Comptes rendus

Michel Gariépy et Olivier Roy-Baillargeon, Gouvernance et planification collaborative. Cinq métropoles canadiennes, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 2016, 284 p.[Record]

  • Louis Guay

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Les travaux sur les grandes villes canadiennes se multiplient, chacun adoptant un point de vue particulier. On a examiné, par exemple, la géographie économique de ces régions urbaines à la lumière des défis de la mondialisation; on les a auscultées sous l’angle des changements politiques et institutionnels et sous celui des changements démographiques et culturels. Cet ouvrage jette un regard critique sur l’aménagement et l’urbanisme de cinq métropoles canadiennes : Montréal, Québec, Ottawa-Gatineau, Toronto, Vancouver. On y apprend beaucoup parce que chaque métropole fait l’objet d’une étude approfondie d’un des aspects qui caractérisent l’urbanisme et l’aménagement. Cinq métropoles, six cas différents, cinq regards de chercheurs tout aussi différents : comment réunir ces exemples en un ouvrage relativement homogène? Pour y parvenir, Michel Gariépy et Olivier Roy-Baillargeon ont écrit une introduction qui oriente le lecteur à travers les cas géographiques et thématiques. En l’organisant autour des concepts de participation, de gouvernance et de planification territoriale, ils nous mènent à travers les études de cas vers ce qui à la fois les distingue les unes des autres et les réunit. Tous les auteurs font référence à ces trois concepts organisateurs, de manière souvent assez différente et sans leur donner le même poids dans leur étude. Par exemple, pour la métropole montréalaise, c’est la participation publique et sa capacité à influer sur les décisions qui importent aux auteurs. La métropole de Québec est examinée à la lumière des nombreux changements de gouvernance qui ont marqué son évolution depuis la création de structures régionales. Gatineau pose aussi la question de la gouvernance. Les auteurs présentent un cas de revitalisation de son centre-ville qui a plutôt mal tourné. La métropole de Toronto est abordée par la planification territoriale de longue durée, depuis les années 1950. Ses relations tendues avec les villes environnantes et le gouvernement provincial sont mises en évidence dans une métropole qui a crû rapidement et qui a posé de nombreux problèmes relativement aux structures de décision et aux politiques d’urbanisme et d’aménagement. À Ottawa, ce sont les relations entre élus et citoyens, les citoyennes marginalisées notamment, qui ont attiré l’attention de la chercheuse. L’exemple de Vancouver montre à la fois la manière dont s’est structuré le gouvernement régional et, à partir d’un cas de transport rapide du centre-ville vers l’aéroport, comment la gouvernance des transports publics s’est modifiée avec l’entrée en scène des milieux d’affaires dans l’orientation des décisions. Un seul chapitre sort quelque peu du thème général, malgré l’intérêt du sujet et la qualité de l’étude. Il s’agit d’une analyse fine et détaillée de la politique de mobilité durable du gouvernement du Québec, demeurée ancrée dans un référentiel « dépassé ». Le concept de cohérence mis en avant dans l’introduction et décliné en ses composantes horizontale, verticale et temporelle, n’est, cependant, que très peu mobilisé dans les études de cas. Elles y font certes référence mais la cohérence des interventions de planification est secondaire par rapport aux autres enjeux abordés dans ces études. C’est celle portant sur Toronto qui s’en sert le plus, pour montrer la forte continuité temporelle des plans d’aménagement métropolitains, dans une sorte de « dépendance de sentiers » chère à la science politique. Ce n’est pas que la notion de cohérence ne soit pas importante, comme le montre la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme de la province de Québec, qui fait de la conformité entre les différents outils de planification territoriale une exigence fondamentale. Mais ce n’est pas ce que les chercheurs ont mis au premier plan de leurs analyses. Les enjeux sont ailleurs, en particulier dans la réponse aux problèmes nouveaux. Il ne faut pas s’étonner …