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Le volume comprend des articles de seize chercheurs québécois en sociologie. Il fait partie d’une collection de travaux sur la jeunesse du monde. Mme Madeleine Gauthier de l’INRS a dirigé le livre et elle en signe le premier chapitre. Elle trace un bilan de l’ensemble des travaux sur le rapport des jeunes au travail depuis un demi-siècle, tout en résumant les orientations principales qu’elle développe plus largement dans les chapitres ultérieurs du volume.

Il faut souligner que, dans la série Regards sur la jeunesse du monde, Madeleine Gauthier, dans son premier chapitre, et Daniel Mercure, dans la conclusion, mentionnent de façon assez convaincante que ces études de la jeunesse permettent de mieux comprendre l’ensemble de la société. Notons surtout que les jeunes ne cherchent pas seulement une société de loisirs ; au contraire, ils travaillent de plus en plus en même temps qu’ils font leurs études. Soulignons que cette orientation est perçue comme une volonté de s’épanouir par le travail, et non comme un simple gagne-pain.

D’intérêt privilégié pour les lecteurs de cette revue, le rapport relativement moins important entre les études et la réussite dans le monde du travail est un thème souvent répété. Par exemple, dans le chapitre six, on apprend que les jeunes et l’industrie valorisent plus l’expérience et les qualités personnelles que le diplôme. Le chapitre huit intéressera les éducateurs parce qu’il présente une perception relativement nouvelle de la situation des décrocheurs du système scolaire avant l’obtention du diplôme. Ces jeunes ne sont pas nécessairement condamnés au chômage ou à des emplois précaires. Dans la majorité des cas rapportés, on remarque qu’ils ont obtenu une situation professionnelle stable et relativement satisfaisante.

Les emplois étant de plus en plus diversifiés et précaires, les transformations du monde du travail depuis trente ans sont identifiées comme l’axe qui amène un changement de comportement chez les jeunes ; ce qui leur permet ainsi de réussir leur insertion plutôt que de devenir des victimes. Aussi, plusieurs chapitres montrent à quel point la législation, qui s’est développée pour protéger les employés dans l’ancienne économie, n’est plus adéquate pour les protéger dans la nouvelle économie.

Toutefois, malgré une excellente série d’études, il faut souligner deux limites dans le volume. Premièrement, il y a la présence très marginale du phénomène démographique et de ses implications pour l’insertion professionnelle des jeunes. Il n’est pas complètement absent mais peu développé. Comme les très nombreux baby-boomers entrent dans l’âge de la retraite et qu’il y a peu de jeunes, le rapport entre l’offre et la demande sera bientôt radicalement différent. Dans ce même contexte, il faut s’attendre à ce que les employeurs se tournent de plus en plus vers les immigrants ou les ouvriers étrangers. C’est la deuxième limite. Le vacuum législatif, autour des nouvelles formes d’insertions, laisse craindre le pire. Les intérêts de la société seront mal défendus devant une importation massive d’étrangers et il faut protéger les jeunes citoyens et les étrangers des diverses formes de discrimination. La liberté dont jouissent les recruteurs d’entreprises invite à l’arbitraire.

Somme toute, le volume documente bien une évolution fondamentale dans la problématique et nous éclaire sur plusieurs enjeux au niveau de toute la société.