Comptes rendus

Clermont Gauthier et Diane Saint-Jacques (dirs), La réforme des programmes scolaires au Québec, Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 2002, 225 p.[Record]

  • Céline Saint-Pierre

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  • Céline Saint-Pierre
    INRS Urbanisation, Culture et Société

La commission des États généraux sur l’éducation qui s’est tenue en 1995-1996 a donné lieu à un ensemble de recommandations regroupées autour de 10 chantiers prioritaires visant à rénover le système d’éducation au Québec. Ces chantiers ont été retenus dans leur grande majorité et ont servi de base aux sept grandes lignes du Plan d’action ministériel pour la réforme de l’éducation, Prendre le virage du succès. La seconde ligne d’action « Enseigner les matières essentielles » propose de procéder à une refonte des programmes au primaire et au secondaire. Ce processus devrait être complété par l’implantation d’ici 2005 du nouveau programme au secondaire, celui du primaire étant maintenant en application à tous les cycles. C’est donc dans ce contexte que des chercheurs en sciences de l’éducation ont organisé un colloque dans le cadre de l’ACFAS, en mai 2000, pour analyser certains aspects du Programme de formation du primaire. Leurs présentations ont été rassemblées dans ce livre dont l’intérêt réside dans le choix des auteurs, dans la trame commune du questionnement qui fonde leurs textes respectifs ainsi que dans le moment de sa parution. Les questions qu’ils ont choisi d’aborder émergent de l’examen du nouveau programme du primaire et permettent aussi de réfléchir sur les orientations qui guident le programme du secondaire actuellement en élaboration. En effet, les auteurs ont voulu examiner les fondements du programme au primaire, ses grandes orientations, son approche, sa structure, et certaines compétences, autant d’éléments valables pour les programmes du secondaire. Les thèmes choisis conservent aussi toute leur acuité au-delà des changements qui ont été apportés depuis et qui, pour l’instant, sont mineurs. Les auteurs sont des professeurs-chercheurs, membres de centres de recherche reconnus dans le domaine des sciences de l’éducation et ils proviennent de diverses universités québécoises. Ils sont aussi, pour la plupart, des observateurs attentifs de la réforme en cours. Certains d’entre eux sont intervenus périodiquement depuis son implantation pour la commenter, alors que d’autres ont travaillé directement à l’élaboration de certains de ses volets. Bien qu’issue des communications présentées lors de ce colloque, la facture du livre ne s’apparente pas, et c’est heureux, à une simple transcription des communications. Les directeurs de la publication ont su organiser la structure du livre autour de deux objets d’analyse : le Programme des programmes sur lequel porte la première partie du livre qui s’étend sur deux chapitres ; la seconde partie a trait aux programmes d’études du primaire et compte six chapitres. Par ailleurs, tous les textes partagent un questionnement commun dont l’objectif est d’apporter un éclairage critique sur les forces et les faiblesses du nouveau programme qui guidera la formation de milliers de jeunes au cours des prochaines décennies au Québec. Déjà les auteurs notent l’écart qui s’est créé entre les intentions premières de la réforme et les programmes proposés et qui résulte du long processus d’élaboration et de planification dont la complexité ne va qu’en s’accroissant. À chaque réforme en éducation, revient la question de la continuité ou de la rupture avec ce qui précédait. À ce sujet, il faut lire le texte fort intéressant et bien documenté de Stéphane Martineau et de Clermont Gauthier sur l’évolution des programmes scolaires au Québec depuis 1905 et dont l’objectif est de mieux faire comprendre les tenants et aboutissants de la réforme actuelle. La périodisation qu’il propose montre qu’entre 1861 et 1960, c’est la continuité qui a caractérisé toutes les révisions de programmes dominées principalement par l’influence de l’Église catholique, alors que la Révolution tranquille marque une rupture majeure dans la conception des programmes et de leurs finalités. La décennie des années soixante constitue pour ces …