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Cette publication constitue le troisième ouvrage portant sur l’architecture de la ville de Québec dans une collection produite par l’École d’architecture de l’Université Laval. Après un regard porté sur l’architecture contemporaine de la ville puis sur des projets de recyclage architectural, c’est maintenant au tour des édifices municipaux d’être présentés par les recherches d’une vingtaine d’étudiants de l’École d’architecture, sous la direction de Martin Dubois. Il faut se réjouir de la publication d’un ouvrage portant sur l’architecture municipale au Québec, d’autant plus que celui-ci présente un ensemble de projets créés à différentes époques, incluant des réalisations contemporaines. L’architecture municipale constitue un sujet encore relativement peu exploré à ce jour. Le manque d’intérêt pour l’histoire de ces bâtiments, leurs concepteurs ou leurs matériaux s’explique peut-être par le fait qu’ils sont souvent – il faut le reconnaître – d’une architecture modeste et certes moins impressionnante que d’autres constructions qui meublent l’environnement bâti telles que les églises. Il n’en demeure pas moins que les casernes de pompiers, postes de police, bibliothèques, arénas et chalets de parcs (pour ne nommer que ceux-là) sont bien présents dans notre quotidien. Qui plus est, ces bâtiments ont la capacité d’évoquer, au même titre que les édifices gouvernementaux des paliers fédéral et provincial, l’identité d’une collectivité à un moment de son histoire, en l’occurrence ici celle d’une ville.

L’introduction de cet ouvrage laisse entendre que c’est principalement cette caractéristique des édifices municipaux qui est à l’origine du choix des constructions qui y sont présentées. L’auteur justifie l’inclusion de certains bâtiments en invoquant le fait que leur architecture présente « les traces du pouvoir municipal de l’époque de leur construction » (p. 2). Le lecteur constatera cependant rapidement que l’interprétation du pouvoir municipal par l’architecture des édifices présentés est souvent difficile, et ce, en raison d’une définition assez large de ce que constitue un bâtiment municipal. On y présente en effet un grand nombre de constructions acquises par les municipalités au fil des années, mais destinées à l’origine à d’autres fonctions. Or, pour qu’un édifice soit véritablement représentatif d’une administration municipale à un moment donné, sa construction ne doit-elle pas être mise en chantier par elle ? L’inclusion de certains bâtiments, dont l’édifice Price (Ross and MacDonald Architects, 1929-1930), sous la rubrique des édifices administratifs municipaux laisse perplexe. Ce bâtiment, conçu en tant que siège social de l’entreprise de pâtes et papiers Price Brothers, a été acquis par la Ville de Québec en 1983 puis revendu en 2001. Idem pour d’autres lieux retenus tels que l’Édifice de la Fabrique (une ancienne manufacture datant de 1871, Dominion Corset) ou encore le Morrin Centre (1808-1812 et 1868). Si l’intention de cette publication était de témoigner de la variété des stratégies déployées par les administrations municipales au fil du temps pour loger ses services, il aurait été souhaitable de mieux documenter les motifs sous-jacents aux décisions administratives relatives aux acquisitions. Cela aurait sans doute contribué à une meilleure appréciation de la section de l’ouvrage intitulée « Mettre en valeur le patrimoine bâti », qui regroupe les édifices acquis et parfois restaurés par les administrations locales.