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Est-ce un dictionnaire ? Ou un collectif d’états de la question ? Quelle que soit la perception que le lecteur en aura, l’ouvrage constitue néanmoins une parution fort intéressante. Deux cents entrées s’étalent, de l’Administration à la Violence scolaires. Autant de chercheurs présentent des articles basés sur leurs revues de la documentation. Les monographies respectent une structure similaire : genèse des concepts, perception et problématique actuelles, incidences et conclusions.

Les choix éditoriaux assurent une unité à l’ouvrage sous la direction d’Agnès van Zanten, membre de l’Observatoire sociologique du changement et auteur de quatre volumes à l’intersection d’Éducation et société. Il ne faut donc pas s’attendre à des précisions autres que sociologiques sur des thèmes majeurs tels Éducation, Apprentissage, Sciences de l’Éducation (la sociologie étant une discipline limitrophe et contributive à l’éducation… et non l’un de ses sous-domaines majeurs !) ainsi qu’à propos du sempiternel flou entre Pédagogie, Didactique et Curriculum.

L’Éducation y est donc définie dans la vision restreinte d’Émile Durkheim, sociologue et professeur français de pédagogie du XIXe siècle. La définition téléologique, bien que nettement insuffisante, hier comme aujourd’hui, est formulée ainsi : Socialisation méthodique des nouvelles générations. Et pour réduire davantage le spectre, on se focalise exclusivement sur la formation initiale, de ses débuts à la fin de l’enseignement secondaire.

Bien que l’on observe un effort de diversité internationale dans les brèves bibliographies de certains articles, la coloration de l’ouvrage est nettement française de France. La vaste majorité des références et des auteurs des monographies proviennent de l’Hexagone (plus des trois quarts…). La Suisse suit avec 10 % et la Belgique, avec 5 %. Pour ce qui est des auteurs québécois, on compte deux élus (Pierre Doray, sociologue de l’Université du Québec à Montréal, et Claude Lessard, administrateur et éducateur-chercheur de l’Université de Montréal). Leur excellente contribution occupe une place infime de moins de 1 % dans l’ensemble des auteurs, au même titre que l’Espagne, un peu plus que l’Italie, le Brésil, la Grèce et le Portugal, mais quatre fois moindre que les États-Unis et l’Angleterre réunis.

Reynal Sorel a colligé un index qui permet de circuler entre les différentes contributions. Les auteurs auraient dû lui signaler nombre d’autres thèmes importants que recèlent leurs articles. À ce titre, un index enrichi ainsi qu’une table des auteurs et des noms propres s’avéreraient très utiles.

En somme, ce Dictionnaire de l’éducation, différent des autres dans le fond et la forme, aurait pu s’intituler plus justement Sociologie de l’Éducation, états français de la question. Peu importe néammoins la lentille particulière adoptée, cet ouvrage comprend un grand nombre de synthèses de qualité. Sans aucun doute, un tel volume mérite d’occuper une place de choix dans

la bibliothèque de chaque éducateur, voisin d’autres dictionnaires, tous étant des outils complémentaires.

En souhaitant que nos cousins français manifesteront à l’avenir davantage d’ouverture et d’accueil envers les chercheurs, les auteurs et les ouvrages du Québec… L’ouvrage précité atteste une fois de plus que les travaux québécois, généralement plus inspirés de publications internationales, enrichiraient significativement les données de la Francophonie.