Abstracts
Résumé
Un nombre important de spectacles en arts de la scène sont présentés chaque année dans le cadre de festivals ou d’événements, et ces derniers occupent une place importante dans le paysage culturel québécois. Or, ce phénomène demeure peu étudié. Les auteurs proposent un portrait des événements proposant une ou des représentations de spectacles en arts de la scène et une mesure partielle de leur fréquentation. Dans un premier temps, l’offre est analysée à partir d’une recension des événements qui présentaient au moins un spectacle en arts de la scène en 2019 selon la région, la catégorie d’événement et la discipline des spectacles dans le but d’établir les caractéristiques de ces événements et d’en proposer une analyse exploratoire. L’article vise également à dresser un portrait de l’évolution de la fréquentation des représentations payantes en arts de la scène tenus à l’intérieur d’un événement à partir des données de l’Enquête sur la fréquentation des spectacles au Québec réalisée par l’Observatoire de la culture et des communications du Québec. Il se termine sur une réflexion concernant la pertinence et les obstacles quant à l’investigation de l’offre et de la fréquentation des arts de la scène dans les événements.
Mots-clés:
- culture,
- offre culturelle,
- fréquentation,
- événements,
- festivals
Abstract
A significant number of performing arts performances are presented each year as part of festivals or events, and these events occupy an important place in Quebec’s cultural landscape. However, this phenomenon remains little studied. The authors propose a portrait of the events by offering one or more performances in the performing arts and a partial measure of their attendance. First, the offer is analyzed based on a survey of events that presented at least one performing arts show in 2019 according to region, event category and performance discipline in order to establish the characteristics of these events and propose an exploratory analysis. The article also aims to draw a portrait of the evolution of the attendance of ticketed performing arts shows held within an event type, based on data from the Enquête sur la fréquentation des spectacles au Québec, a Quebec performing arts attendance survey conducted by the Observatoire de la culture et des communications du Québec. The article concludes with a reflection on the relevance and the obstacles to the examination of the offer and attendance of performing arts events.
Keywords:
- culture,
- cultural offer,
- attendance,
- events,
- festivals
Article body
Un nombre important de spectacles en arts de la scène sont présentés chaque année dans le cadre de festivals ou d’événements, et ces derniers occupent une place importante dans le paysage culturel québécois[1]. On entend ici par festival ou « événement » une activité collective ouverte au grand public, qui rompt avec le quotidien et s’inscrit dans un temps court et un lieu donné tout en étant reconductible (Fortin, 2000; Newbold, Jordan, Bianchini et Maughan, 2015; Ronström, 2014; Spinelli, 2018). Or, la fréquentation de ces événements demeure peu étudiée, et un portrait global de l’offre de représentations en arts de la scène, payantes aussi bien que gratuites, est encore à faire au Québec. Outre les statistiques que diffuse chaque année l’Observatoire de la culture et des communications de l’Institut de la statistique du Québec (OCCQ) concernant les spectacles payants en arts de la scène présentés dans le cadre de festivals (Observatoire de la culture et des communications, 2019a), on peut néanmoins mentionner des investigations menées à propos de disciplines spécifiques, notamment la musique (Audet et Saint-Pierre, 2015), ou d’événements particuliers, comme le Festival de musique actuelle de Victoriaville (Fortin, 1995). L’OCCQ a également tenté de tracer le « portrait économique de 32 festivals et événements répartis dans trois régions administratives (Montréal, Capitale-Nationale et Bas-Saint-Laurent) » (Routhier, 2002, p. 9), sans toutefois viser une représentativité à l’échelle du Québec et sans couvrir l’ensemble des événements. Un portrait exhaustif établirait les bases d’une compréhension globale de l’activité des arts de la scène au Québec, tant en ce qui concerne l’offre que la fréquentation, et constituerait à ce titre un outil dont pourrait bénéficier les acteurs du milieu et les pouvoirs publics.
Cet article propose d’abord une problématisation des événements incluant des représentations de spectacles en arts de la scène en s’intéressant notamment à leur définition, à l’augmentation de leur présence sur la scène culturelle et à leurs retombées. Il aborde ensuite les événements dont la programmation comporte des spectacles en arts de la scène. L’offre sera ainsi analysée à partir d’une recension des événements qui présentaient au moins un spectacle en arts de la scène en 2019, selon la région, la catégorie d’événement et la discipline des spectacles, ce dans le but d’établir les caractéristiques de ces événements et d’en proposer une analyse exploratoire. L’article vise également à dresser un portrait de l’évolution de la fréquentation des représentations payantes de spectacles proposées à l’intérieur d’un événement à partir des données de l’Enquête sur la fréquentation des spectacles au Québec réalisée par l’OCCQ. Il se termine par une réflexion concernant la pertinence d’une investigation portant sur l’offre de la fréquentation des arts de la scène, et des obstacles qu’elle rencontre.
Événements proposant des représentations de spectacles en arts de la scène au Québec : problématisation
Il convient, dans un premier temps, de circonscrire la notion d’événement et d’en explorer les caractéristiques, en plus de s’intéresser à l’accroissement de leur présence dans le paysage culturel et à leurs retombées.
Définition de l’événement
Le présent article adopte une conception large de l’événement, qui englobe l’ensemble des manifestations caractérisées par certains traits. Dans un premier temps, l’événement est un moment jugé important et marqué par une « énergie festive » (Ory, 2013, p. 32). Son importance n’est d’ailleurs pas donnée, mais plutôt construite collectivement : représentant, pour paraphraser Fernand Dumont, « la liberté vis-à-vis du sens », (Dumont, 2005, p. 255), l’événement culturel est en effet une activité éminemment collective, prenant sens à travers la participation à un groupe éphémère (Newbold, Jordan, Bianchini et Maughan, 2015). Ensuite, l’événement marque une rupture avec le quotidien et s’inscrit dans un temps court, qui peut s’étendre d’un jour à quelques semaines (Fortin, 2000; Spinelli, 2018). Or, malgré ce caractère éphémère et ponctuel, les événements tendent à présenter une récurrence, sous forme de rendez-vous annuels qui ponctuent le calendrier (Newbold, Jordan, Bianchini et Maughan, 2015; Ronström, 2014). Une autre caractéristique est la portée locale de certains événements qui s’adressent d’abord aux personnes résidant dans la municipalité où l’événement est organisé et ses environs, alors que d’autres ont une vocation touristique et cherchent à attirer des participants provenant d’ailleurs au Québec et de l’étranger. Cela peut alors avoir une incidence sur leur programmation et leur calendrier. Par exemple, des événements à portée locale étendent leurs activités sur plusieurs semaines (comme le Carnaval de Gentilly), alors que des événements à vocation touristique les concentrent sur quelques jours (Heavy Montréal, par exemple). Une quatrième caractéristique des événements est que plusieurs présentent un contenu culturel – spectacles en arts de la scène, expositions d’arts visuels, projections de films, etc. Cinquièmement, les événements proposent souvent un mariage de formes artistiques variées, par exemple le Mois Multi à Québec, qui présente des spectacles de chanson, de danse, de musique et de théâtre, ou le Vieux-Quai en Fête à Sept-Îles, qui offre des spectacles de chanson, de cirque et de magie. À quoi s’ajoute parfois une réflexion sur l’art, pouvant prendre la forme de conférences, de tables rondes ou de colloques (Fortin, 2000), comme au Festival Mode & Design. De plus, ces événements comportent souvent une dimension ludique et festive (Fortin, 1994), comme l’attestent les nombreux événements familiaux, dont Famili-Neige de Granby. Dernière caractéristique : les événements sont habituellement « mis sur pied et gérés par des organismes qui sont souvent sans but lucratif » (Routhier, 2002, p. 9).
Au Québec comme ailleurs, plusieurs autres appellations existent pour désigner les événements ainsi conceptualisés, telles que « festival » (Festival du Bleuet de Dolbeau-Mistassini), « fête » (entre autres, la Fête de la musique de Tremblant), « rendez-vous » (Rendez-vous country de Saint-Michel-des-Saints), « foire » (Foire Bière, Bouffe et culture de Princeville) ou « carnaval » (Carnaval de Québec). Par ailleurs, peu sont désignés sous le nom d’« événement » (sauf l’exception notable de L’Événement l’Île en blues à Saint-Laurent-de-l’Île-d’Orléans). Cela peut engendrer une certaine confusion conceptuelle, puisque les appellations ne renvoient pas nécessairement à des formes particulières de rassemblements publics ayant des caractéristiques propres. Outre cette constellation d’appellations, la confusion est aussi alimentée par la pluralité des travaux portant sur les festivals (Laville, 2014; Goetschel et Hidiroglou, 2013; Ory, 2013; Quinn, 2010). Ces travaux suivent, grosso modo, deux principales tendances. Le festival peut être analysé sans égards aux autres formes d’événements, avec notamment une préférence pour les festivals de chanson et de musique (Newbold, Maughan, Jordan et Bianchini, 2015). Le terme s’utilise aussi comme synonyme d’événement (Ronström, 2014; Spinelli, 2018). Or, une telle imprécision rend difficile l’appréhension du phénomène. Ainsi, pour les fins de l’analyse, une « fête », une « foire », un « carnaval », un « rendez-vous » ou un « festival » sont ici considérés comme des formes d’événement[2].
Au-delà de la multitude des formes d’événements, des traits communs se dessinent dès lors, permettant de circonscrire le phénomène. Cela apparaît d’autant plus pertinent dans un contexte où ces événements sont de plus en plus nombreux ou visibles (Audet et Saint-Pierre, 2015; Fortin, 2000).
Importance grandissante des événements dans le paysage culturel québécois
Les événements culturels se sont imposés dans le paysage culturel au 20e siècle, en lien avec leur professionnalisation, leur institutionnalisation et leur industrialisation (Newbold, Jordan, Bianchini et Maughan, 2015; Ory, 2013; Quinn, 2010). Leur nombre a crû considérablement dans la seconde moitié du 20e siècle au Québec comme ailleurs. Les années 1960 et 1970 ont en effet été particulièrement fastes, avec la naissance de symposiums, de festivals et de carnavals et notamment avec l’emblématique Expo 67, qui a accordé « une place majeure à la création artistique avec ses 6 000 concerts gratuits présentés par des ensembles amateurs et professionnels, et aussi ses deux événements internationaux : le Festival mondial qui célèbre les arts de la scène, et le Musée d’art qui rassemble une riche collection d’oeuvres d’art » (Eddie, 2002, p. 15). C’est toutefois principalement à partir des années 1980 et surtout à la fin de cette décennie qu’un important essor des événements s’est manifesté (Laville, 2014). Des événements de tout acabit – fêtes, biennales, festivals, etc. – couvrant une pluralité de domaines – sport, alimentation, culture… – se développent ainsi dans l’ensemble des régions administratives du Québec (Fortin, 2000).
Étant plus nombreux, plus longs, plus fréquents et plus diversifiés, les événements, souvent sous l’appellation de « festivals », en viennent ainsi à s’imposer « comme une des principales formes de production culturelle dans le monde occidental » (Ronström, 2014, p. 32). Plusieurs commentateurs parlent alors de « festivalisation » ou de « festivalomanie »[3], dans un contexte où la dénomination « festival » est appliquée à une kyrielle de formes (foires, salons, fêtes, etc.) et où la diffusion culturelle prend de plus en plus une forme événementielle (Boogaarts, 1992; Cudny, 2013; Goetschel et Hidiroglou, 2013). Cette « festivalisation » concerne bien sûr les événements à composante artistique, mais aussi ceux ayant une composante alimentaire, sportive ou familiale (Ronström, 2014).
L’adoption de cette modalité de diffusion des contenus culturels a diverses conséquences. Parmi celles-ci, l’utilisation généreuse du terme « festival » amène notamment à l’accoler à diverses formes de programmation ayant plus ou moins les caractéristiques des événements décrites plus haut. Le « festival » devient alors une notion parapluie, référant à différentes réalités : par exemple, le Festival des Escales Improbables de Montréal, qui s’étend de juin à décembre. Aussi, le phénomène amène les diffuseurs et les producteurs à articuler leur programmation autour de thèmes précis : pensons aux festivals country (de Longueuil, de Lotbinière, de Matane…) ou aux événements où est valorisée une culture particulière, comme l’Auténtica Fiesta Cubana de Saint-Sauveur, ou une orientation sexuelle, comme le Festival Black & Blue de Montréal. Une autre conséquence concerne la segmentation de l’année culturelle en deux saisons : la saison « régulière » (septembre à avril) et la saison des festivals (mai à août). C’est ce que Ronström (2014, p. 40) appelle, de manière humoristique et hyperbolique, « l’effet ketchup » : « d’abord rien, ensuite rien, puis tout sort d’un coup ». Deux rythmes s’imposent alors : un rythme plus lent, propre à la saison « régulière », avec des spectacles parsemés dans un calendrier institutionnel convenu, et un rythme plus rapide, propre à la saison des festivals, où les spectacles sont concentrés. Cela a comme incidences sur les publics et la consommation : « un étiolement de l’attention du public face à la richesse des programmes; une banalisation du concert en tant que simple élément d’un happening où la fête, la sociabilité, la nourriture, le shopping et une kyrielle d’autres activités ludiques jouent un rôle de même importance » (Laville, 2014, p. 11). Cela amène d’ailleurs Ronström (2014, p. 39) à proposer la comparaison selon laquelle « les festivals sont aux concerts ce que la télévision est au cinéma » : car, « alors que les concerts et les projections de films sont des moments très formalisés, exigeant de la concentration, les téléspectateurs et les festivaliers font généralement plusieurs choses à la fois, comme parler, manger, fumer, etc. », en plus de pouvoir « zapper » d’une performance à une autre.
Retombées des événements proposant des spectacles en arts de la scène
Les événements ont des retombées culturelles, économiques, sociales et touristiques notables, qui nourrissent l’intérêt que leur portent les instances publiques locales, régionales et nationales.
Parmi les retombées culturelles, retenons-en deux, l’une qui concerne les publics, l’autre, les producteurs et les diffuseurs. La première est de favoriser l’accès à des contenus culturels diversifiés (Vauclare, 2009). Les événements permettent en effet une exposition à une multitude de formes artistiques : arts visuels, cinéma, littérature ou arts de la scène. La participation est alors favorisée par le contexte et les modalités mêmes de l’événement, que ce soit par la flexibilité des modes d’accès, par le lieu qui se situe souvent hors des endroits habituellement consacrés à la culture, ou par le contexte festif faisant se côtoyer la consommation proprement culturelle et d’autres activités, comme l’interaction sociale, l’alimentation, etc. Les événements peuvent en ce sens proposer une programmation diversifiée, complétant du même coup l’offre présentée dans les lieux habituellement consacrés à la culture, comme les salles de spectacle[4]. La seconde retombée culturelle renvoie à l’adoption, pour la production et la diffusion des contenus artistiques lors des événements, de pratiques créatives ou innovantes. En raison des conséquences techniques de la festivalisation – compétition entre les représentations, distance entre l’artiste et le public, raccourcissement des performances, etc. (Laville, 2014) –, les événements amènent les artistes à innover et à rompre avec les [traduction] « modes conventionnels de performance et de production artistiques » (Faivred’Arcier, 2015, p. 287). Les événements demandent cette innovation dans un contexte où les publics ne sont pas nécessairement familiers avec les formes artistiques présentées (Fortin, 2000).
Une seconde catégorie de retombées, les retombées sociales, résulte du caractère mobilisateur des événements, la population locale étant mobilisée autour d’un projet commun (Audet et Saint-Pierre, 2015). Les événements peuvent ainsi contribuer à créer des liens entre les individus et entre des collectivités, en plus de renforcer l’identité locale (Faivred’Arcier, 2015).
Les retombées des événements les plus abondamment documentées demeurent les retombées économiques et touristiques. La présence de participantes et de participants aux événements organisés dans une municipalité ou une région a des retombées importantes pour l’économie locale (qui se manifestent sous la forme d’emplois et de revenus, notamment) et pour le secteur touristique (entre autres par les activités d’ordre touristique, par l’hébergement et par l’alimentation), comme l’attestent les analyses d’impact économique effectuées pour une multitude d’événements[5] (Beauchesne, 2017; Brodaty, 2014; Cudny, 2013). Proposant « un contenu attrayant, une promesse de divertissement et une valeur culturelle ajoutée parmi les nombreuses destinations en compétition » (Ronström, 2014, p. 35), les événements sont une composante importante du tourisme.
Les retombées économiques et touristiques sont multiples. Le tourisme peut en effet bénéficier aux communautés par la création d’emplois et d’entreprises, par la perception de taxes de consommation, par la diversification de l’économie locale, en accentuant la visibilité ou en renouvelant l’image d’une localité (Boogaarts, 1992; Fortin, 2000; OCDE, 2009). Ces événements profitent ainsi à une multitude d’acteurs impliqués de près ou de loin dans l’activité touristique locale, régionale et nationale, que ce soit des hôtels, des restaurants, des commerces ou même des agences touristiques (Faivred’Arcier, 2015).
Avec l’augmentation de leur nombre et la documentation de leurs retombées culturelles, sociales, économiques et touristiques, les événements bénéficient également d’un appui croissant des instances publiques, qui participent même parfois à leur organisation (Quinn, 2010), comme pour le Festival en août de Chibougamau. Ces investissements sont considérables, comme l’attestent les dépenses municipales pour des événements culturels ou à composante culturelle, qui s’élevaient, en 2018, à plus de 87 M$, soit 10,50 $ par habitant, représentant 11,2 % des dépenses en culture (Dubé et Corriveau, 2020). À l’échelle du gouvernement du Québec, le financement des événements est partagé entre le ministère du Tourisme, la Société de développement de l’économie culturelle (SODEC) et le Conseil des arts et des lettres du Québec. À titre d’illustration, en 2018-2019, la SODEC a financé 23 festivals nationaux de musique et de variétés et 15 festivals internationaux de films (SODEC, 2019). Pour sa part, durant cette même année fiscale, le ministère du Tourisme a financé 215 événements, dans le cadre du programme Aide financière aux festivals et événements touristiques (ministère du Tourisme, 2019a), dont les deux tiers comportaient une composante culturelle incluant des arts de la scène.
Ainsi, les événements occupent une place importante dans le paysage culturel. Cette importance apparaît d’abord dans leur influence sur la manière de penser la culture et ensuite dans l’intérêt porté à leurs retombées culturelles, sociales, touristiques et économiques.
Circonscrire l’offre : portrait des événements proposant des spectacles en art de la scène au Québec
Afin de circonscrire l’offre de spectacles en arts de la scène dans des événements au Québec, une recension et une catégorisation des événements tenus au Québec en 2019 a été effectuée[6].
Méthodologie adoptée pour la compilation des événements
Disons d’abord quelques mots sur la méthodologie employée pour constituer la banque d’événements proposant des représentations de spectacles en arts de la scène sur laquelle s’appuie la présente réflexion. Cette banque est le fruit d’une compilation, réalisée du 21 octobre au 25 novembre 2019, à partir du contenu présenté dans des sites web de regroupements d’événements (RÉMI[7], Événements Attractions Québec[8] et Fédération des événements de courses de camions lourds du Québec[9]), des sites web rassemblant des renseignements sur les événements (Québec Original[10], Québec Tourisme[11] et Répertoire des artistes québécois[12]), ainsi que des sites web d’événements. Pour être inclus, un événement doit répondre à quatre critères :
Il propose un ou des spectacles en arts de la scène;
Il a eu lieu en 2019;
Il est récurrent (a lieu chaque année, tous les deux ans…).
Des renseignements à son sujet sont présentés dans un site Web.
L’objectif était de constituer une banque suffisamment diversifiée pour dresser un portrait global des événements qui proposent une ou des représentations en arts de la scène au Québec. Sept dimensions ont été retenues :
Le domaine thématique de l’événement;
La place qu’occupent les arts de la scène dans la programmation;
Les disciplines des arts de la scène représentées;
Les régions administratives couvertes par l’événement;
Le ou les mois de l’année durant lesquels l’événement est tenu;
La durée de l’événement;
Les modalités d’accès aux activités prévues.
Deux dimensions gagnent à faire l’objet de précisions : le domaine thématique et les disciplines des arts de la scène. Le domaine thématique réfère au thème central d’un événement, de même qu’aux caractéristiques des activités prévues dans la programmation. Il est déterminé à partir de la description générale de l’événement et du contenu de la programmation[13]. Les regroupements effectués permettent de retenir quatre principaux domaines thématiques : « Cuisine et alimentation », « Culture », « Famille » et « Sport et automobile » (tableau 1). Ces quatre domaines thématiques peuvent être regroupés en deux catégories : les événements « culturels » (domaine « Culture ») et les événements à « composante culturelle » (domaines « Cuisine et alimentation », « Famille » et « Sport et automobile »)[14].
De plus, le présent article se limite aux événements ayant proposé au moins un spectacle en arts de la scène dans leur programmation en 2019. Les « arts de la scène » réfèrent à six disciplines : les arts de la parole, la chanson, la danse, la musique, le théâtre et les variétés (tableau 2). L’investigation exclut ainsi les spectacles qui sont en dehors du cadre des arts de la scène, comme les conférences, les projections de films, les performances en arts visuels ou les spectacles sportifs[15] (Fortier, 2019).
Soulignons également que la compilation demeure sommaire, puisque l’état actuel des connaissances ne permet pas de réaliser une recension systématique des événements. Une telle démarche est en effet complexe, et cela pour trois principales raisons : premièrement, la pluralité des événements tenus sur l’ensemble du territoire québécois et durant toute l’année; deuxièmement, le fait que des événements soient organisés dans des municipalités de petite taille ou dans des lieux éloignés; troisièmement, la durée moyenne des événements, qui est d’une journée pour les événements des domaines « famille », « cuisine et alimentation » et « sport et autonomie », et de six journées pour les événements du domaine « culture ». Cela dit, les informations recueillies contribuent tout de même à dresser un portrait global de l’offre des représentations en arts de la scène dans le cadre d’événements ayant lieu au Québec.
Répartition des événements sur le territoire et dans l’année
La compilation a permis d’identifier un total de 392 événements dont la programmation est en partie ou totalement consacrée aux arts de la scène. Les événements sont répartis sur l’ensemble du territoire québécois, mais des différences existent entre les régions, certaines étant « plus actives que d’autres » (Fortin, 2000, p. 90). Sur les 17 régions administratives, une concentration est plus marquée dans deux d’entre elles (Capitale-Nationale et Montréal), qui rassemblent à elles seules le tiers des événements (33 %). D’autres, comme le Nord du Québec (1 %), Laval (2 %) ou la Mauricie (4 %), constituent une part marginale de l’offre d’événements (tableau 3)[16].
L’analyse par région administrative s’avère toutefois limitée, puisqu’elle néglige les relations entre les régions. En effet, chaque région ne constitue pas une monade : elle est plutôt reliée, plus ou moins fortement, aux régions environnantes. Il convient en ce sens de recourir à une conception relationnelle des régions. S’inspirant de la typologie proposée par Harvey et Fortin (1995), quatre principaux types de régions peuvent être distingués : régions centrales, régions périphériques, régions intermédiaires et régions éloignées[17]. Cette typologie repose sur un critère géographique, à savoir la distance qui sépare les régions des villes de Montréal et de Québec (Dubé et Corriveau, 2020). Chaque type regroupe entre deux et six régions administratives. Les régions centrales sont la capitale du Québec (Capitale-Nationale) et la métropole québécoise (Montréal), dont le statut leur « confère des avantages par rapport aux autres régions » (Fortin, 2000, p. 23), notamment en raison de la concentration de la création, de la production et de la diffusion sur leur territoire, de même que de la présence d’instances gouvernementales. Ensuite, les régions périphériques situées aux alentours des régions centrales, bénéficient de leur proximité avec celles-ci : pour les organisateurs d’événements, les résidents des régions centrales et périphériques constituent le public potentiel; pour les participants aux événements, l’offre est plus abondante, puisqu’ils peuvent aisément fréquenter les événements organisés dans les régions centrales (Harvey et Fortin, 1995). Pour leur part, les régions intermédiaires se situent en marge des régions périphériques et sont plus indépendantes des régions centrales, notamment en raison de leur distance. Enfin, la grande distance entre les régions centrales et les régions éloignées définit ces dernières[18].
Lorsque l’on répartit les 392 événements selon le type de région, on constate que les régions centrales et périphériques occupent une place plus importante dans l’offre (Tableau 3)[19]. Près des deux tiers des événements proposant des représentations en arts de la scène se situent dans les régions centrales (33 %) et périphériques (29 %). Pour leur part, les régions intermédiaires (18 %) et éloignées (22 %) accueillent une proportion similaire d’événements.
Examinons maintenant la saisonnalité. On trouve des événements à toutes les périodes de l’année, mais ils se concentrent pour la plupart dans les mois estivaux – surtout en août – avec la tenue de 374 événements sur 392 entre juin et septembre. Cela dit, la concentration varie selon le type de région (figure 1). En effet, elle est plus forte en été dans les régions périphériques, éloignées et intermédiaires, et, dans une moindre mesure, dans les régions centrales. À l’extérieur de la période estivale, le mois de février est d’ailleurs celui au cours duquel un plus grand nombre d’événements se déroulent. De plus, les événements sont organisés plus tôt dans les régions centrales, avec une présence plus importante que dans les autres régions dès le mois de mars, et dans les régions intermédiaires, où les événements deviennent plus présents à partir du mois de mai. On constate que la chute du nombre d’événements mensuels survient plus rapidement dans les régions éloignées, avec une baisse considérable dès le mois de septembre. À ce sujet, rappelons, d’une part, que les régions centrales rassemblent le tiers de la population québécoise et qu’elles hébergent un très important bassin de producteurs et de diffuseurs (Institut de la statistique du Québec, 2019a; Harvey et Fortin, 1995). Soulignons d’autre part que le tourisme est plus important dans les régions centrales que dans les autres régions[20]. En ce sens, l’importante présence des événements dans ces régions s’inscrit dans un contexte plus large de concentration de la population et de l’activité touristique. Le calendrier peut être influencé par des visées touristiques, la date de la tenue de certains événements étant « stratégiquement fixé[e] dans le but d’attirer ou de retenir les touristes dans la région » (Fortin, 2015, p. 184). Cette stratégie s’applique à différentes régions, des événements pouvant être programmés dans les régions centrales en fonction de cette même visée. Pensons notamment à l’événement Toboggan, lancé en décembre 2019 dans la Capitale-Nationale pour rallonger les festivités du Nouvel An (Bouchard, 2019).
Ces tendances vont d’ailleurs de pair avec les vacances estivales et la haute saison touristique. Une observation similaire peut être faite concernant le poids du trimestre d’été (juillet, août et septembre) dans la fréquentation des institutions muséales (Danvoye, 2018). Le poids est en effet plus important dans les régions non centrales, et davantage encore dans les régions éloignées.
Domaines thématiques des événements
Les événements du domaine « culture » occupent une place importante (constituant 57 % du corpus), sans toutefois avoir le monopole de la représentation de spectacles, qui ont aussi lieu dans le cadre d’événements consacrés à la famille (29 %), à la cuisine et l’alimentation (9 %) ou aux sports et à l’automobile (6 %).
De ce fait, une exploration des représentations en arts de la scène limitée aux événements du domaine « culture » s’avèrerait incomplète, d’autant plus que la présence des différents domaines thématiques varie selon le type de régions (figure 2). En effet, les événements dans les régions centrales sont à 79 % des événements du domaine « culture », mais cette part se situe entre 44 à 49 % dans les autres types de régions. À l’inverse, les événements pour la famille représentent une part marginale des événements dans les régions centrales (14 %), mais entre 31 et 40 % dans les autres régions. Pour leur part, les événements sportifs et automobiles sont très peu présents dans les régions centrales (2 %), mais occupent une place plus importante dans les autres régions (entre 7 et 10 %).
De plus, la répartition des événements au fil de l’année n’est pas la même dans les quatre domaines thématiques (figure 3). D’abord, les événements familiaux sont particulièrement présents en février, et de juin à septembre. Cette présence des événements du domaine « famille » en février éclaire d’ailleurs le nombre d’événements tenus lors de ce mois indiqué plus haut. Ensuite, la grande majorité des événements liés à la cuisine et à l’alimentation se tiennent en août, alors que les événements sportifs et automobiles se répartissent entre juin et septembre. Aussi, si les événements dans les domaines « famille », « cuisine et alimentation » et « sport et automobile » sont plus nombreux à partir de juin, cette progression débute dès le mois de mai pour les événements du domaine « culture ». La concentration des événements culturels est d’ailleurs moindre en juillet et août que pour les autres domaines, cette différence pouvant se comprendre par la concentration des événements du domaine « culture » dans les régions centrales et périphériques, plus propices à accueillir des événements tout au long de l’année.
Une interrelation peut ainsi être constatée entre le domaine thématique des événements, le territoire (ici pensé par l’entremise des types de régions) et le calendrier. Deux facettes des événements seront maintenant approfondies : les différentes disciplines des arts de la scène et la part des arts de la scène dans la programmation.
Disciplines représentées dans les événements
Les programmations d’événements peuvent contenir des spectacles d’une ou plusieurs disciplines en arts de la scène[21]. Parmi les événements recensés, les deux tiers comptent des représentations de chanson (67 %) et le tiers des représentations de musique (32 %). La part occupée par les autres disciplines s’avère, quant à elle, plus marginale (Arts de la parole : 10 %; Danse : 7 %; Théâtre : 7 %; Variétés : 12 %)[22]. La prépondérance de la chanson se nuance toutefois en fonction du type de régions (Figure 4)[23]. Alors que la chanson est très fortement présente dans les événements tenus dans les régions périphériques (78 %), intermédiaires (74 %) et éloignées (77 %), elle l’est moins dans les régions centrales (50 %). Au contraire, la musique est plus présente dans les régions centrales (50 %), alors que la proportion diminue à mesure que l’on s’éloigne de ces régions. Une tendance inverse peut d’ailleurs être observée pour les arts de la parole et les variétés, dont la proportion augmente à mesure que l’on progresse des régions centrales vers les régions éloignées. Aussi, bien qu’il occupe une place moins importante dans l’éventail des représentations des arts de la scène dans les événements, le théâtre est davantage représenté dans les événements tenus dans les régions centrales que dans les autres types de régions.
La part de la chanson varie également selon le domaine thématique (Figure 5)[24]. La totalité des événements sportifs et automobiles et la majorité des événements familiaux (90 %) et des événements du domaine « cuisine et alimentation » (91 %) proposent des spectacles de chanson. Mais la proportion diminue dans les événements du domaine « culture », où la moitié propose des représentations de chanson ou de musique. Enfin, les arts de la parole, de même que la danse et le théâtre, trouvent leur place principalement dans les événements culturels, bien qu’ils soient également présents dans les événements familiaux et, dans une moindre mesure, dans les événements liés à la cuisine et à l’alimentation.
Par ailleurs, l’importance accordée aux arts de la scène varie selon les événements. Plus de la moitié des événements consacrent la totalité (44 %) ou la majeure partie (16 %) de leur programmation aux spectacles des arts de la scène. Ce résultat diffère d’un domaine à l’autre (figure 6). D’un côté, les événements culturels accordent une plus grande part aux arts de la scène, que ce soit en totalité (70 %) ou en grande partie (20 %). De l’autre, dans la plupart des événements à composante culturelle, les arts de la scène occupent une place secondaire (« Cuisine et alimentation » : 94 %; « Famille » : 85 %; « Sport et automobile » : 100 %).
Ici encore, les représentations des différentes disciplines des arts de la scène tenues dans le cadre d’événements varient donc en fonction du territoire et de caractéristiques propres aux événements, comme le domaine thématique. Et il en va de même pour les modes d’accès aux événements et aux représentations.
Modalités d’accès aux événements et aux représentations
Les événements et les spectacles en arts de la scène qui y sont programmés sont accessibles de trois façons :
« Accès à la carte », désignant l’achat d’un billet ou d’un droit d’entrer pour un accès à une seule représentation;
« Accès par laissez-passer », désignant l’achat d’un laissez-passer qui donne accès à l’ensemble des représentations pour la journée ou pour l’ensemble de l’événement;
« Accès gratuit », permettant un accès libre aux représentations ou à certaines représentations.
Dans leur programmation, environ la moitié des événements proposent des spectacles accessibles avec laissez-passer (52 % des événements) ou gratuits (48 %), et le tiers offrent des représentations payantes « à la carte » (36 %). Les événements peuvent prévoir plus d’une modalité d’accès pour les différents spectacles en arts de la scène programmés. En effet, si l’accès aux deux tiers des événements est régi par un seul mode d’accès (67 %), le tiers d’entre eux en comporte deux (31 %) ou trois (3 %) (tableau 4). En ce sens, l’accès aux spectacles en arts de la scène tenus dans le cadre d’événements peut prendre plusieurs formes.
Encore une fois, le portrait change selon le domaine thématique : la proportion d’événements avec représentations payantes « à la carte » est en effet plus élevée dans les événements des domaines « Cuisine et alimentation » (49 %) (figure 7). Pour leur part, les plus fortes proportions d’événements offrant l’accès par « laissezpasser » se retrouvent dans les domaines « Culture » (51 %), « Famille » (57 %) et « Sport et automobile » (57 %). Finalement, les événements du domaine « Culture » sont les plus nombreux à présenter des spectacles gratuits (62 %), quoique près de la moitié des autres domaines proposent également un accès gratuit (variant entre 44 et 48 %).
Les événements proposant des spectacles en arts de la scène sont ainsi représentés par une multitude de dimensions qui influencent de près ou de loin la forme de l’événement, de même que son calendrier ou le contenu de sa programmation – et, par extension, la place qu’y occupent les arts de la scène. L’offre des représentations des arts de la scène dans les événements au Québec est donc à la fois plurielle et protéiforme.
Mesurer la fréquentation dans les événements au Québec : analyse des données de l’Enquête sur la fréquentation des spectacles
L’identification des événements proposant des spectacles en arts de la scène implique de s’intéresser au second volet : la fréquentation de ces événements. Le portrait de l’offre permet certes d’identifier certaines caractéristiques de ces événements, mais il demeure partiel tant que l’on n’observe pas également les tendances liées à leur fréquentation. Car c’est une évidence : sans spectateurs, les événements proposant des spectacles en arts de la scène ne peuvent avoir ni importance ni retombées. Or, tout comme pour l’offre des représentations des arts de la scène dans les événements au Québec, la mesure de la fréquentation, c’est-à-dire la mesure du nombre de spectateurs, s’avère complexe. En effet, peu d’information est disponible sur cette fréquentation, alors même que les arts de scène occupent une place importante dans la programmation des événements. La mesure du nombre de spectateurs se bute à maintes limites, liées notamment au mode d’accès (gratuit ou par laissez-passer). Les limites et la portée d’une telle mesure de la fréquentation seront abordées en conclusion. D’ici là, il convient de se pencher sur une mesure partielle, mais éclairante, de la fréquentation, soit le nombre de spectateurs aux représentations payantes en arts de la scène ayant lieu dans le cadre d’événements, tel que comptabilisé par l’Enquête sur la fréquentation des spectacles au Québec réalisée par l’OCCQ.
Présentation de l’Enquête sur la fréquentation des spectacles
Depuis 2004, l’OCCQ documente la fréquentation des spectacles au Québec, dans le cadre de l’Enquête sur la fréquentation des spectacles. Pour ce faire, il « recueille tous les deux mois des données au sujet des représentations payantes en arts de la scène offertes par les établissements qui diffusent des spectacles ou qui sont propriétaires de salle » (Fortier, 2019, p. 2). Cette enquête est menée auprès de diffuseurs de spectacles, de locateurs de salles de spectacles et de certains producteurs. Les représentations des spectacles documentés peuvent d’ailleurs se dérouler dans des lieux habituellement consacrés à la culture (comme des salles de théâtre), ou d’autres lieux intérieurs (arénas, églises, etc.) et extérieurs (par exemple, des parcs).
Les données de l’enquête portent uniquement sur les représentations payantes dont le droit d’entrée donne lieu à l’achat d’un billet à usage unique[25]. Il s’agit donc de représentations impliquant un accès à la carte, en sorte que les représentations accessibles gratuitement ou grâce à un laissez-passer payant valide pour l’ensemble de la programmation d’un événement, et celles où un droit d’entrée est déboursé, mais sans que cela donne lieu à l’achat d’un billet, ne sont pas prises en considération dans l’enquête. Celle-ci ne couvre dès lors qu’une partie de l’offre des spectacles programmés dans le cadre d’événements. De plus, certains types de représentations sont exclus de la compilation :
les représentations privées;
les représentations de spectacles amateurs;
les représentations données dans les locaux d’écoles primaires ou secondaires pour les élèves de ces écoles;
les représentations non relatives aux arts de la scène, comme les conférences, les projections de films, les démonstrations, les performances en arts visuels, etc.
les spectacles donnés dans le cadre d’activités de loisirs ou de formation, comme une chorale municipale, les spectacles d’élèves d’un conservatoire ou d’une école de théâtre, etc.
Chaque établissement répondant est amené à fournir une multitude de renseignements sur la ou les séries de représentations payantes qu’il a organisées. Par ailleurs, l’enquête couvre six disciplines des arts de la scène, qui se déclinent chacune en genres artistiques : les arts de la parole, la chanson, la danse, la musique, le théâtre et les variétés[26]. Cette enquête permet également de distinguer les séries de représentations tenues dans le cadre d’un événement[27] et celles tenues durant une programmation « régulière ». L’enquête permet ainsi de mesurer la fréquentation de certains spectacles tenus dans le cadre d’événements. Nous analyserons la fréquentation des spectacles payants présentés dans des événements à partir de deux des indicateurs que produit l’OCCQ : le nombre de représentations et le nombre de spectatrices et spectateurs, en prenant en compte la région administrative, le type de région, la discipline des spectacles et l’année de diffusion[28].
Évolution du nombre de représentations et du nombre de spectatrices et spectateurs
À l’échelle du Québec, le nombre de représentations payantes de spectacles en arts de la scène dans le cadre d’événements a connu une tendance à la hausse ces dernières années (figure 8). En effet, au cours de la période allant de 2004 à 2018, on constate un creux de 1 314 représentations en 2010, un sommet de 1 818 en 2015 et une moyenne annuelle de 1 538 représentations. Les résultats des quatre dernières années (2015, 2016, 2017, 2018) se situent d’ailleurs au-dessus de la moyenne.
En ce qui concerne le nombre de spectateurs maintenant, la tendance est à la baisse : à partir de 2011, ce nombre est inférieur à la moyenne annuelle pour cinq années sur huit (2011, 2012, 2015, 2016 et 2018), alors que, de 2004 à 2010, il se maintient la plupart du temps au-dessus de la moyenne (figure 9).
Le nombre de représentations et le nombre de spectateurs connait ainsi une tendance inverse. Cela amène à constater qu’un nombre élevé de spectateurs pour une année donnée n’est pas forcément attribuable à la tenue d’un plus grand nombre de représentations. Cette inadéquation est notamment liée au fait qu’il existe différents types de représentations et que la composition du « menu » des spectacles offerts au Québec n’est pas forcément équivalente d’une année à l’autre. En effet, certains spectacles sont prévus pour de très petits auditoires (par exemple, les spectacles organisés dans de petites salles ou dans des bars) et d’autres pour de très grands auditoires (notamment des spectacles d’artistes de renommée internationale tenus sur de grands sites en plein air). En ce sens, pour les années riches en spectacles d’envergure rassemblant des dizaines de milliers de personnes, le nombre global de spectateurs peut être élevé, sans que le nombre de représentations le soit également. Mentionnons également que la moitié des représentations payantes en arts de la scène tenues dans le cadre d’événements ont eu lieu devant moins de 300 spectateurs (50,9 %). La baisse du nombre de spectateurs transparaît ainsi dans la taille des auditoires aux représentations : le nombre de représentations avec 500 spectateurs ou plus baisse entre 2004 et 2018 (passant de 294 à 239 représentations), alors qu’une hausse est observée pour les représentations ayant entre 1 et 99 spectateurs (de 114 à 188 représentations) et celles avec 100 à 199 spectateurs (de 175 à 209 représentations).
Le nombre de représentations payantes tenues dans le cadre d’événements connaît ainsi une augmentation, principalement à partir de 2010, alors que la fréquentation est à son plus haut en 2004 et à son plus bas en 2018. L’analyse de celle-ci sera approfondie en explorant deux aspects de la fréquentation de représentations payantes s’inscrivant dans des événements : le type de région où elles ont lieu, et la discipline représentée.
Fréquentation selon le type de régions
Examinons la répartition du nombre global de spectateurs et de représentations sur le territoire du Québec. De 2004 à 2018, la majorité des représentations et de la fréquentation des spectacles en arts de la scène payants programmés dans des événements se situe dans les régions centrales[29]. C’est aussi le cas du nombre de spectateurs. Des variations apparaissent toutefois entre les types de régions. Dans les régions centrales, la tendance est à la baisse, le nombre se maintenant sous la moyenne annuelle (315 000 spectateurs) à partir de 2011, et ce, bien qu’il ait connu des sommets au cours des dernières années de la période analysée (2013, 2014, 2017) (figure 10).
La tendance est également à la baisse dans les régions périphériques et intermédiaires, le nombre de spectateurs se situant sous la moyenne à partir de 2012 (figure 11). De plus, l’écart par rapport à la fréquentation annuelle moyenne varie pour chaque type de région. Les régions intermédiaires connaissent en effet une fréquentation payante nettement inférieure à la moyenne annuelle depuis 2010, année où le nombre de spectateurs a atteint un niveau très élevé. Cette année a d’ailleurs été marquée par une importante assistance à certaines représentations tenues dans le cadre d’événements. Une tendance similaire, quoique moins prononcée, est constatée aussi dans les régions périphériques, où l’assistance est au-dessus de la moyenne de 2006 à 2009, pour ensuite demeurer légèrement supérieure ou inférieure à celle-ci dès 2010. Dans les régions éloignées toutefois, le nombre de spectateurs connaît une tendance à la hausse, avec une assistance se situant au-dessus de la moyenne en 2013, 2015, 2017 et 2018.
Ainsi, l’influence du territoire sur la fréquentation aux représentations payantes en arts de la scène dans le cadre d’événements renvoie certes aux caractéristiques propres aux différents territoires (taille de la population, activité touristique, infrastructures culturelles, etc.). Mais elle est également liée au contenu de la programmation des différents événements, des spectacles d’envergure tenus dans les régions non centrales pouvant entraîner une fluctuation importante du nombre de spectateurs. Des nuances apparaissent aussi lorsque l’on considère les disciplines des arts de la scène représentées.
Fréquentation selon la discipline des arts de la scène
Comme on peut s’y attendre, l’assistance globale des représentations payantes ayant lieu lors d’événements n’est pas distribuée également entre les diverses disciplines des arts de la scène (tableau 5). Sur l’ensemble de la période 2004-2018, trois disciplines regroupent la majorité des spectateurs : les variétés (37 %), la musique (31 %) et la chanson (19 %). La part des autres disciplines s’avère ainsi marginale, variant entre 1 % et 9 %.
La répartition de l’assistance globale entre les disciplines se fait différemment selon le type de région (tableau 5). En premier lieu, l’assistance se concentre, comme il a été dit, dans les régions centrales (82 % des spectateurs). Cela est vrai pour toutes les disciplines, à l’exception des arts de la parole, pour lesquelles les régions éloignées occupent une part plus importante. En second lieu, certaines disciplines se concentrent presque exclusivement dans les régions centrales, comme les variétés (99 % des spectateurs aux représentations payantes de variété sont enregistrés dans les régions de Montréal et de la Capitale-Nationale) et, dans une moindre mesure, le théâtre (89 %). En troisième lieu, pour la plupart des types de régions, une discipline en particulier détient une part importante de l’assistance globale : les variétés pour les régions centrales (44 % des spectateurs rassemblés dans des événements des régions centrales le sont pour des représentations de variétés), la musique pour les régions périphériques (62 %) et la chanson pour les régions éloignées (56 %). En quatrième lieu, l’assistance totale des représentations offertes dans les événements des régions intermédiaires se divise entre la chanson (43 % des spectateurs) et la musique (40 %).
Considérant l’évolution du nombre de spectateurs de 2004 à 2018, une baisse peut être observée pour toutes les disciplines, à l’exception des variétés (figure 12). Les trois disciplines qui connaissent la plus importante fréquentation (chanson, musique et variétés) ont une fréquentation similaire en 2004, mais évoluent différemment. La fréquentation de la chanson connaît une tendance à la baisse, en passant de 200 000 spectateurs en 2004 à environ 100 000 en 2018. Pour sa part, la fréquentation de la musique a connu une tendance à la hausse jusqu’en 2008, pour ensuite être en baisse jusqu’en 2018. De plus, le nombre de spectateurs aux spectacles de variétés est demeuré autour de 200 000, à l’exception de cinq années particulièrement élevées (2010, 2013, 2014, 2016, 2017). Ces années étaient marquées par plusieurs représentations de spectacles de grande envergure, comme Les mélodies du bonheur (2010), Sister Act (2014) et Footloose (2017).
L’analyse du nombre de spectateurs aux représentations payantes en arts de la scène ayant eu lieu dans des événements met ainsi en lumière quelques tendances. La fréquentation connaît en effet une évolution différente selon le territoire et la discipline des arts de la scène. Mais il demeure que le nombre global de spectateurs est à la baisse, contrairement au nombre de représentations.
⁂
Discussion sur la pertinence d’une mesure de la fréquentation des arts de la scène dans les événements au Québec et les obstacles rencontrés
Le présent article a proposé un portrait de l’offre et de la fréquentation des spectacles en arts de la scène tenus dans le cadre d’événements culturels. Certaines tendances se dessinent. Du côté de l’offre, des variations sont observables selon le territoire – notamment en fonction des régions administratives et des types de régions (centrales, périphériques, intermédiaires et éloignées) –, selon les domaines thématiques – « Événements », « Cuisine et alimentation », « Famille » ou « Sport et automobile » – et selon les disciplines des arts de la scène – chanson, musique, danse, théâtre, variétés ou arts de la parole. Soulignons également que les régions centrales, où la taille de la population, les infrastructures culturelles et l’activité touristique sont plus importantes, accueillent une grande proportion des événements représentant des disciplines en arts de la scène. Et de manière générale, le calendrier des événements suit le calendrier du tourisme, avec une offre plus importante dans la période estivale. Quant à la fréquentation, l’analyse de l’assistance aux représentations payantes en arts de la scène tenues dans le cadre d’événements permet d’identifier une augmentation globale du nombre de spectatrices et spectateurs, et cela malgré une baisse générale du nombre de représentations. Cette hausse est notamment présente dans les régions centrales et éloignées, alors que les régions périphériques et intermédiaires connaissent une baisse. Mentionnons aussi qu’une seule discipline connaît une augmentation générale du nombre de spectatrices et spectateurs : les variétés.
Il convient, en guise de conclusion, de considérer la portée et les limites de l’approfondissement de la connaissance des événements et, plus spécifiquement, de l’offre et de la fréquentation des spectacles en arts de la scène qui y sont présentés chaque année.
Pertinence
Deux enquêtes récurrentes menées par l’Observatoire de la culture et des communications du Québec permettent de mesurer certaines dimensions de l’offre et de la fréquentation des spectacles en arts de la scène programmés lors d’événements : l’Enquête sur la fréquentation des spectacles au Québec et l’Enquête sur les dépenses en culture des municipalités. Ces deux sources de données permettent, entre autres, de dresser un portrait de la fréquentation des représentations payantes programmées lors de ces événements et de la contribution financière des municipalités pour la tenue des événements culturels et à composante culturelle. Le portrait demeure toutefois partiel, puisque seule une partie de l’offre et de la fréquentation est documentée. Or, la grande présence des événements dans le paysage culturel québécois et international rend nécessaire d’approfondir la connaissance de ce phénomène. Un portrait exhaustif de l’offre et une mesure claire de la fréquentation des événements proposant des représentations en arts de la scène seraient en effet utiles aux pouvoirs publics, en plus d’informer le milieu de la culture.
Les pouvoirs publics – ministère, organisme provincial ou secteur d’intervention municipal – possèdent déjà certains renseignements sur l’achalandage et sur les retombées économiques des événements, comme c’est notamment le cas pour ceux soutenus par le ministère du Tourisme (2019b). Ils pourraient toutefois bénéficier d’une connaissance exhaustive de la représentation et de la fréquentation des arts de la scène dans le cadre d’événements. De manière générale, une telle connaissance les outillerait pour l’élaboration de politiques publiques et l’octroi de financement. D’autres bénéfices peuvent également être identifiés; nous en retiendrons trois. [1] Les événements contribuent à la démocratisation de l’accès à la culture en proposant des représentations de formes artistiques variées à un coût moindre et dans des lieux souvent plus accessibles qu’en saison (Fortin, 2015; Spinelli, 2018; Vauclare, 2009). Documenter la fréquentation contribuerait en ce sens à mieux intervenir dans le but de rendre compte de l’objectif gouvernemental d’« encourager les acteurs culturels, sociaux et municipaux dans leurs efforts pour stimuler et élargir la participation à une vie culturelle diversifiée et inclusive » (ministère de la Culture et des Communications, 2018, p. 18). [2] En deuxième lieu, les événements pouvant contribuer à favoriser le tourisme dans certaines régions ou municipalités (OCDE, 2009; Ronström, 2014), une connaissance plus approfondie de l’offre et de la fréquentation des arts de la scène dans le cadre d’événements alimenterait les interventions visant à développer leur capacité d’attraction. Cela contribuerait ainsi à l’objectif visant à « positionner la destination québécoise sur la scène nationale et internationale en favorisant le développement des festivals et événements touristiques » (ministère du Tourisme, 2019b). [3] Enfin, une telle connaissance pourrait informer davantage les instances publiques sur les retombées des événements. Les instances publiques pourraient ainsi mieux rendre compte de l’objectif de « stimuler l’économie des régions par l’augmentation du nombre de visiteurs et l’accroissement des recettes touristiques » (ministère du Tourisme, 2019b).
Une connaissance exhaustive de l’offre et de la fréquentation des arts de la scène lors d’événements pourrait également profiter aux acteurs du milieu de la culture. La pertinence d’une telle connaissance pour le milieu culturel se décline en deux formes. [1] En premier lieu, elle pourrait contribuer à identifier l’incidence qu’a l’offre de spectacles en arts de la scène dans les événements sur la fréquentation en saison, ainsi que les conséquences du recours à des modalités d’accès comme la gratuité ou le laissez-passer sur les représentations payantes – accessibles par l’achat d’un billet à usage unique. Actuellement, saisir dans toutes ses nuances la dynamique entre l’offre non payante proposée dans le cadre d’événements et l’offre payante programmée en saison ou hors saison s’avère difficile. Les acteurs du milieu de la culture pourraient ainsi mieux appréhender la dynamique de la scène culturelle en la saisissant plus finement. [2] Cette connaissance fournirait également un portrait exhaustif de l’offre et de la fréquentation des arts de la scène au Québec. L’offre et la fréquentation des arts de la scène dans la programmation régulière (en saison) sont certes bien documentées, de même qu’une partie des représentations proposées lors d’événements (les représentations payantes). Mais le portrait demeure partiel tant que des données sur l’offre et la fréquentation des événements ne sont pas collectées de manière systématique. Ce portrait pourrait notamment permettre aux diffuseurs, aux producteurs et aux associations culturelles de mieux connaître la scène culturelle dans laquelle ils évoluent et, du même coup, de plus aisément apprécier la vitalité des arts de la scène au Québec.
Obstacles et limites
Tenter de produire une connaissance plus approfondie de l’offre et de la fréquentation des arts de la scène dans le cadre d’événements comporte nombre d’obstacles, qui ont freiné et freinent encore la réalisation d’un tel projet. Deux principales familles d’obstacles seront énoncées : conceptuelles et méthodologiques.
Deux principales limites conceptuelles apparaissent rapidement lorsque l’on tâche d’enquêter sur les événements. [1] La première, qui est également la plus problématique, concerne la définition de l’événement, qui ne fait pas consensus dans le milieu de la recherche. Une constellation d’appellations sont en effet utilisées pour désigner différentes formes d’événement, sans que chaque terme ne désigne nécessairement des réalités distinctes. Par exemple, un festival country (Festival country-western de St-Gabriel) peut avoir plusieurs similitudes avec une fête familiale (Les Fêtes du lac William) ou avec une foire agricole (Grande Foire Québec). Le caractère équivoque de cette notion peut ainsi engendrer nombre de confusions tant lors de la collecte que lors de l’analyse des données. [2] Une seconde difficulté pourrait être liée à l’éventuelle nécessité ou volonté de distinguer différents types de représentations (à petit, moyen ou grand auditoire; payantes ou non payantes; à caractère musical ou non; présentant du contenu québécois ou non, etc.) et donc de forger des systèmes catégoriels et des critères permettant de trier les représentations. Établir une distinction entre représentations payantes et non payantes semble important pour une étude des événements qui viserait à répondre aux besoins des acteurs du milieu des arts de la scène. Il faudrait alors élaborer des définitions de « payant » et de « non payant » qui ne seraient pas basées sur des éléments circonstanciels liés à la capacité d’obtenir les données de fréquentation auprès d’établissements déclarants (comme dans le cas de l’Enquête sur la fréquentation des spectacles au Québec), mais sur des éléments qui témoignent véritablement de la présence ou non d’un accès gratuit pour les participants.
Toutefois, les obstacles les plus difficilement surmontables sont méthodologiques. Retenons-en quatre : trois concernent la fréquentation et un, l’offre. [1] Un premier obstacle méthodologique est lié à la complexité de la compilation de données associées aux modalités d’accès. La compilation de données sur l’accès aux représentations par un laissez-passer ou librement s’avère plus ardue que pour l’accès obtenu par achat d’un billet à usage unique. Par exemple, le nombre de laissez-passer vendus n’informe pas sur la fréquentation effective des différentes représentations tenues dans le cadre d’un événement, et cette limite est accentuée lorsque les spectacles sont libres d’accès. La méthode utilisée pour mesurer la fréquentation des représentations payantes – l’achat d’un billet à usage unique – ne peut dès lors pas être utilisée pour dénombrer la fréquentation lorsque l’accès se fait autrement. Une telle compilation requerrait alors de repenser la méthode de collecte. [2] Deuxièmement, la mesure de la fréquentation des spectacles accessibles par laissez-passer ou gratuitement devrait permettre de distinguer les entrées pour chaque représentation et pour chaque discipline, comme c’est actuellement le cas pour les représentations payantes accessibles par un billet à usage unique. Or, cette tâche s’avère complexe, notamment lorsque plusieurs représentations ont lieu simultanément sur un même lieu lors d’un même événement (par exemple, à Osheaga) et que les participants peuvent aller et venir d’une représentation à l’autre et donc assister à plusieurs spectacles qui ont lieu en même temps. [3] Ensuite, les événements sont habituellement organisés par des organismes sans but lucratif qui ont souvent peu de ressources humaines et financières (Audet et Saint-Pierre, 2015), limitant du même coup leur capacité à collecter des informations sur la fréquentation. [4] Le quatrième obstacle méthodologique touche la complexité de documenter l’éventail des événements tenus au Québec annuellement, notamment en raison de la petite taille de certains d’entre eux. Certains événements sont en effet tenus sur une période restreinte (comme la Fête nationale du Québec dans les différentes localités), d’autres dans des lieux éloignés (à l’image du Festival western de Saint-Bruno-de-Guigues), ce qui augmente les risques d’omettre un événement.
En ce sens, de nombreux obstacles doivent être surmontés pour que le projet de développer une connaissance exhaustive et systématique de l’offre et de la fréquentation des arts de la scène dans le cadre d’événements puisse être mis en oeuvre. L’état de la connaissance demeure ainsi partiel, même s’il est maintenant possible d’en dresser un portrait à grands traits. Cela dit, un intérêt grandissant pour les événements proposant des spectacles en arts de la scène peut être constaté, comme l’attestent les nombreuses publications d’ouvrages collectifs, de numéros thématiques de revues scientifiques ou d’articles scientifiques. La compréhension des événements se peaufine dès lors, et l’élaboration d’un portrait global couvrant l’entièreté du phénomène sur un territoire donné (ici, le Québec) constitue un horizon envisageable. La catégorisation des événements proposant des spectacles en art de la scène au Québec et la mesure de la fréquentation qui ont été ici esquissées constituent ainsi un pas dans cette direction.
Appendices
Notes biographiques
Louis-Simon Corriveau est chargé de projets à l’Observatoire de la culture et des communications de l’Institut de la statistique du Québec, en plus d’être candidat au doctorat en sociologie et chargé de cours à l’Université Laval. Ses recherches portent notamment sur les pratiques culturelles, le rapport à la culture et l’individualité contemporaine. Sa dernière publication aborde la question de la recension des écrits dans le cadre d’une recherche inductive : Corriveau, Louis-Simon (2018) « Entre les actes : investigation inductive des expressions et légitimations du goût pour le théâtre », Approches inductives, 5, 1 : 119-144.
Claude Fortier, détenteur d’une maîtrise en sociologie, est chargé de projets à l’Observatoire de la culture et des communications de l’Institut de la statistique du Québec. Ses recherches portent notamment sur la fréquentation des spectacles en arts de la scène, sur les entrées et les recettes des salles de cinéma et sur l’écoute et la vente d’enregistrement sonore. Chaque année, il publie des bulletins statistiques et des monographies analysant chacun de ces thèmes.
Notes
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[1]
Nous remercions chaleureusement Christine Routhier pour sa lecture attentive et ses commentaires judicieux. Nos sincères remerciements vont également à Dominique Jutras pour avoir insufflé l’élan initial pour la rédaction de cet article. Enfin, nous remercions les évaluateurs de l’article pour leurs commentaires précis et pertinents.
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[2]
Notre conception s’apparente à celle proposée par Mairesse, selon laquelle l’événement constitue la « forme d’un très grand nombre de projets » qui s’inscrivent « sur une temporalité très courte ». Suivant cette conception, l’événement désignerait alors « l’organisation d’une performance, d’un feu d’artifice, d’un lancement de produit, d’un débat ou d’un colloque, d’un prix littéraire ou d’une activité spéciale de médiation (visite guidée, animation, atelier) » (2016, p. 18). Cela dit, la conception de l’événement de Mairesse demeure moins inclusive que celle adoptée dans le présent article, puisqu’elle exclut notamment les festivals, les foires et les spectacles.
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[3]
Il demeure souvent risqué de définir un phénomène « à coup de slogans » (Weber, 2002, p. 168) ou de poser les grandes transformations comme des postulats, alors qu’« il s’agit de phénomènes qui, dans la mesure où l’on réussirait à en décrire précisément les modalités et à en délimiter les contours, seraient eux-mêmes à expliquer, plutôt qu’explicatifs des comportements » (Lahire, 2013, p. 29-30). La décision a toutefois été prise de s’en tenir au terme « festivalisation » puisque le processus en cause ne constitue pas le coeur ni le point de départ de l’analyse, mais permet plutôt de constater la présence des événements dans le paysage culturel et, du même coup, rend pertinent de s’intéresser au phénomène.
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[4]
Soulignons d’ailleurs que certains événements proposent également une programmation en salle. Cela amène à nuancer l’opposition entre une programmation en saison régulière dans laquelle les représentations se dérouleraient en salle uniquement et une programmation événementielle où les représentations se dérouleraient seulement dans des lieux qui ne sont pas habituellement consacrés à la culture.
-
[5]
À titre d’illustration, une analyse des retombées économiques des dix-sept membres du Regroupement des événements majeurs internationaux (RÉMI) du Québec effectuée en 2017 par la firme KPMG indique que ces événements ont attiré 5,9 millions de personnes, avec des dépenses de 483,5 M$ pour l’ensemble des visiteurs venus entre autres pour y participer (KPMG, 2018).
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[6]
La plupart des données présentées dans cette section proviennent d’un numéro du bulletin Optique culture, dont la publication est prévue à l’automne 2020.
- [7]
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[8]
http://www.evenementsattractions.quebec/accueil/repertoire/recherche-avancee.html
- [9]
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[10]
https://www.quebecoriginal.com/fr-ca/recherche/section/evenements/categorie/festivals-et-evenements
- [11]
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[12]
https://www.repertoiredesartistesquebecois.org/compagnie.asp?comp=8
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[13]
Une distinction pourrait être faite entre les événements reposant sur la participation active aux activités et les événements dans le cadre desquels les participantes et participants agissent davantage à titre de spectateurs, notamment pour les événements sportifs (De Granpré, Roult et LeBlanc, 2016). Dans le présent article, une telle distinction n’a pas été prise en compte, la classification visant principalement à identifier les événements proposant une ou des représentations en arts de la scène, qu’il s’agisse d’événements participatifs ou de type « spectacle ». D’autres distinctions auraient d’ailleurs également pu être prises en compte, comme la taille des événements (De Grandpré, Roult et LeBlanc, 2016), le créneau occupé et la diversité des contenus culturels proposés (Perron-Brault, De Grandpré, Legoux et Dantas, 2020) ou l’ancienneté ou nouveauté relative des événements (Boogaarts, 1992). La décision de préserver une classification simple a été motivée par le souhait de faciliter l’analyse, notamment en raison de la visée qui était la nôtre de peindre un portrait général, mais également en raison des limites du corpus. Nous convenons toutefois que cette classification pourrait être raffinée pour des analyses ultérieures.
-
[14]
Cette conception recoupe celle retenue dans l’Enquête sur les dépenses en culture des municipalités, menée par l’Observatoire. Un événement culturel renvoie à « une manifestation culturelle et artistique publique (festival ou autre) d’une durée déterminée, généralement organisée de manière récurrente (ex. : chaque année) et durant laquelle sont présentées des activités culturelles dans un but de promotion ou de diffusion d’une discipline, d’un genre ou d’une thématique en particulier » (Observatoire de la culture et des communications, 2019b). Pour sa part, un événement à composante culturelle désigne tout genre d’événement où des manifestations culturelles et artistiques sont mises en avant explicitement.
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[15]
Par exemple, dans les événements proposant des activités sportives (comme une course de régates ou un rodéo), seuls les spectacles en arts de la scène sont pris en compte, que ce soit un spectacle de chanson ou de variétés.
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[16]
Puisque certains événements peuvent être présents dans plus d’une région, comme les Journées de la culture ou Grand Montréal Comique, le nombre total pour l’ensemble des régions s’élève à 427 événements. Les proportions sont, quant à elles, calculées en fonction du nombre d’événements distincts (392), ce qui explique que la somme des proportions dépasse 100 %.
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[17]
Soulignons les divergences entre les types exposés ici et ceux proposés par Harvey et Fortin (1995). Premièrement, les appellations diffèrent pour deux des quatre types. Harvey et Fortin parlent en effet de régions centrales, de régions satellites (périphériques), de régions intermédiaires et de régions périphériques (éloignées). Deuxièmement, nos types sont basés principalement sur des critères géographiques à partir des deux pôles centraux (Capitale-Nationale et Montréal), alors qu’Harvey et Fortin ajoutent d’autres critères, comme la présence de ressources et d’infrastructures culturelles. Troisièmement, s’intéressant à la francophonie et ne limitant pas leur analyse au Québec, ces auteurs considèrent également Ottawa comme une région centrale, ce qui fait en sorte que la région de l’Outaouais s’inscrit en périphérie d’une région centrale. Or, malgré ces divergences, le regroupement des régions répond au même objectif de dresser de celles-ci un portrait relatif.
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[18]
Une telle délimitation territoriale connaît certaines limites. Une première a trait au risque de considérer les régions comme des touts dont les caractéristiques seraient homogènes. Or, les régions sont, de manière générale, hétérogènes. Qui plus est, des dynamiques infrarégionales existent, distinguant des zones centrales (par exemple, constituées par une ou plusieurs villes plus actives que d’autres en matière de culture), des zones périphériques et des zones éloignées en leur sein. Une seconde limite est le regroupement, au sein d’un même type, de régions aux caractéristiques diverses. C’est notamment le cas avec le type « Régions éloignées », qui regroupe des régions situées à relative proximité d’une zone centrale, comme le Bas-Saint-Laurent, et des régions très éloignées, comme le Nord-du-Québec. À quoi s’ajoute le cas de la région de l’Outaouais, avec la ville de Gatineau qui s’inscrit en périphérie d’Ottawa, une zone centrale ontarienne et canadienne. La comparaison entre types de régions a ainsi ses limites. Cela dit, elle permet d’une part de comparer des régions somme toute similaires, et d’autre part d’identifier certaines dynamiques globales.
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[19]
Le nombre total d’événements comptabilisés pour les types de régions s’élève à 427, alors que les proportions sont calculées selon le total d’événements distincts (392).
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[20]
Ces régions bénéficient en effet de plus de la moitié des revenus découlant de la location d’établissements hôteliers (61 %) et représentent plus de la moitié des locations d’unités d’hébergement (55 %) de l’ensemble du Québec (Institut de la statistique du Québec, 2019b).
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[21]
La majorité des événements proposent d’ailleurs des représentations d’une seule (73 %) ou de deux disciplines (20 %), alors qu’une faible proportion en proposent trois et plus (7 %).
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[22]
Des représentations de plusieurs disciplines peuvent être programmées dans le cadre d’un même événement, amenant le nombre total de disciplines à dépasser le nombre d’événements distincts recensés (392). Les proportions ont, quant à elles, été calculées en fonction du nombre total d’événements.
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[23]
Les proportions sont calculées en fonction du total pour chaque type de région : « Centrales » (128); « Périphériques » (112); « Intermédiaires » (72); « Éloignées » (86).
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[24]
Les proportions sont calculées à partir du total pour chaque discipline : « Cuisine et alimentation » (34); « Culture » (223); « Famille » (112); « Sport et automobile » (23).
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[25]
Les billets de faveur sont également comptabilisés dans cette enquête, de même que toute forme de vente de billet, en abonnement, aux guichets ou à l’intérieur d’un forfait (Fortier, 2019).
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[26]
Les disciplines et les genres couverts par l’enquête de l’Observatoire sont sensiblement les mêmes que celles retenues pour notre analyse des événements. Soulignons toutefois que, dans la mouture actuelle de l’enquête, les arts de la parole ne constituent pas une discipline spécifique. En effet, seul le conte est documenté dans la discipline « théâtre », alors que les récitals de poésie et le slam sont exclus. Cela dit, afin d’harmoniser les résultats de l’enquête avec la catégorisation des spectacles tenus dans le cadre d’événements développée ci haut, un traitement spécial a permis d’isoler les spectacles d’arts de la parole.
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[27]
Dans le cadre de cette enquête, les événements sont d’ailleurs nommés « festivals ».
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[28]
L’information relativement aux domaines thématiques des événements n’est pas disponible.
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[29]
Rappelons que les régions centrales réfèrent aux régions administratives de Montréal et de la Capitale-Nationale.
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