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Voilà un exceptionnel album de photographies portant sur les Amérindiens du Québec entre 1863 et 1960. Le livre fait partie d’une collection relative à cette période avec des publications sur la ville et la campagne, les moyens de transport, le travail en forêt, les jardins, les oeuvres des femmes, les quartiers ouvriers d’autrefois, le Québec et la guerre. On y évoque le plus souvent le mode de vie traditionnel des campements, de la chasse, des réserves, de l’artisanat et, plus exceptionnellement le monde moderne d’un entrepreneur-manufacturier, d’un pilote, d’un annonceur de radio ou des constructeurs mohawks de l’acier. On y présente 192 photographies accompagnées d’un bref commentaire dont on trouve la traduction anglaise en annexe de l’ouvrage. Le corpus est regroupé en neuf thèmes : lieux, habitation, transport, travail, vie quotidienne, vie sociale, loisirs, vie spirituelle, figures emblématiques. Les dix nations amérindiennes du Québec y sont représentées, certaines moins que d’autres tels les Abénaquis, les Naskapis et les Malécites parce que les collections les concernant sont moins riches. Les Inuits ne font pas partie de cet album.

Le livre regroupe des photographies presque toutes inédites dispersées dans de nombreuses collections et généralement difficilement accessibles au public. Les photographies les plus anciennes proviennent des Archives nationales du Canada et du Musée McCord avec la collection du studio Notman & Albert Peter Low. Les témoignages visuels livrés par Low qui était employé de la Commission géologique du Canada sont exceptionnels car ce photographe recherchait l’authenticité ethnologique plutôt que l’image touristique. Pour la première moitié du XXe siècle, les photographies proviennent principalement des Archives nationales du Québec, des Archives Deschatelets des Oblats, de dépôts régionaux, de communautés religieuses ainsi que des collections privées (Jacques Rousseau, Laurette Tardif, etc.). Toutes ces photographies sont à inscrire au registre de l’oeil du Blanc sur les Amérindiens, celui de l’explorateur, du missionnaire, de l’ethnologue, du touriste, du photographe-artiste, etc. Des scènes sont croquées sur le vif, d’autres marquent un temps d’arrêt pour le déclic, d’autres encore sont spontanées ou savamment composées dans le cadre d’un spectacle ou d’une réception officielle pour le prince de Galles. Le choix des photographies hérite de celui des collections : les communautés urbaines furent moins représentées parce que moins exotiques que celles au mode de vie plus traditionnel ; parmi ces dernières, sont également sous-représentées les plus distantes, telles que les Naskapis plus difficilement accessibles pour les photographes de l’époque, les plus accessibles étant en conséquence surreprésentées (Innus, Attikameks).

La sélection retenue est remarquable tant aux plans esthétique qu’ethnographique ou historique avec des scènes évocatrices et touchantes de la vie quotidienne, souvent jamais évoquées ailleurs. Plusieurs clichés ont été retouchés par ordinateur sur le mode d’une restauration professionnelle. Pour qui voudrait reproduire l’une ou l’autre de ces photographies, on se rappellera que ce sont les divers dépôts d’archives ou collections dont elles sont tirées qui en conservent les droits de reproduction. Pour obtenir une autorisation de reproduction d’un cliché retouché, il faudra donc obtenir une double autorisation, c’est-à-dire y compris celle de l’éditeur de l’ouvrage. Bref, voilà une exceptionnelle contribution à la mémoire visuelle relative aux Amérindiens du Québec et, pourquoi pas, un magnifique cadeau à offrir.