Comptes rendus

Annie Chaloux, Catherine Gauthier, Hugo Séguin et Philippe Simard, La crise climatique à l’aube d’un monde incertain, Montréal, Presses de l’Université du Québec, 2020, 153 p.[Record]

  • Louis Guay

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Dans ce livre relativement court mais dense, les auteurs font le tour des enjeux climatiques. L’analyse ne porte pas uniquement sur le Québec, mais situe celui-ci dans une perspective géographique et politique plus large pour montrer que la crise climatique se vit dans plusieurs parties du monde. Toutes les régions du monde ne sont évidemment pas représentées, mais les grandes régions émettrices de gaz à effet de serre (GES) le sont. Cela donne un portrait très pertinent pour les lecteurs et lectrices qui veulent s’informer sur les enjeux climatiques. L’ouvrage est, du point de vue de la mise en forme des informations recueillies et discutées, avec tableaux, encadrés et graphiques à l’appui, une réussite. On le lit avec un intérêt soutenu en y apprenant beaucoup. Les trois premiers chapitres sont divisés selon la manière dont le GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) structure ses rapports volumineux sur l’état des connaissances, ou sciences du climat, sur les impacts et l’adaptation et, enfin, sur les mesures prises et à prendre pour tenir en échec le réchauffement. Le chapitre sur les connaissances sur le climat et les changements climatiques doit beaucoup, il va sans dire, aux rapports du GIEC. Les auteurs se sont donné la peine de les consulter et d’en extraire des faits saillants. On ne peut demander à des spécialistes des sciences sociales de juger de manière critique ce qui ne relève pas de leur champ de compétence, mais, comme le GIEC suit un processus complexe, mais assez exhaustif, de révision des faits et des données récoltées, on peut se fier aux fruits de son travail. D’ailleurs, les rapports du GIEC sont la référence obligée en matière de changements climatiques. Certes, l’institution n’est pas sans critiques et le chapitre montre comment le GIEC a changé et a, en partie, répondu aux attentes exprimées par divers groupes sociaux, notamment en incluant des scientifiques du Sud. Les auteurs sont conscients de ces changements bienvenus. Ils passent, toutefois, un peu sous silence le rôle crucial qu’ont joué les organisations non gouvernementales dans la diffusion des connaissances mobilisées par le GIEC. De plus, le chapitre aborde les rapports entre science et politique, sans trop les approfondir, alors qu’ils ont fait l’objet de recherches en sociologie et science politique des sciences. Une fois les faits climatiques établis, susceptibles d’être revus et corrigés, les deux autres chapitres, toujours en suivant l’ordre d’exposition du GIEC, se penchent sur des questions peut-être encore plus difficiles, soit l’adaptation à un climat plus chaud, ses impacts et le maintien d’un climat propice à la vie en général et à la santé humaine. La modélisation numérique, dominante dans les sciences du climat, n’est pas ici d’un très grand secours. Les auteurs passent en revue les principaux impacts en faisant une bonne place aux impacts sur la santé humaine. Il est quasi impossible d’énumérer les effets des changements climatiques sur tous les écosystèmes, car ils sont très nombreux et variés. Les liens entre la biodiversité, une manière de concevoir les écosystèmes et les services qu’ils rendent, et les changements climatiques sont esquissés dans ce chapitre, trop brièvement cependant. Un des mérites du chapitre est de traiter des inégalités sociales et écologiques qui découlent des changements climatiques et de la perte de biodiversité. Le chapitre sur les politiques et les mesures de lutte contre les changements climatiques fait lui aussi un bon tour d’horizon. Les politiques canadiennes y sont examinées de manière critique et celles du Québec d’un peu plus près. Le chapitre propose aussi des portraits sur l’évolution des émissions dans les grands blocs économiques, comme les États-Unis, la Chine, l’Inde, …