Comptes rendus

Victor Piché et Céline LeBourdais (dirs), La démographie québécoise : enjeux du XXIe siècle, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 2003, 319 p.[Record]

  • Charles Fleury

Au cours du XXe siècle, la société québécoise a connu de formidables changements démographiques. C’est durant cette période que le Québec, à l’instar de la plupart des sociétés occidentales, a complété sa transition démographique, passant d’un modèle de fécondité et de mortalité élevées, à un modèle de fécondité et de mortalité faibles. Conséquence de cela, la société québécoise est aujourd’hui confrontée à des défis qui n’ont rien à voir avec ceux qu’elle connaissait au début du XXe siècle. Non seulement sa structure par âge et sa composition ethnique et linguistique se trouvent-elles profondément transformées – ce qui constitue en soi un puissant moteur de changements – mais on en vient aujourd’hui à se questionner sur le renouvellement de la population. Y a-t-il lieu de s’inquiéter ? Si l’ouvrage collectif que nous propose le Centre interuniversitaire d’études démographiques (CIED) ne répond pas directement à la question, il nous donne à tout le moins quelques pistes pour comprendre ce qui s’est passé et quelques hypothèses sur ce qui devrait se passer. Dirigé par Victor Piché et Céline Le Bourdais, l’ouvrage La démographie québécoise : enjeux du XXIe siècle se veut une synthèse analytique des principales transformations démographiques que le Québec a connues au cours du dernier siècle. Une telle synthèse faisait défaut, la plupart des ouvrages écrits jusqu’à maintenant s’étant limités à l’analyse de l’une ou l’autre de ces transformations ou s’étant simplement contentés d’aborder ces transformations de manière descriptive. L’ouvrage est organisé en fonction des cinq transitions qu’aurait connues le Québec au cours de ce siècle. Ces transitions sont : la transition de la mortalité (chapitre 1), la transition de la fécondité, de la nuptialité et des rôles (chapitres 2, 3 et 4), la transition de la structure par âge (chapitre 5), la transition de la population active (chapitre 6) et la transition migratoire (chapitres 7 et 8). Il se termine sur une réflexion portant sur les phénomènes majeurs qui risquent de révolutionner le régime démographique du Québec au cours du XXIe siècle, soit la décroissance démographique, la réorganisation de la politique sociale, le développement des nouvelles techniques de reproduction et l’immigration. Le premier chapitre, rédigé par Robert Bourbeau et Mélanie Smuga, présente la formidable avancée du Québec dans sa lutte contre la mort et contre les inégalités l’entourant. Après avoir décrit cette avancée au moyen d’indicateurs classiques, les auteurs procèdent à un examen de l’évolution des causes de décès afin de vérifier si cette baisse de la mortalité est davantage redevable aux bénéfices de la médecine ou à l’amélioration des conditions de vie. Si cet examen s’avère particulièrement instructif dans la mesure où il montre comment les causes de décès ont évolué au cours du XXe siècle, il ne parvient toutefois pas à départager le rôle respectif des progrès de la médecine et celui des conditions de vie. Les auteurs concluent en fait simplement que les deux facteurs ont contribué à cette diminution. Ils proposent en dernière partie une revue des écrits fort intéressante sur les inégalités devant la mort, montrant que malgré des progrès majeurs en matière de médecine et de conditions de vie, des différences persistaient toujours à l’aube du XXIe siècle. Dans le chapitre 2, Évelyne Lapierre-Adamcyk et Marie-Hélène Lussier présentent à grands traits l’évolution de la fécondité au cours du XXe siècle. Notant que celle-ci avait poursuivi sa chute tout au long du siècle et retenant trois périodes correspondant à trois régimes distincts de fécondité – disparition des grandes familles, fécondité de remplacement et sous-fécondité – les auteures soutiennent qu’on serait passé d’une forte fécondité à …