la mise en commun des ressources dans le milieu interne. Il arrive que les connexions servent aussi à la mise en ordre des ressources par rapport à l’environnement externe, ce qui est caractéristique des appareils » (p. 18). Cette définition comprend quatre dimensions qui constituent, selon l’auteur, autant de caractéristiques des réseaux sociaux. La présence de connexions établies par des liens entre les individus est à la base même de la constitution des réseaux. Cela dit, la simple présence de connexions n’est pas suffisante pour parler de réseaux. Comme l’auteur le précise à propos des réseaux politiques, « un réseau n’est pas un simple agrégat d’acteurs dont les actions sont convergentes. Il faut qu’il y ait des mises en commun, qu’il s’agisse de normes, d’information, de ressources monétaires ou de ressources humaines » (p. 86). Les autres dimensions présentes dans la définition des réseaux que suggère par l’auteur s’apparentent davantage à des caractéristiques des réseaux qu’à des éléments de définition. Le fait que les réseaux soient composés principalement de liens positifs qui peuvent être forts (ce qui correspond à un bon niveau d’intimité ou d’intensité émotionnelle) ou faibles, permet de qualifier un réseau bien davantage que de le définir. Finalement, la quatrième dimension suggère une finalité aux réseaux qui est de permettre la mise en commun de ressources. Une telle définition se démarque de ce que l’on retrouve généralement dans les ouvrages portant sur l’analyse des réseaux. De façon générale, les manuels mettent l’accent sur l’existence de liens ou de connexions entre un certain nombre d’acteurs, individus ou organismes, pour définir les réseaux sociaux. Très souvent, ces définitions ajoutent …