Comptes rendus

Marie-Blanche Tahon et Céline Windmer (dirs), Les femmes entre la Ville et la Cité (Actes du 4e Congrès international des recherches féministes dans la francophonie plurielle), Montréal, Éditions du Remue-Ménage, 2007.[Record]

  • Catherine Trudelle

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Les 13 textes de ce recueil, issus du 4e Congrès international des recherches féministes dans la francophonie plurielle, montrent de façon éloquente que les femmes ont encore beaucoup de chemin à parcourir afin d’obtenir une place légitime dans la ville et dans la cité. Bien que des efforts soient faits pour atteindre l’égalité et la parité en ce qui concerne le droit des femmes à la ville et à la cité, elles sont encore trop souvent exclues des structures urbaines, celles-ci n’étant pas inclusives, et des lieux de pouvoir politique, les obstacles auxquels elles sont confrontées pour investir la cité étant légion. Pourtant, les femmes ont une tradition très forte de l’activisme urbain et de l’action collective, elles qui ont été présentes dans les mouvements de réforme urbaine et les mouvements sociaux urbains dès leur apparition, au tournant du XIXe siècle. Elles luttent depuis un peu plus d’un siècle au moins pour rendre les structures urbaines plus égalitaires, pour participer aux processus de prise de décisions et pour accéder aux postes de pouvoir politique. Néanmoins, les textes de ce recueil montrent clairement que la tendance générale d’exclusion des femmes tant de la ville que de la cité est encore à l’oeuvre dans les sociétés contemporaines. La situation des femmes dans la ville et sur la scène politique est en effet toujours préoccupante même si des gains qui peuvent paraître importants ont été faits ces dernières années. Que se passe-t-il donc pour que les femmes n’arrivent pas à investir les villes et les lieux de pouvoir ? Comment ces mécanismes d’exclusion fonctionnent-ils ? Il se trouve qu’un peu partout il y a absence de prise en compte des différences entre hommes et femmes, au point de vue de leurs expériences, par exemple, et que souvent, lorsque ces différences sont considérées, des explications essentialistes et biologiques sont données pour justifier le droit restreint des femmes à la ville et à la cité. Tous les textes soulignent de façon juste que les institutions politiques représentatives et les villes ont été construites sur la base de l’exclusion des femmes, cette exclusion n’étant pas un effet non désiré mais, au contraire, une volonté affirmée. Les rapports sociaux de sexe, même s’ils évoluent dans le temps et dans l’espace ou parce qu’ils évoluent, justement, concourent à marginaliser les femmes de plusieurs façons : elles sont sous-représentées à tous les niveaux dans les structures politiques, cette exclusion des lieux de pouvoir s’accompagnant d’une exclusion des structures urbaines et, enfin, la variable genre n’est que rarement prise en compte par les analystes, c’est-à-dire que l’analyse différenciée selon le sexe n’est pas une méthode adoptée par les spécialistes de la ville et de l’environnement urbain. Les analyses produites sont alors très souvent muettes sur les situations spécifiques des femmes ou bien, elles présentent des résultats complètement faussés. Cette exclusion des femmes et leur sous-représentation sur les scènes politiques et urbaines s’accompagnent d’une invisibilité dans la littérature de géographie et de sociologies urbaines ainsi que dans les écrits de science politique et ce, jusqu’au milieu des années 1970 environ. Il faudra en effet attendre le développement de la recherche féministe, qui est plurigéographique et transdisciplinaire, pour que les femmes redeviennent visibles ou encore, cessent d’être « seulement là » (simply there), selon le mot de L. H. Lofland. Les textes constituant ce recueil s’inscrivent dans le champ de la recherche féministe et montrent la criante nécessité de ce type de recherche tant dans l’univers académique que dans celui de la pratique. Il s’agit en fait d’un regard juste qui est posé sur le réel des …