Article body

À partir d’entrevues avec trente-deux enseignants de collèges et lycées français, cet ouvrage rapporte des pratiques relatives à l’influence de la fiche de renseignements de l’élève sur sa note et aux arrangements concernant la note qui prennent place entre l’élève et l’enseignant. Le livre dévoile ensuite certaines modalités d’élaboration des sujets, d’harmonisation des résultats, de passation des oraux et de délibération des jurys au baccalauréat français.

La première partie de l’ouvrage présente la fiche de renseignements demandée à l’élève par l’enseignant comme un premier pas dans la fabrication de sa note. Même si le contenu de cette fiche varie, l’auteur fait état de son utilisation généralisée et du fait que nombre d’enseignants avouent subir l’influence des informations qu’elle contient. Par exemple, certaines grosses professions de parents peuvent rejaillir sur l’élève, auquel on prête des compétences semblables à celles de son brillant parent. Diplômé, ce dernier a en outre la capacité de juger les compétences de l’évaluateur. À l’opposé, le fait qu’un élève soit issu d’un milieu défavorisé présuppose peu de soutien familial et de potentielles difficultés scolaires.

La deuxième partie montre comment la notation dépasse l’application d’un barème. Le texte illustre l’influence des caractéristiques de l’élève sur sa note. Il décrit les arrangements visant à obtenir une moyenne de classe comparable à celle de ses collègues, les stratégies d’encouragement thérapeutique ou la fabrication d’une échelle de notes.

Dans la troisième partie, des résultats de recherches et des témoignages de correcteurs viennent étayer les propos de l’auteur au sujet de l’évaluation des épreuves écrites et orales du baccalauréat. Il en ressort des variations dans les interprétations et la difficulté des enseignants à accepter un barème puis à l’appliquer. Le texte met en évidence la complexité du processus de fabrication des notes du baccalauréat ainsi que les problèmes de justice associés à un enjeu très élevé pour l’élève.

Le mérite de cet ouvrage vient du fait que l’auteur écrit sur des sujets tabous, qui correspondent à la réalité des enseignants, mais sur lesquels nombre d’entre eux ne se questionnent pas. La fiche de renseignements est une pratique que les enseignants français utilisent, souvent sans s’interroger sur sa pertinence et encore moins sur l’influence qu’elle peut avoir sur leurs pratiques évaluatives. Les négociations à propos des notes font partie de la réalité de la classe, et la lecture des témoignages présentés devrait amener tout enseignant à une réflexion sur sa propre pratique.

Toutefois, le manque de rigueur dans la présentation des résultats de l’enquête menée par l’auteur nuit aux deux premières parties de ce livre. En effet, les résultats présentés ressemblent à des propos glanés au hasard sans que le lecteur puisse savoir dans quelle proportion ils ont été tenus ou s’ils ont été contredits par des propos contraires. De plus, l’auteur soulève de nombreuses questions en début d’ouvrage, mais ne leur fournit aucune piste de réponses.

En ce qui concerne le baccalauréat, il est dommage de constater que les recherches citées sont anciennes et probablement mal adaptées au contexte actuel, compte tenu des modifications récentes dans les procédures, qui sont pourtant abordées par l’auteur. Il aurait été intéressant de faire référence à des recherches internationales plus récentes portant sur l’accord entre les correcteurs.