Comptes rendus

Sophie Imbeault, avec la collaboration de Stéphane Labbé, Une histoire de la télévision au Québec, Montréal, Fides, 2020, 532 p.[Record]

  • Andrée Fortin

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Un ouvrage sur la télévision, publié en pleine pandémie alors que tous et toutes sont rivés à leurs écrans, quel excellent timing ! Mais ce livre d’histoire et d’histoires survivra certainement au-delà de son année de lancement. Sa première caractéristique, qui saute aux yeux, est d’être abondamment illustré. On y trouve quelque 150 photos renvoyant à des émissions emblématiques, de la Boîte à surprises à Les Chefs ou à Like-moi en passant par le Bye bye, sans oublier Le temps d’une paix, Les filles de Caleb, ni les deux versions de Passe-Partout. Cela ne manquera pas de rappeler des souvenirs aux lecteurs, si tant est qu’ils aient un jour ou l’autre écouté l’une des quatre chaines généralistes ou d’autres comme Teletoon, Vrak, Séries +, voire les plateformes web comme Tout.tv ou le Club illico, où de nombreuses séries connaissent désormais une prédiffusion ou une rediffusion. La riche iconographie rappelle aussi le travail des techniciens, la publicité sur les appareils et les logos des quatre chaines généralistes. Cette histoire s’ouvre avec la préhistoire de la télévision au tout début des années 1950, avant même son entrée en ondes en 1952, et se rend jusqu’aux points de presse de 13h du premier ministre pendant le confinement du printemps 2020. Mais bien sûr, des périodes se distinguent clairement au sein de ces 70 ans, et une section est consacrée à chacune d’elles : 1- les débuts (1952-1965), 2- la Révolution tranquille (1966-1979), 3- le passe-temps préféré des Québécois (1980-1994) (« un âge d’or pour les téléspectateurs et les producteurs », (p. 214), 4- l’arrivée des chaines de nouvelles en continu (1995-2006), 5- la dématérialisation de l’écoute (2006-2020). De grandes balises au début des sections portant sur chaque époque posent bien les choses, en peu de pages, tant sur la « télévision comme objet » que sur l’industrie télévisuelle, et au fil des ans apparaissent non seulement de nouvelles chaines mais aussi et surtout de nouvelles technologies. Mais il y a plus, et l’ouvrage présente environ 450 émissions répertoriées par période (heureusement leur liste alphabétique se trouve en index) et selon cinq catégories. Il faut ici noter que l’autrice a fait des choix et ne parle pas de toutes les émissions, certaines étant seulement nommées dans des notes biographiques sur des « personnalités de la télévision » sans être répertoriées, d’autres étant carrément passées sous silence. Les catégories sont 1- émissions jeunesse, 2- téléromans et téléséries, comédies de situations ainsi que téléthéâtres puis webséries, 3- émissions sportives et culturelles, 4- variétés et jeux télévisés, 5- émissions d’information, d’affaires publiques et de services, sans oublier quelques capsules sur les publicités dont Imbeault rappelle les formules ayant fait époque. Elle présente aussi de nombreux portraits de « personnalités de la télévision », malheureusement non répertoriés en index : comédiens, animateurs, réalisateurs, chefs d’antenne, scénaristes et même météorologues. La présentation des émissions par période met en évidence plusieurs phénomènes intéressants, dont la disparition graduelle de trois types d’émissions des chaines généralistes : celles destinées à la jeunesse, les émissions sportives sur ces mêmes chaines (La Soirée du hockey a tout de même été diffusée par Radio-Canada pendant 52 ans), ainsi que les téléthéâtres. De plus, il y a de moins en moins d’émissions produites en direct, lesquelles constituaient « les trois quarts des émissions entre 1952 et 1957 » (p. 38) à une époque où la seule chaine était Radio-Canada, alors qu’au début des années 1960, le canal 10, ancêtre de TVA, diffusait encore en direct plus de 60 % de sa production (p. 46). Avec la diminution du direct, …