Comptes rendus

Serge Jaumain (dir.), Les Musées en mouvement, nouvelles conceptions, nouveaux publics(Belgique, Canada), Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2000, 209 p.[Record]

  • Philippe Dubé

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  • Philippe Dubé
    Département d’histoire,
    Université Laval.

Mademoiselle de Gournay, dans la préface des Essais de Montaigne, rappelle que : « La vraie touche des esprits, c’est l’examen d’un nouveau livre, et celui qui le lit se met à l’épreuve plus qu’il ne l’y met… » Et c’est un peu ce qui se produit au contact de ce livre qui témoigne de deux dynamiques culturelles distinctes où l’on force – un peu artificiellement faut-il le dire – le rapport bilatéral qui, au demeurant, reste fort stimulant. En fait, pour être précis, on a profité d’un colloque organisé en 1999 pour faire le point sur les musées à l’occasion d’une rencontre accueillie sous les auspices du Centre d’Études canadiennes de l’Université libre de Bruxelles. La situation des musées, et de la muséologie par le fait même, a donc été examinée sous divers aspects : le musée et ses rapports avec l’université, le musée et l’entreprise privée, le musée comme outil d’éducation, le musée et la politique, le musée comme outil d’action sociale et enfin, le musée et les nouvelles technologies. Six regards précédés d’une double introduction tout à fait éclairante : d’abord celle de Serge Jaumain, l’éditeur-hôte de cet ouvrage collectif puis celle de Roland Arpin qui nous amène avec doigté sur le terrain de « la révolution tranquille des musées ». D’entrée de jeu on fait référence au contexte mouvant et changeant qui oblige une réflexion bien sentie sur l’univers en mouvement des musées et une vingtaine d’auteurs et d’acteurs qui sont ici réunis pour en traiter. Sur une base de comparaison binationale – mais sans aucune prétention d’exhaustivité – on tente de faire le point sur quelques grandes questions d’actualité pour les musées, tant du côté belge que canadien. Le livre repose en fait sur une assertion qui fonde sa problématique d’ensemble à savoir, la société change et les musées dans laquelle ils se trouvent aussi. Toutes les questions soulevées gravitent autour des reconfigurations possibles du musée et de son insertion nouvelle dans la société qui se transforme sans cesse sous nos yeux. D’abord, dans nos sociétés, on assiste à l’avènement du musée nouveau qui se veut, dorénavant, un lieu vivant et créateur, et en relation dialogique avec la société. Roland Arpin rappelle que le musée existe avant tout pour la population qu’il doit desservir et que sur la base de ce postulat on peut entrevoir avec sérénité l’avenir du musée-citoyen, partenaire incontournable de la cité. Plus loin, on nous éclaire sur l’apport du musée dans le vaste champ de la connaissance, surtout au chapitre d’une appropriation plurielle des savoirs dont l’institution muséale semble avoir la recette depuis quelques décennies. Entre un laboratoire scientifique et un espace culturel, le musée devient donc le lieu d’une double formation, celle des chercheurs universitaires et celle des publics en général, ce qui offre une rare occasion d’échanges propices et de rencontres des intérêts intellectuels. Par ailleurs, ce que pose comme problème la rencontre du musée avec l’entreprise privée est vite mis en disgrâce, car l’un obéit à une logique culturelle alors que l’autre est soumise à l’implacable logique économique. Il est clair que la philanthropie, et de façon plus évidente la commandite, rapprochent des mondes qui n’ont pas l’habitude de se côtoyer, sauf pour s’appuyer mutuellement, l’un en quête souvent de légitimation sociale, l’autre en grand besoin de sources financières nouvelles, deux solitudes cherchent en somme à coexister. Reste à savoir qui des deux va influencer l’autre, ou même imposer ses vues alors que les mandats de chacun s’opposent souvent. Une histoire de concubinage qui, nécessairement, se poursuit ici et là avec un succès mitigé. Même si l’on a …