Comptes rendus

Serge Courville, Pierre C. Poulin et Barry Rodrigue (dirs), Histoire de Beauce-Etchemin-Amiante, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 2003, 1047 p. (Régions du Québec, 16.)[Record]

  • Marc-A. Lessard

…more information

  • Marc-A. Lessard
    Département de sociologie,
    Université Laval.

La seizième des vingt-quatre histoires régionales prévues par l’IQRC, Histoire de Beauce-Etchemin-Amiante est parue. Ce trio surprend : nous sommes habitués à l’idée d’une Beauce circonscrite à ce qui fut pendant longtemps le comté municipal de Beauce. Voici qu’on y ajoute, sur toute la longueur de ce noyau central, une parfois deux paroisses à l’est et à l’ouest jusqu’à inclure Sainte-Claire, Lac-Etchemin et Thetford Mines. D’une rivière et sa vallée, nous passons à deux rivières et trois sections du vaste plateau appalachien. Les auteurs justifient cette expansion par la dominance du paysage, le point de vue des habitants et certaines tendances structurantes. À y regarder de près, le lecteur leur donnera probablement raison, mais non sans quelques hésitations, car bien des sections de l’ouvrage lui rappelleront sa vision d’une Beauce étroitement liée à la Chaudière, entre autres, les pages consacrées aux origines, celles (738-765) qui présentent « Un exemple de mutation régionale : La Beauce au milieu du XXe siècle », sans parler de cette carte de la page 741 intitulée « Seigneuries et cantons de la Beauce », qui donne comme Beauce le grand ensemble délimité par les auteurs. Finalement il admettra vraisemblablement le choix de ceux-ci quand il lira à la page 943 : « Malgré des origines et des traits communs, cette “région” n’est encore qu’en gestation, avancée certes, mais non encore suffisamment pour qu’on n’y distingue pas trois entités différentes… ». Malheureusement le plan de l’ouvrage et le partage de la recherche et de l’écriture ont fait qu’on ne trouve nulle part une vraie synthèse des forces de rassemblement, mais quiconque fera l’effort d’un regard rétrospectif sur l’ensemble de l’ouvrage repérera vite les éléments essentiels qui, en gros, font passer le territoire d’un assemblage de communautés juxtaposées à un réseau de pôles intégrateurs. Ici comme en bien d’autres régions du Québec, l’organisation territoriale en réseaux polarisés se concrétise de plus en plus. Pour plusieurs raisons, il est impossible de résumer ici cet ouvrage, encore plus de rendre compte de toute sa richesse : des siècles d’histoire depuis le monde amérindien jusqu’à maintenant en quatre parties couvrant plus de mille pages et divisées en seize sections où 14 auteurs et 6 collaborateurs abordent tous les aspects d’une société en développement. L’ensemble suit un axe historique : « Un milieu riche depuis longtemps fréquenté », « La formation des compagnes », « L’ère urbaine et industrielle (1850-1960) », « La période actuelle ». On le voit, aucune délimitation chronologique stricte : les seuls repères chiffrés renvoient à des décennies, ce qui laisse deviner un certain flottement, un réel respect des diverses temporalités en présence. C’est qu’on a centré chaque période sur un type de développement et un état de société, et dans chaque cas c’est une structure d’ensemble qui s’esquisse, progresse et se transforme. En résumé, l’ouvrage nous conduit d’un territoire amérindien d’échanges et de compétition où interviennent Britanniques et Français à une société agricole qui s’industrialise, traverse la Crise tant bien que mal puis se diversifie et se modernise dans tous les domaines suivant à son rythme à peu près la même trajectoire que la société québécoise dans son ensemble. On présente chacune des grandes parties de façon à rendre compte d’un type de structure sociale et de ses caractéristiques, d’où des insistances particulières, des centres d’intérêt variables et de plus en plus diversifiés et des stratégies de présentation différentes. Ainsi religion et Église, éducation, agriculture et industrie, vie municipale, communautaire et culturelle tiendront une place plus ou moins importante selon les périodes. Notons comme exemple la large part accordée aux villes de l’amiante et les …