Comptes rendus

Louis Côté, Benoît Lévesque et Guy Morneau (dirs), État stratège et participation citoyenne, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2009, 278 p.[Record]

  • Geneviève Tellier

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Cet ouvrage réunit des textes présentés lors d’un colloque tenu à Montréal les 5 et 6 octobre 2006. Le colloque visait à susciter une réflexion sur le rôle de l’État et tout particulièrement sur les rapports entre l’État et la société civile et l’ouvrage concerne la transformation de l’État québécois en État stratège. Selon la présentation détaillée de Côté et Lévesque au début du livre, l’État québécois est devenu un État-pompier incapable de concevoir des projets d’avenir et de défendre l’intérêt général (p. 12). Pour ces auteurs, la solution consiste à mettre en place un État stratège, c’est-à-dire un État « capable d’impulser des actions » afin que la société puisse relever les défis auxquels elle devra faire face (p. 59). Un État stratège qui saura s’ouvrir à la participation citoyenne, c’est-à-dire qui créera un espace délibératif et réflexif (p. 60). Une telle transformation de l’État est-elle faisable et est-elle désirable ? Les chapitres suivants traitent de ces questions, en abordant soit le thème de la gouverne, soit celui de la production et la prestation de services. Paquin, par exemple, rappelle le succès du modèle scandinave, un modèle d’État stratège qui serait transposable au Québec, à la condition de mettre fin à l’immobilisme actuel de la société québécoise. Gow, quant à lui, affirme que la fonction publique québécoise est capable de soutenir la présence d’un État stratège. Cependant, il ne faut pas lui ôter sa mission première de service public. Par contre, des transformations quant au mode de fonctionnement des organismes publics autonomes seront nécessaires, prévient Bernier. Une mise en garde s’impose aussi à propos de l’utilisation des services décentralisés : selon Divay, ceux-ci doivent avant tout être conçus pour susciter la participation des communautés locales à l’action collective et non uniquement à la prestation de services aux individus. Mais pour y parvenir, un véritable débat social sur la gouvernance partagée devra se faire au Québec, selon Bisaillon. Vaillancourt, pour sa part, incite à voir dans l’État stratège un État démocratique, partenaire inclusif de tous les acteurs de la société civile. Une vision que partage Larose : il faut mobiliser la société civile pour parvenir à une société plus prospère et plus égalitaire. Enfin, certaines contributions jettent un regard plus critique sur la présence désirable d’un État stratège. Selon Thériault, l’État stratège est un moyen et non une finalité en soi. Ce qui doit prévaloir c’est une redéfinition de la social-démocratie québécoise. Mais on surestime le caractère novateur de l’État stratège, affirme Noël : l’État québécois est déjà beaucoup plus stratège qu’on le suppose. Que conclure ? Les textes de cet ouvrage offrent une contribution intéressante à un débat qui ne fait sans doute que commencer. Il est à espérer que d’autres analyses poursuivront la réflexion amorcée ici. Par exemple, il y aurait certainement lieu de s’interroger sur les liens entre l’État stratège et les institutions démocratiques québécoises ainsi que sur le rôle que les citoyens ordinaires pourraient être appelés à remplir au sein d’un État stratège.