Réplique

Le concept de culture publique commune : prégnance, significations et potentiel[Record]

  • Stéphan Gervais,
  • Dimitrios Karmis and
  • Diane Lamoureux

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La revue Recherches sociographiques a jugé l’ouvrage collectif que nous avons dirigé, Du tricoté serré au métissé serré ? La culture publique commune au Québec en débats, suffisamment important pour y consacrer un symposium critique. Nous l’en remercions, de même que nous apprécions l’occasion qui nous est donnée de répondre à nos critiques. Ce symposium critique regroupe des textes fort hétérogènes. Celui de Bernard Gagnon est un compte rendu, de facture classique, cherchant à dégager le projet intellectuel de l’ouvrage et en proposant une évaluation. Un autre texte donne la parole à Gary Caldwell, ce qui s’explique fort bien étant donné son rôle dans la « mise en circulation » de la notion de culture publique commune (CPC) à la fois dans le monde universitaire et dans le débat public. Par contre, le texte de Mathieu Bock-Côté nous semble particulièrement déplacé dans une revue universitaire, non pas tant pour les idées qui y sont défendues, mais pour le ton et le style argumentatif de type essentiellement pamphlétaire, ce qui nous apparaît peu propice à un débat d’idées. Nous nous proposons d’organiser cette « réponse » de la façon suivante. D’abord, nous reviendrons sur la logique qui a présidé au choix du thème, des quatre grands axes de son analyse et des auteurs (autant pour le colloque que pour le livre) ; nous en avions fait état dans l’introduction et dans la quatrième de couverture, mais elle semble avoir été comprise de façon très différente par nos trois commentateurs. Ensuite, nous répondrons aux trois critiques, individuellement, puisqu’elles sont de nature très différentes et mobilisent des argumentaires difficilement réductibles l’un à l’autre. Enfin, nous conclurons par notre évaluation de la tournure prise par le débat public et par la recherche universitaire sur cette question depuis la parution du livre au printemps 2008. Au terme de la lecture du symposium critique, il nous a semblé nécessaire de revenir sur les origines et la nature du projet dont est issu Du tricoté serré au métissé serré ? La culture publique commune au Québec en débats. Visiblement, Caldwell et Bock-Côté y ont essentiellement lu une entreprise idéologique, alors que Gagnon se consacre à l’analyse d’un projet d’abord et avant tout intellectuel. Tout en exprimant sa « satisfaction qu’on débatte des enjeux que soulève la référence à ce concept » (p. 364), Caldwell déplore que « le jupon idéologique […] dépasse » (p. 365). En fait, ce jupon dépasserait à un point tel qu’il s’agit d’une « orientation idéologique » (p. 365) qui conduit à un « aveuglement idéologique » (p. 366). On l’aura compris, on parle ici d’un jupon de taille forte. Plus précisément, selon Caldwell, « la plupart des auteurs, à deux exceptions notables [Yvan Lamonde et André Burelle] » (p. 365), sont orientés par « un libéralisme volontariste et utopique » (p. 365) qui les amène à « vouloir déconstruire la CPC qui existe (c’est-à-dire la réalité sociale à laquelle le concept fait référence) pour en construire une nouvelle par le processus ‘délibératif démocratique' » (p. 365-366). Et d’ajouter : « Pour un conservateur comme moi – je me présente depuis longtemps comme un Red Tory – un tel « libéralisme » est irresponsable parce que destructeur d’acquis collectifs, tout en étant utopique » (p. 365). Bock-Côté est plus lapidaire et, disons-le, spectaculaire. On ne parle plus ici d’un jupon, mais bien d’un grand manteau idéologique qui recouvrirait non seulement notre ouvrage, mais un pan important des travaux académiques contemporains : Sous la plume du pamphlétaire Bock-Côté, notre modeste ouvrage devient ni plus ni moins qu’une entreprise de refondation de « …

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