Comptes rendus

Sandra Breux et Laurence Bherer (dirs), Les élections municipales au Québec : enjeux et perspectives, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2011, 351 p. (Coll. Études urbaines.)[Record]

  • Jacques Palard

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La période qui s’est ouverte avec la nomination et la prise de fonction de la Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction, décrétée le 19 octobre 2011 et dite « Commission Charbonneau » – du nom de la juge qui en assure la présidence –, donne à cet ouvrage une actualité et un intérêt supplémentaires. Il offre un champ d’observation, d’investigation et d’analyse propre à mieux faire comprendre le contexte socio-institutionnel des « affaires » traitées par la Commission. Dans le mandat de cette instance, dont les audiences ont été depuis lors émaillées de bien des révélations, singulièrement sur certains des rouages du système municipal montréalais, figurent les termes « stratagèmes », « activités de collusion et de corruption », « financement des partis politiques »… La démission des maires de Montréal et de Laval, sur fond d’accusation de corruption et moins d’un mois après la mise en place de la Commission, a donné à l’activité de celle-ci un indéniable retentissement. Les deux codirectrices de l’ouvrage ouvrent d’emblée leur introduction par l’évocation de l’un des thèmes centraux des élections municipales de 2009 au Québec : l’éthique dans la gestion des affaires publiques. Elles considèrent les scandales liés à la corruption comme le révélateur de phénomènes plus profonds et caractéristiques de la politique municipale québécoise, au rang desquels figurent « le dénigrement des partis politiques municipaux par les candidats et le refus de faire campagne, au profit de stratégies politiques axées sur des personnalités fortes » (p. 3). L’objectif de l’ouvrage se fonde sur un constat, en forme de regret mais aussi de défi : le système municipal québécois est mal connu parce que peu étudié, en comparaison de l’importance prise par ce champ d’étude en France et aux États-Unis. Une triple faiblesse est directement associée à ce « déficit informationnel » : celle de la couverture médiatique, celle de l’organisation des partis politiques municipaux et celle, enfin, de la connaissance qu’ont les citoyens de la répartition des responsabilités politiques entre les divers paliers gouvernementaux. Comment la recherche peut-elle contribuer à pallier ce manque ? En conduisant une analyse de l’état de la démocratie locale, de ses ressorts comme de ses déficiences, sur le terrain même de son exercice en milieu urbain au travers des élections de 2001, 2005 (date à laquelle est instaurée la simultanéité du scrutin pour toutes les municipalités) et 2009. L’ouvrage se compose d’une série de monographies consacrées aux neuf plus grandes villes du Québec ; ces études sont regroupées, de façon quelque peu artificielle, en trois parties : « L’émergence de nouveaux partis politiques municipaux » (Trois-Rivières, Sherbrooke et Montréal) ; « La figure du maire » (Lévis, Québec et Longueuil) ; « La démocratie locale et ses spécificités » (Saguenay, Laval et Gatineau), partie où figure également un dixième chapitre qui présente une analyse comparée des élections municipales de 2009 dans les 37 villes moyennes dont la population est comprise entre 20 000 et 100 000 habitants. La conclusion générale permet à Jean-Pierre Collin de répondre à la question qui sous-tend l’ensemble de l’ouvrage : « Quel avenir pour la démocratie municipale québécoise ? » Selon les villes étudiées, cette question prend une tonalité spécifique, mais dans l’analyse de chacune d’elles, on retrouve les mêmes dimensions et les mêmes enjeux, dont le commun dénominateur, peu ou prou, a pour nom l’apolitisme municipal. Cette récurrence prend la forme d’au moins trois phénomènes majeurs, qui font système. Le premier est lié au faible taux de participation électorale : 43 % en moyenne, lors du scrutin de 2009, dans …